Source : Radio Campus Angers - 25 juin 2009
Jeudi 18 juin était représentée, dans le cadre du festival d’Anjou, la pièce de Brisville, mise en scène par Christophe Lidon. Une plongée dans l’esprit des Lumières du XVIIIe siècle….
Le jeudi 18 juin 2009, le château du Plessis-Macé accueillait "l’antichambre", une adaptation de la pièce de Brisville, mise en scène par Christophe Lidon. Ce cadre prestigieux et authentique ajoutait un charme certain au spectacle. On ne peut être qu’étonné quand on y pénètre la première fois. La pluie est tombée peu de temps auparavant, mais maintenant un temps doux et agréable plane sur cette soirée d’été. Dans le parc du château, des installations ludiques et rétros attendent les spectateurs: un pauvre homme la tête la première dans des « sables mouvants » ou encore un « passage secret » dans une armoire d’époque. La scène a été installée aux pieds du château. On remarque le décor minimaliste de cette pièce en plein air : quelques meubles sur un fond noir.
En 1750, la marquise du Deffand (Danièle Lebrun), amie d’un vieux parlementaire, le président Hénault (Jean-Claude Bouillon), tient un des salons les plus réputés de Paris. Cette femme d’esprit côtoie les plus grands penseurs de l’époque, compte d’Alembert parmi ses amis proches et entretient une correspondance avec Voltaire. Alors qu’elle sent sa vue décliner, elle engage sa nièce Julie de Lespinasse (Sarah Biasini) comme lectrice. Mais cette jeune fille, éblouie par ce milieu, montre très vite des dispositions dans l’art de la conversation. Au point que, peu à peu, les amis de la marquise vont préférer la compagnie de sa nièce à la sienne…
Cette pièce, portée par trois acteurs en costumes d’époque, comprend de nombreuses allusions historiques et suit les rebondissements de l’affaire Calas. Elle évoque l’importance des salons, là on se trouvait le «vrai pouvoir», donnant aux femmes, qui les tenaient, une place nouvelle. La monarchie n’a plus l’approbation et l’Encyclopédie et son projet d’éclairer l’homme naît à cette époque. Mais la pièce montre également l’écart entre ces penseurs modernes et les défenseurs de la monarchie et de la société d’Ancien régime. Distance entre pensées nouvelles et anciennes illustrée par la marquise du Deffand et sa nièce. La marquise, qui se désigne comme «l’amie et l’ennemie des philosophes», n’apprécie que leur intelligence et considère que la philosophie est une illusion. Sa nièce, au contraire, leur trouve de l’ardeur et admire les idées de justice, de liberté. Mais cet écart trouve aussi son origine dans la peur grandissante de la marquise au fur à mesure que sa vieillesse avance. Cette femme qui s’inquiète de voir ses amis devenir les amis d’une femme plus jeune craint qu’on ne l’écoute plus, de finir par «faire tapisserie». Comment une femme brillante, ayant été admirée, peut-elle se comporter face à cette phase déclinante ?
À l’image de ce temps, la vivacité d’esprit a teinté cette soirée. Tout en nous peignant un beau portrait de femmes de l’époque avec leurs réussites et leurs angoisses. Un succès mérité pour cette pièce qui nous plonge dans la brillance d’une société encore pleine d’espoir.
Camille Brunetaud
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