Article intérieur : 1/2 page |
Source : France Soir.fr - 11 novembre 20009
Romy Schneider, une beauté d’enfer
Restées secrètes pendant quarante-cinq ans, les images de l’œuvre inachevée "L’Enfer" sont enfin visibles et montrent une actrice étonnante.
Cinéphiles avertis ou spectateurs occasionnels, on pensait jusqu’à présent que Romy Schneider n’avait jamais été aussi belle que dans "La Piscine", en 1968. Erreur. Quatre ans plus tôt, elle apparaît encore plus sensuelle, plus envoûtante, plus légendaire dans "L’Enfer". Mais on l’ignorait, car ce film mythique et mystérieux n’est jamais sorti sur les écrans, le tournage ayant cessé au bout de trois semaines en raison d’une crise cardiaque du réalisateur, Henri-Georges Clouzot (qui s’en remettra, puisqu’il tournera à nouveau et décédera en 1977).
Près d’un demi-siècle plus tard, et vingt-sept ans après la mort de l’actrice, Serge Bromberg, producteur et restaurateur de films, a convaincu la veuve de Clouzot de lui confier les 185 bobines (en tout quinze heures de tournage) de ce film maudit pour en faire un documentaire, sobrement intitulé "L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot". Le scénario raconte l’histoire d’un homme, Marcel Prieur (Serge Reggiani), propriétaire d’un petit hôtel-restaurant en province, que la jalousie rend fou et qui soupçonne sa jeune femme (Romy Schneider) de le tromper. Les scènes de la vie réelle, classiques, sont en noir et blanc. Ses visions et les délires de son imagination, au contraire, sont filmés en couleurs avec des techniques et une réalisation révolutionnaires pour l’époque : distorsions de l’image et du son, effets spéciaux sur les couleurs, le montage, le mixage, le découpage de l’écran, musique psychédélique, déformation des voix… Henri-Georges Clouzot voulait faire un film complètement différent des chefs-d’œuvre qui avaient fait sa réputation, tels "L’assassin habite au 21", "Le Corbeau", "Quai des Orfèvres" ou "Le Salaire de la peur".
Tournage infernal
Romy Schneider faisant du ski nautique sur un lac rouge sang, ou allongée nue sur des rails, ou lèvres bleues en train de fumer, ou le corps enduit d’huile et recouvert de paillettes, ou le visage déformé par des jeux de lumière : jamais on n’entend sa voix, mais l’interprète de Sissi impératrice et de La Banquière apparaît ici, à 26 ans, dans une splendeur inédite. Elle écrase de sa beauté le reste du documentaire, fait d’entretiens avec des membres de l’équipe du film (dont Costa-Gavras, assistant réalisateur) qui, esquissant le portrait d’un Clouzot perfectionniste, tyrannique, fragile et mégalomane, dépassé par l’ampleur de son projet, racontent l’histoire d’un tournage qui s’avéra proprement infernal.
Commentaires