Nina Companeez poursuit cette semaine le tournage de son téléfilm Le Général du roi, une adaptation du roman de Daphné du Maurier. Épopée romanesque sur fond de guerre de Vendée.
Entretien
Comment en êtes-vous venue à adapter ce roman ?
Une amie de longue date m'a parlé du livre alors que je travaillais sur L'Allée du Roy, il y a 18 ans. Elle m'a dit « c'est un livre pour toi ». Je l'ai lu depuis à plusieurs reprises. Lorsque j'ai réalisé A la recherche du temps perdu, il y a deux ans, je n'imaginais pas ce que je pouvais faire après Proust. Je considérais cela comme l'apogée de ma vie. Puis j'ai repensé à ce livre, du romanesque pur, narrant une histoire d'amour atypique dans un contexte de guerre et de tourments. Qui me renvoie à mon histoire personnelle.
Ce livre a-t-il été pour vous une source d'inspiration ?
J'ai retrouvé dans le roman beaucoup de thèmes que j'ai traités dans d'autres séries, des femmes qui attendent des nouvelles pendant la guerre, l'enfant caché que j'étais moi-même, petite fille juive russe... Beaucoup de thèmes qui sont mes obsessions... Je ne pourrai pas réaliser de documentaires sur la guerre. Dans mes films, ce que je décris, c'est la chaleur humaine dans la tragédie.
Pourquoi avoir choisi de tourner en Vendée ?
Le roman aborde la guerre civile en Angleterre qui a opposé la royauté et la République, Charles 1er et Cromwell.
La guerre de Vendée reprend les mêmes oppositions avec une corrélation religieuse plus forte, ce qui me plaisait. Elle est une ombre sur la Révolution française.
Vous connaissez bien ce pan de l'histoire...
J'ai beaucoup lu sur la guerre de Vendée. De nombreuses causes en ont été à l'origine. En premier lieu, la révolte des paysans pour une question religieuse et d'attachement au terroir. Une violence s'est manifestée de la part des Blancs. La République s'est réveillée, sa réaction a été disproportionnée avec les Colonnes infernales, la Terreur... Une période de grande violence. La guerre de Vendée ressemble beaucoup à ce qui se passe autour de nous, comme en Syrie. La guerre civile est quelque chose d'assez mystérieux, une folie meurtrière qui s'empare des êtres.
Quelle perception avez-vous de ce département ?
La Vendée est très fidèle à sa mémoire et les gens très attachés à leur terre. Cette région a de la personnalité. L'esprit du bénévolat y est notamment très répandu. J'ai eu un coup de coeur pour la Chabotterie, le premier site que j'ai vu, dont la reconstitution a été faite d'une façon superbe.
Je regrette cependant de n'avoir pu filmer le site sous son plus beau jour à cause des conditions climatiques. Je suis également allée au mémorial des Lucs-sur-Boulogne. Ma mère était russe et admirait Alexandre Soljenitsyne. J'ai vu sa photo, lu ce qu'il a dit lors de sa venue.
Cela me rapproche un peu plus de la Vendée. Nous sommes venus à quatre reprises, l'accueil a été extraordinaire.
Marie-Noëlle PERIDY
Recueilli par Ouest-France
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