Source : A voir, à lire.com - 14 janvier 2009
Emouvante, cette chronique sociale d’une déchéance puise sa force dans l’actualité et la prestation de Jean-Paul Belmondo pour un beau dernier tour de piste.
L’argument : Charles, vieil homme à la retraite, touche une maigre pension. Il est hébergé par Jeanne, une jeune veuve. Lorsque cette dernière décide de se remarier, elle lui demande d’aller vivre ailleurs. Seul avec son chien, le retraité se retrouve à la rue...
Notre avis : Après une très longue absence derrière les caméras, le comédien Francis Huster a retrouvé le goût de filmer en adaptant le chef d’œuvre de Vittorio de Sica, "Umberto D" ou l’histoire émouvante d’un clochard et de son chien. A l’annonce d’un sujet aussi délicat que désuet, on pouvait craindre la faute de goût ou l’académisme vieillot. Pourtant, en plaçant son intrigue au cœur des remous sociaux de ces dernières années, Huster a sans doute eu la meilleure idée possible. Actualisant le message social de de Sica, il montre avec force la détresse de bon nombre de personnes âgées dont les pensions de retraite se réduisent comme peau de chagrin, au point d’en pousser certains dans la rue. En n’évitant pas toujours le pathos ou la métaphore facile (les hommes traités comme des chiens), le cinéaste nous met face à une réalité sociale que peu veulent voir : la misère peut toucher n’importe qui de nos jours et provoquer des ravages. Avec une galerie de personnages tous plus veuls les uns que les autres, il autopsie une société individualiste pour qui le mot solidarité est dénué de tout sens.
Cette description de la misère assez désespérante est renforcée par le choc que l’on éprouve à revoir Jean-Paul Belmondo quelques temps après son attaque cérébrale. Fortement diminué, le comédien parvient toutefois à nous émouvoir dans la seconde partie du film, lorsqu’il se retrouve seul face à son désespoir. On regrette tout de même que Francis Huster se soit laissé emporter par son envie de rendre hommage à Bébel en distribuant tous les rôles secondaires à des célébrités ou d’anciens compagnons de route de la star. La liste est très longue (de Micheline Presle à Emmanuelle Riva en passant par Pierre Mondy et Jean-Marc Thibaut pour les anciens et de Jean Dujardin à José Garcia pour les plus jeunes). Si l’on ajoute une réalisation très télévisuelle, on peut aisément trouver l’ensemble pesant. Pourtant l’émotion, non feinte, est bien présente et les dernières scènes, à la fois profondément pessimistes et en même temps apaisées, sont d’une belle poésie mélancolique. En tout cas, Jean-Paul, sache-le, nous, on t’aime.
Virgile Dumez
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