Source : Ouest France - 30 septembre 2014
Isabelle Nanty fait partie de notre patrimoine cinématographique, souvent pour nous faire rire. Vous en doutez? L'avez-vous oubliée en jeunette dans le premier "Visiteurs", en Georgette enrhumée du bureau de tabac d' "Amélie Poulain", en butte à la méchanceté de "Tatie Danielle", en bonne soeur dans "Fais pas ci, fais pas ça" ou en enseignante d'anglais déjantée des "Profs" ?
Dans le téléfilm "Couleur locale", on est donc surpris de la retrouver en femme dure, insensible aux problèmes de sa fille, chef d'entreprise débordée, élue locale de Vaison-la-Romaine obnubilée par la vidéo-surveillance et les immigrés.
Pourtant, quand cette grand-mère se retrouve confrontée à son petit-fils métis de douze ans, la carapace craque. «Comme souvent dans ces cas-là, explique la comédienne, la dureté cache, en arrière-plan, une douleur».
La tragédie prend un oeil rieur. La grand-mère et le petit-fils (l'étonnant Valentin Bellegarde-Chappe) s'apprivoisent et apprennent à se comprendre. La peur de l'autre cède la place au désir de rattraper le temps gâché, puis de construire un avenir partageur et solidaire.
L'habit fait le moine
De bons sentiments et des ficelles parfois un peu grosses sont le lot de ces téléfilms français tournés à 200km/h, en 21 jours chrono. La réalisatrice Coline Serreau ("Trois hommes et un couffin") ne s'en plaint pas. «Je n'ai pas de frustration. Bien sûr, souvent pour la télé, il faudrait un peu plus de temps. Mais, au cinéma, on en perd aussi beaucoup. On ajoute deux axes de plus au tournage et on finit par les couper au montage !»
C'est aussi plus facile quand on a Isabelle Nanty, habituée à plonger sans états d'âme dans ses rôles. «Je ne suis pas là pour avoir une vision. C'est le travail des scénaristes, de la réalisatrice. Je me laisse faire. Je mets le costume, je me regarde et je me dis 'Ah, c'est ça, ok.' J'aime bien quand l'habit fait le moine.»
France 3 a accepté facilement ce scénario qui étrille l'intolérance et le racisme ordinaire ?
«Oui. Il n'y a aucun mépris, reprend la réalisatrice. Certains personnages font fausse route mais il y a de la dérision et de l'épaisseur humaine. On ne fait pas de prosélytisme».
Depuis, Isabelle Nanty, comme à son habitude, est repartie sur un projet de théâtre (avec l'humoriste Virginie Hocq). Coline Serreau, elle, veut réaliser une série télé. «C'est le moyen de retrouver la formule romanesque du XIXe siècle».
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