Berlin : le mythe Romy à la Cinémathèque
Romy Schneider a laissé une superbe empreinte dans l'histoire du cinéma européen. Mais vingt-sept ans après sa disparition, tout n'a pas encore été dit sur l'actrice notamment en Allemagne où elle était surtout connue pour son interprétation de Sissi à ses débuts. Berlin part aujourd'hui à sa redécouverte : jusqu'en mai, la Cinémathèque lui consacre une vaste exposition qui retrace les cinq grandes périodes de la carrière de Romy Schneider à Vienne, Berlin et Paris. Trois capitales européennes marquées par l'éclosion cinématographique de la magnifique icône franco-allemande. Visite guidée de l'exposition berlinoise par Marco Stahlhut.
Un visage fascinant, une séductrice, une grande actrice - tous les regards et les gestes de Romy Schneider sont gravés depuis longtemps dans la conscience collective de ceux qui aiment le cinéma. Mais en Allemagne, le culte de Romy vient de prendre un nouveau tournant. "Contrairement à de nombreuses stars pop, Romy Schneider a quelque chose de classique parce que les nouvelles générations continuent à l'admirer", explique Daniela Sannwald, commissaire de l'exposition. "Il y a des jeunes femmes qui la vénèrent, des jeunes actrices qui la vénèrent et qui transmettent leur passion à leurs fans... Et Sissi continue évidemment à faire rêver les petites filles."
Romy Schneider à nouveau sous les feux des projecteurs... Les organisateurs de l'exposition ont réussi à dénicher quelques photos encore inconnues, ainsi que des écrits privés. Ils font en outre la part belle à une période méconnue de la vie de Romy Schneider : ses tournages dans les années 1960 avec de grands noms comme Woody Allen ou Orson Welles. "C'est une période où Romy Schneider s'est essayée à d'autres genres, à d'autres types de rôle. Elle a joué dans des films chics et cools - surtout des films français et américains. Elle s'est frottée à des comédies comme à des thrillers et il en est sorti des choses extraordinaires", précise Daniela Sannwald.
Un côté sombre
Son travail dans les années 1960 étant méconnu outre-Rhin, il n'y avait jusqu'à présent que deux images de Romy Schneider en Allemagne, aux antipodes l'une de l'autre : d'une part, la jeune héroïne de "Sissi" dans les années 1950 (série qui a donné naissance à de nombreux produits dérivés) et d'autre part, la femme adulte incarnant des personnages complexes dans des films français des années 1970. Daniela Sannwald évoque l'image de l'actrice en Allemagne : "On a l'impression qu'elle est passée sans transition des années 1950 aux années 1970, de la jeune fille naïve et effrontée à la Française libérée sexuellement, voire un peu agressive. Entre les deux, il y a eu évidemment une foule de choses, mais c'est passé inaperçu."
Mais Romy Schneider a aussi un côté sombre, ce qui l'a incitée vers la fin de sa carrière à se tourner vers des rôles de victimes. Dans sa vie privée aussi, tout n'est que tragédie et autodestruction. C'est ce qui fait également partie de son charme, le plus troublant. Un charme qui continue à agir aujourd'hui. Et Daniela Sannwald de conclure : "Sites Web, forums de fans, bourses d'échange, ventes aux enchères - tout cela nous montre que le mythe Romy Schneider est toujours vivant et qu'il ne s'éteindra jamais."
L'exposition "Romy Schneider. Wien – Berlin – Paris" jusqu'au 30 mai, à la Cinémathèque de Berlin.
Le site de la Cinémathèque de Berlin
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