César du meilleur documentaire, "L’Enfer" sort en DVD. Le récit d’un tournage maudit, entré dans la légende.
En 1964, Henri-Georges Clouzot lance la production de L’Enfer, un long-métrage visuellement révolutionnaire pour une histoire toute simple : celle de Marcel (Serge Reggiani), un aubergiste du Cantal, jaloux maladif de sa femme Odette (Romy Schneider, plus sensuelle que jamais).
Outre ses deux stars, l’auteur de classiques du cinéma français comme "Les Diaboliques" et "Le Salaire de la peur", a réuni les meilleurs techniciens de l’époque qu’il embarque dans une interminable série d’essais avant d’entamer le véritable tournage.
Chaleur accablante, organisation hasardeuse, Reggiani malade, Trintignant appelé à la rescousse… L’aventure s’arrête au bout de trois semaines lorsque le cinéaste est victime d’un infarctus. Si Chabrol tournera sa version du scénario de Clouzot en 1994 avec François Cluzet et Emmanuelle Béart, les "rushes" mystérieux de "L’Enfer" n’ont jamais cessé de faire fantasmer le cinéma français.
Serge Bromberg et Ruxandra Medrea sont parvenus à les exhumer pour signer un documentaire troublant sur les affres de la création.
Si la réinterprétation de certaines scènes par Jacques Gamblin et Bérénice Béjo est anecdotique, les témoignages de "survivants" du plateau comme Bernard Stora ou Costa-Gavras nous font toucher du doigt l’ambition d’un génie qui tenta, au péril de sa santé physique et mentale, d’injecter au Septième art sa passion pour des formes d’art plus abstraites et stimulantes. Magique.
Jérôme Vermelin
Commentaires