Source : Le Parisien - 28 janvier 2009
Leurs caprices, leurs liftings, leurs déprimes… Tout, vous saurez tout sur les stars en allant voir «le Bal des actrices». Un film sans fard signé Maïwenn, qui joue avec l’image de Karin Viard, Muriel Robin, Mélanie Doutey ou Charlotte Rampling.
Juste quand on allait désespérer des comédies françaises «L’emmerdeur» bis, «La guerre des miss»… , un vent de fraîcheur vient regonfler nos voiles. Avec «Le bal des actrices», qui sort aujourd’hui en salles, Maïwenn signe en effet un film drôle et intrigant, doté d’un casting exceptionnel et fort d’une ambition plus maligne qu’il n’y paraît : brosser le portrait d’une dizaine de comédiennes en mélangeant le vrai et le faux, le léger et le grave.
Pour les besoins d’un pseudo-documentaire, Karin Viard joue ainsi une star nommée Karin Viard qui se voit déjà à Hollywood, Muriel Robin répète Molière avec Jacques Weber, Marina Foïs se fait injecter du Botox et Romane Bohringer, cruellement étiquetée «has been», court le cacheton dans les soirées people… Une ronde endiablée dans laquelle des scènes de comédie musicale, inégales mais amusantes, se chargent de rappeler que «tout ça, c’est de la fiction».
Les femmes mises à nu
Le coup de l’affiche rappelons aux distraits que Maïwenn et ses copines ont posé dans le plus simple appareil, la réalisatrice en rit encore : «Il paraît que des gens sont carrément tombés dans le métro et qu’à Belleville les intégristes les arrachent ! L’idée, c’était que ce film mettait les actrices à nu, alors j’ai poussé le bouchon le plus loin possible en disant : Ben voilà, on est à poil !» Oui, enfin, on se calme : quand elle n’embrasse pas Estelle Lefébure à pleine bouche, ce sont surtout les âmes qu’elle déshabille. «Pour moi, le sujet sur les actrices était prétexte à faire un film sur les femmes. Où en sont-elles en 2009 ? Le truc, c’est que les actrices incarnent la féminité poussée à son extrême, alors c’est plus touchant de parler d’elles.»
Des comédiennes risque-tout
De Mélanie Doutey à Charlotte Rampling, elles ont accepté d’apparaître sous leur nom propre, de «brouiller les pistes» et de titiller le voyeurisme du spectateur. «Ce que je voulais, confie l’auteur, c’était faire un Voici chic au cinéma.» Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, «l’écriture et le montage ont été bien plus difficiles que le casting». Réputée pour son franc-parler, Maïwenn ne fait pas mystère du refus d’Isabelle Adjani («Elle n’a aucun humour sur elle-même»), ni de celui de Mathilda May : «Le rôle de la has been, je l’avais écrit pour elle, elle était d’accord, et puis elle n’a plus voulu le faire sous son nom. Romane, elle, a compris que le propos, c’est que la roue tourne, qu’on n’est pas has been à vie. Nathalie Baye en parle très bien, d’ailleurs…»
Maïwenn sans complaisance
Cette splendide liane brune s’est réservé un personnage parfois ingrat, celui d’une réalisatrice accaparée par un film au point d’en oublier l’anniversaire de son fiston… «Je vous rassure, ça ne m’est jamais arrivé, rit l’intéressée, seulement je trouverais pathétique de me donner un rôle de victime ou d’incomprise. Ce que j’aime chez Woody Allen, par exemple, c’est qu’il incarne toujours le pervers, l’idiot ou le lâche !» Après son «Bal des actrices», Maïwenn espère bien adapter «Rien de grave», le best-seller de Justine Lévy. Sauf que, pour cette histoire de rupture amoureuse impliquant Carla Bruni, elle peine à obtenir le financement. «Là, avec le bouche-à-oreille autour de mon film, je pense avoir trouvé… Mais j’ai halluciné de voir à quel point les producteurs français n’ont rien dans le froc !»
Marie Sauvion
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