Source : TéléMoustique.be - 07 septembre 2010
"Un jour, un destin" dresse le délicat portrait
d'une icône complexe et tourmentée
Lors de chaque tournage de ses films, il y avait des jours comme ça où Romy Schneider, rongée par l'angoisse, refusait d'apparaître sur le plateau. "D'un seul coup, elle était incapable de sortir de sa loge. On lui apportait des bouquets de roses, des bouteilles de champagne. Les techniciens et les acteurs venaient lui parler pour la convaincre de venir tourner, se souvient Ariel Zeitoun, le producteur de "La banquière" (1980). Avec Romy, il y avait toujours un problème. C'était une femme compliquée."
Ni son césar, reçu en 1976 pour son rôle dans "L'important c'est d'aimer", ni l'adulation que lui ont vouée d'aussi grands réalisateurs que Luchino Visconti, Claude Sautet ou Jacques Deray, n'ont suffi à la rassurer. Et surtout pas le succès de "Sissi". Rosemarie Albach-Retty - son vrai nom - n'avait que 16 ans quand sa mère, l'actrice allemande Magda Schneider, la propulsa dans le rôle de cette duchesse de Bavière qui avait tant fait rêver les jeunes filles.
Etouffée par son personnage, Romy a fini par haïr "Sissi" au point de refuser de tourner le quatrième volet de la série. Et de s'envoler pour la France en 1958. A Paris l'attendent le réalisateur Pierre Gaspard Huit, qui lui confie le rôle de "Christine", et un jeune acteur encore inconnu: Alain Delon. Le grand amour de Romy Schneider est aussi le grand absent de ce documentaire. "J'aurais beaucoup aimé l'interviewer, mais il n'a pas accepté", regrette Laurent Delahousse.
Pour cerner au mieux la vraie Schneider, l'équipe de Un jour, un destin s'est rendue à Berchtesgaden, village allemand où l'actrice a grandi sous la coupe d'une mère proche du régime nazi. Autre volet de sa vie: sa relation fusionnelle avec son fils, David, né de son mariage avec Harry Meyen et décédé tragiquement à l'âge de 15 ans. Lorsque Romy Schneider apprend que son fils n'a pas survécu à ses blessures, "il n'y a pas eu d'éclats de voix, il n'y a pas eu d'hystérie, il n'y a pas eu d'effondrement physique, se souvient Thierry Montariol, le chirurgien qui a opéré le jeune garçon. Il y a simplement eu l'impression que ce n'était pas elle qui s'écroulait. C'est le monde qui s'écroulait autour d'elle." Romy a survécu grâce à un film, "La passante du Sans-Souci", dont on découvre les coulisses.
Reconstituée à la manière d'un puzzle, l'histoire de la femme et de la star se heurte au silence de sa fille, Sarah Biasini, et aux secrets emportés par Marlene Dietrich, sa seule confidente. C'est sûr, faire expliquer Schneider par Delon aurait été bien pratique. Peut-être trop.
Solenne Marion
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