Source : Le Monde.fr - 18 mars 2014
Sous un titre, qu'on qualifiera de tendre, se cache le soixante-douzième long-métrage du rutilant Jean-Pierre Mocky. Franc-tireur du cinéma français, il a tourné pas moins de trois films l'année dernière. Sa prolixité, rendue possible grâce à son indépendance, fascine autant qu'elle laisse circonspect.
Ce, particulièrement au vu de son dernier opus, une fable morale grinçante, sur fond de crise économique et de lutte des classes. Elle met en scène Lionel (Frédéric Diefenthal), un salarié criblé de dettes qui s'apprête à accueillir son premier enfant. Acculé, il kidnappe le nourrisson d'un couple de voisins nantis, contre une demande de rançon. Mais le plan tourne assez rapidement au fiasco.
Production fauchée comme la majorité des films de Mocky, Dors mon lapin se veut un symptôme de crise. Il y est question de l'endettement des jeunes couples mais aussi de la violence du monde de l'entreprise. Mocky épingle le racisme ordinaire, la misogynie et une fois de plus, la corruption des puissants de ce monde. Le tout avec son penchant habituel pour la mascarade et la théâtralité.
Un film moqueur et grinçant
On ne compte pas les énormités qui ponctuent cette histoire rocambolesque d'enlèvement, pas plus qu'on ne glosera sur le comportement aberrant du personnage principal qui laisse un bébé seul et sans surveillance plusieurs heures durant, quand il ne le transporte pas sur la banquette arrière de son véhicule, sans même l'attacher.
Moqueur et grimaçant, comme le flic interprété par Richard Bohringer, le film déploie sa rhétorique aigre sur le monde contemporain. Le petit théâtre débraillé de Jean-Pierre Mocky n'en finit pas de s'ajuster aux nombreuses tares de ce dernier.
La bande-annonce :
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