Source : Le Petit Journal.com - 04 février 2010
Jusqu’au 14 mars 2010, le Martin-Gropius Bau (Berlin) propose une rétrospective de l’œuvre de F.C. Gundlach. L’occasion de découvrir les clichés de celui qui s’est imposé comme le plus grand photographe de mode de l’Allemagne d’après-guerre.
Derrière son objectif, F.C. Gundlach en a vu défiler, des femmes. Photographe de mode, il a été aux premières loges pour assister à leurs métamorphoses vestimentaires, qui sont autant de bouleversements dans les mentalités de l’Allemagne d’après-guerre. Le Martin-Gropius Bau le met à l’honneur jusqu’au 14 mars avec une rétrospective de son œuvre. Si F.C. Gundlach, qui aura 84 ans cette année reste peu connu en France, son travail a néanmoins marqué la presse féminine allemande : à son actif, on ne recense pas moins de 180 couvertures du célèbre magazine Brigitte.
Du noir et blanc au technicolor
L’exposition “Das photographische Werk“ présente 350 photos, révélant toutes les étapes esthétiques du travail de F.C. Gundlach. Collaborant dès les années 1950 à des magazines comme Film und Frau, le photographe a la délicate mission de représenter ses modèles dans les rues de Berlin-Ouest. Face au luxe de Paris, capitale de la mode, il décide de sélectionner les lieux montrant la ville allemande sous son meilleur jour. Sur ses clichés, on découvre alors des mannequins, prenant un avion à Tempelhof, ou se promenant près de la Colonne de la Victoire. À cette époque, ces femmes portent des jupes s’arrêtant à 40 centimètres du sol, dans le style New Look initié par Christian Dior.
Changement d’allure, changement de mentalité en RFA : dans les années 60, tandis que déferlent les mini-robes Courrège et les couleurs vives de Missoni, F.C. Gundlach abandonne le noir et blanc, et devient expert en pop art. Une décennie plus tard, le flower power fait son entrée et le photographe n’hésite pas à faire poser des jeunes filles en fleur sur fond de pâquerettes ou autres coquelicots. Enfin, on assiste, à travers le prisme de son appareil photo, à l’avènement de la working-girl indépendante, prête à prendre la voiture pour partir en route vers de nouvelles aventures.
Mode, voyages et cinéma
Pour autant, rien ne nous autorise à dire que le seul rayon de F.C. Gundlach est celui des vêtements. L’objet qu’il a su saisir, sur sa pellicule argentique, est bien plus large : c’est celui de l’air du temps. “On ne peut photographier la mode qu’en vivant dans le présent“, expliquait-il récemment à un journaliste d’Arte. Grand voyageur, il a rapporté de ses escapades des centaines de clichés : grâce à lui, on explore Hong-Kong ou la Perse des années 1960. Parfois, des visages familiers surgissent, rompant avec l’anonymat des mannequins. L’un des points communs de Cary Grant, de Romy Schneider ou encore du couple Simone Signoret et Yves Montant ? Avoir été immortalisés par Gunlach. Le photographe, au fil de ses déplacements en Allemagne de l’Ouest ou en France, a aimé hanter les plateaux de tournage ou capturer à jamais l’effervescence de certains festivals, comme la Berlinale.
Si cette rétrospective du Martin-Gropius Bau est une réussite, c’est certainement parce qu’elle montre toutes les facettes de l’œuvre de cet homme : F.C. Gundlach est un photographe de mode, certes, mais c’est avant tout un grand photographe.
Sophie de Chivré
Pratique
«F.C. Gundlach, Das fotographische Werk»
jusqu’au 14 mars 2010 au Martin-Gropius Bau - Niederkirchnerstrasse 7, 10963 Berlin
Ouvert du mercredi au lundi, de 10h à 20h.
Entrée gratuite jusqu’à 16 ans - Plein tarif 8 euros
www.gropiusbau.de
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