Source : La Rep.fr - 04 mars 2017
«C’est une fête de monter Feydeau, comme un petit grain de poivre excitant», confie Christophe Lidon qui présente, à partir de ce soir au CADO-Théâtre d’Orléans, sa nouvelle mise en scène. Comment se débarrasser d'une maîtresse lorsqu'on prévoit de se marier le jour même avec une riche héritière ? S'entourant d'une troupe de comédiens fidèles (Sarah Biasini, Catherine Jacob, Dominique Pinon, Bernard Malaka ) et d'Yvan Le Bolloc'h, Christophe Lidon crée, à partir d'aujourd'hui au Théâtre, «Un fil à la patte».
Pour votre nouvelle création, vous avez choisi de monter une pièce de Feydeau, un auteur que vous n'aviez encore jamais mis en scène. Pourquoi ?
Je crois que Feydeau me faisait peur. Peut-être parce que cette mécanique qui fait passer les rires avant le fond ne correspondait pas à mon théâtre, plutôt un théâtre d'émotion. En même temps, il y a quelque chose de formidable avec Feydeau, c'est le travail du corps. Et pour moi qui ai travaillé pour l'opéra, le cirque
le corps de l'acteur comme source d'inspiration, ça me tentait.
Pourquoi «Un fil à la patte» ?
C'est la majeure ! La référence chez Feydeau. J'avais le souvenir de la mise en scène de Charon à la Comédie Française mais j'étais certain que cette pièce avait quelque chose de plus débridée et d'inattendue. Et puis j'aime bien l'idée que ça parle du monde du spectacle
Quelle est l'histoire en quelques mots ?
Elle est toute simple. C'est une histoire de passion entre Lucette Gautier, meneuse de revue à la mode, et Fernand Bois d'Enghien. Celui-ci, arrivant en «fin de fraîcheur», a besoin d'épouser une jeune héritière. Un projet qu'il va cacher à sa maîtresse jusqu'au jour même des fiançailles. Mais quand Lucette l'apprend, elle va passer un temps fou à lui pourrir la vie. Et sa vengeance sera à la hauteur du secret. Bois d'Enghien a vraiment mis beaucoup de temps à lui dire
C'est très lâche
Mais pour moi, tout ça est fait par amour.
Pourquoi avoir choisi de transposer la pièce dans les années 40 ?
En 1946, très précisément, année de l'avènement du new-look de Dior, de l'arrivée du jazz. C'est le moment où le divertissement a traversé l'Atlantique. J'aimais cette idée que Lucette puisse faire une deuxième partie de carrière à New York. Et j'avais alors l'avantage de pouvoir imbiber le spectacle de jazz.
Pour cette pièce, vous avez réuni autour de vous une troupe d'acteurs fidèles.
Tout à fait. J'ai arrêté de faire pleurer Sarah (Biasini) pour l'emmener dans un autre univers où est elle est très convaincante. Elle est fraîche, solaire, "pétulante". C'est chouette de la voir en meneuse de revue et folle amoureuse. Quant à Catherine Jacob qui n'avait jamais joué de Feydeau, elle fait de la baronne un rôle majeur. Elle va très loin dans la proposition, il se passe vraiment un truc. Le public va également retrouver Dominique Pinon qui interprète un Bouzin loin de la proposition de Robert Hirsch
Et pour incarner Bois d'Enghien, vous avez choisi Yvan Le Bolloc'h. Pourquoi ?
Quand je lui ai proposé le rôle, il m'a demandé pourquoi je l'avais choisi. Je lui ai répondu : «Parce que tu seras surprenant. Tu vas apporter la pertinence, et non la référence.» Yvan a une réelle séduction, moderne, différente de celle du théâtre de Feydeau. Et pour que l'histoire entre Lucette et Bois d'Enghien tienne, il fallait qu'il se passe quelque chose de physique. J'ai du mal à croire, avec les dernières propositions faites au théâtre, que Lucette était folle de lui
Yvan est un beau gosse, patiné, un vieux jeune premier avec beaucoup de second degré. De plus, comme il est musicien, il a la notion du rythme. Et je veux que ça swingue !
Quelle est l'ambiance entre tous les comédiens ?
Il y a un très bel esprit de troupe. C'est très harmonieux.
Vous avez déjà rôdé votre pièce devant un public. Quelles ont été les premières réactions ?
Ces séances de rodage nous ont permis quelques réglages. Quand on répète pendant deux mois, on rigole beaucoup les premières minutes et après, on se fait des nœuds à la tête. C'est très compliqué à mettre en scène, de sentir que ça marche. On sait que le texte est infaillible, que certaines répliques font mouche mais reste à savoir si elles vont retrouver leur rythme ? Il ne faut pas décevoir et être à la hauteur de cette mécanique. Tout doit être grand.
Dans quel état d'esprit êtes-vous avant de jouer à Orléans ?
Dans notre énergie. La première, c'est le 4 mars au Théâtre. La pression monte petit à petit. Parce qu'on arrive devant un public que l'on connaît et aussi parce qu'il y a un enjeu. J'ai envie que ma version de Feydeau soit reconnue comme une possibilité.
En tant que directeur également, il faut que la création soit à la hauteur de la salle Touchard qui contient plus de 900 places. Catherine Frot et Michel Fau m'ont confié qu'ils avaient eu une sensation très particulière de jouer devant autant de personnes. Pour «Un fil à la patte», les neuf comédiens savent que ça se joue à 200 à l'heure.
Pratique :
Du 4 au 18 mars, au Théâtre.
Samedis 4, 11 et 18 mars, mardi 14 mars, jeudi 16 et vendredi 17 mars à 20 h 30. Samedis 11 et 18 mars, à 17 heures. Dimanches 5 et 12 mars, à 15 heures. Mercredis 8 et 15 mars, à 19 heures.
Tarif : 39 (TR : 35 , 12 ).
Tél. 02.38.54.29.29.
Julie Poulet-Sevestre
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