Source : Les trois coups.com - 20 décembre 2009
NDLR : Même si je ne suis pas d'accord avec cette critique, il en faut pour tous les goûts...
Au Ciné 13 Théâtre à Montmartre, qui est sans doute le plus confortable de la capitale, Salomé Lelouch propose la pièce « Qu’est-ce qu’on attend ? », qu’elle écrit et met en scène pour d’excellents comédiens. Malheureusement, le fait de s’entourer de talents ne parvient pas à cacher l’absence du sien…
La pièce nous plonge au cœur d’une situation de crise familiale : le père peintre, diminué, est placé en maison de retraite. Ses trois enfants, deux sœurs et un frère, se retrouvent quelques jours durant dans la maison de famille pour faire l’inventaire des toiles et préparer l’héritage. Mais tous trois ont suivi des chemins bien distincts, et leurs retrouvailles provoquent quelques étincelles, auxquelles s’ajoutent des révélations importantes et inattendues sur leur passé familial…
Une mélancolie sirupeuse
La scénographie déçoit terriblement dès l’ouverture du rideau. Il s’agit d’un décor «en dur», comme les comédies de boulevard savent si bien le faire, représentant l’intérieur à peu près réaliste de la maison d’un peintre ne roulant pas sur l’or. C’est terne et non créatif : première déception. En outre, le texte et la mise en scène se placent tout à fait dans cet esprit. L’histoire, qui commence dans une banalité sidérante, se poursuit dans des rebondissements abracadabrantesques pour s’achever dans un ridicule consommé. Tout cela n’est ni intéressant ni crédible, et on trouve le temps long devant ces affaires de famille mollement défendues, dans une mise en scène statique et presque inexistante.
«Qu’est-ce qu’on attend ?»
Alors que le rythme faisait déjà cruellement défaut, l’auteur choisit d’aborder l’exposition de la pièce en faisant monologuer à tour de rôle ses personnages qui se présentent au public, ce qui a pour effet de briser à la fois le rythme et l’illusion qui peinaient tous deux à trouver leur place. Dans une mélancolie sirupeuse digne des soaps américains, la célèbre et horripilante chanson de Ray Ventura et ses Collégiens se place en leitmotiv du spectacle jusqu’à une fin cousue de fil blanc. Elle met d’ailleurs un comble à l’agacement que l’on peut ressentir devant un happy end aussi prévisible et dégoulinant de bons sentiments. Tout cela est convenu et sans surprise.
Le trio est donc excellent
Quelle souffrance alors de voir d’aussi bons comédiens se débattre avec cette pièce sans queue ni tête ! Benjamin Bellecour, en premier, incarne de façon très touchante un homme qui n’a rien fait de sa vie, moitié poète moitié pique-assiette. On se souvient de sa composition exceptionnelle aux côtés de Laurent Terzieff dans la pièce Mon lit en zinc. On est triste de ne pas le voir à nouveau dans un rôle à la mesure de son talent. Sarah Biasini, ensuite, joue la femme au foyer idéale. Mais la parfaite réussite de sa vie familiale cache certaines douleurs et frustrations. Son naturel sur scène et la finesse de son interprétation sont un régal. Rachel Arditi, enfin, campe une jeune carriériste dynamique avec beaucoup de fraîcheur et d’énergie. Le trio est donc excellent, et on déplore de ne pas les voir dans une création plus à la hauteur de leur talent.
Ce spectacle est donc une grande déception, où l’ennui peut guetter le public. C’est la pauvreté et le ridicule de l’histoire, en premier lieu, qui sont en cause. Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? Une bonne pièce, par exemple. Mais on attend encore. Un coup pour rien, dommage. On oublie. ¶
Emmanuel Arnault
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