Source : Le Monde.fr – 27 mars 2017
L’acteur d’originaire cubaine, devenu populaire pour ses rôles dans des westerns spaghetti et des polars, s’est éteint à 84 ans.
Il fut un temps où les spectateurs le vénéraient pour ce qu’il était véritablement devenu sur les écrans poussiéreux des salles de quartier : une figure de héros populaire, un totem du « lumpenprolétariat » révolté, une pure force anarchisante, parfois nihiliste, celui auquel les déshérités de la terre pouvaient s’identifier, dans l’espoir ou la rage. Tomas Milian (de son vrai nom Tomas Rodrigez) est mort à Miami le 22 mars.
Il était né à La Havane le 3 mars 1933. Son père, un général de l’armée cubaine, se suicida sous ses yeux après avoir tenté de participer à un coup d’Etat. C’est en découvrant James Dean dans A l’Est d’Eden que serait née sa vocation d’acteur. Il s’installe à New York pour y suivre les cours de l’Actor’s Studio et monte sur les planches en 1958, puis est invité au festival de Spolete où il apparaît dans une pièce de Jean Cocteau. Il débute au cinéma dans les films précieux et littéraires d’un Mauro Bolognini (Les Garçons – d’après un scénario de Pasolini –, Le Bel Antonio) et des œuvres représentatives d’une forme de Nouvelle Vague italienne (Les Dauphins, de Francesco Maselli, Le Désordre, de Franco Brusati), ainsi que dans quelques productions plus lourdes (Mademoiselle de Maupin, de Bolognini, L’Extase et l’Agonie, de Carol Reed).
C’est peut-être en 1966 que tout commence vraiment, avec le western de Sergio Sollima, Colorado. Il y incarne Cuchillo, peon mexicain soupçonné à tort de meurtre et de viol, traqué par un chasseur de prime incarné par Lee Van Cleef. Il y fait une composition extraordinaire. Se roulant dans la boue, grimaçant, implorant, fuyant perpétuellement les cavaliers surarmés lancés à ses trousses, il est l’homme du peuple qui échappe à tout pour porter l’espoir d’un bouleversement social. Il devient une magnifique figure carnavalesque en reprenant ce type de rôles dans des films où la révolution mexicaine sert de métaphore anti-impérialiste dans un cinéma transalpin populaire attaché à dissimuler, derrière les postures du divertissement, toutes sortes de considérations politiques, tels Le Dernier Face à face et Saludos Hombre, toujours de Sergio Sollima, Compañeros, de Sergio Corbucci, Tepepa, de Giulio Petroni, où son rôle de leader révolutionnaire est soudain plus ambigu.
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Jean-François Rauger
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