Source : La Gazette de Berlin - 13 février 2009
En l’honneur du 80ème anniversaire du célèbre photojournaliste allemand Robert Lebeck, la Berliner Festspiele organise au Martin Gropius Bau une exposition couvrant ses années d’or de 1955 à 2005. Cette rétrospective présente pas moins de 300 photographies, célèbres ou inconnues, ainsi que des reportages imprimés.
Photographe aux multiples talents, Robert Lebeck – qui a connu à quinze ans la guerre au sein de la Wehrmacht sur le front oriental – réussit à exprimer sa vision du monde à travers son appareil : peu de technique, juste une réelle confiance en son regard humaniste capable de capter en un instant une vie, une âme ou un moment historique. Scepticisme, distance et ironie sont d’ailleurs souvent les sentiments dominants dans ses clichés, rendant son art si particulier. Car Lebeck s’était fixé un objectif de travail : réaliser des images «justes» en soi. Pas de «sensationnel» ni de message, pas de jugement non plus. Et c’est bien cette impression de froideur, parfois un peu dérangeante, qui envahit le visiteur et l’étonne. Ses clichés en noir et blanc se veulent authentiques, miroirs de la réalité, comme si l’homme avait peur de mentir.
Artiste génial et précoce, Lebeck n’a que 23 ans lorsque la gloire s’offre à lui. Et s’il est certain qu’il a forgé sa réputation en devenant le photographe vedette de plusieurs magazines allemands, comme Kristall, Stern où Géo dont il fût le rédacteur en chef, il fut connu du grand public grâce à son incroyable photo – qui fit le tour du monde ! – prise en 1960 d’un homme s’enfuyant après avoir dérobé l’épée du roi Baudouin, à Léopoldville lors de la célébration de l’indépendance du Congo Belge. «On ne devient jamais rien sans un peu de chance» a expliqué l’intéressé au sujet de ce cliché. Etrange modestie pour celui qui a photographié les plus grands, tels qu’Alfred Hitchcock, Konrad Adenauer, Romy Schneider, Elvis Presley ou l’Ayatollah Khomeiny.
Cette rétrospective – la plus importante à ce jour sur l’artiste – est non seulement l’occasion d’admirer 50 années hors normes de travail mais c’est surtout la possibilité d’essayer de saisir la complexité du regard porté sur le monde d’un homme qui déclarait avoir «appris les ficelles du métier en lisant les modes d'emploi des appareils photo».
Elisa Meynier
«Robert Lebeck. Photographies 1955-2005», jusqu’au 23 mars 2009 au Martin-Gropius-Bau de Berlin.
Horaires d’ouverture : Du mercredi au lundi - De 10 à 20 heures - Fermé le mardi.
Entrée : 6 € - tarif réduit 4,50 €.
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