Source : AlloCiné.com
Bébel est de retour !
Avec "Un homme et son chien", Jean-Paul Belmondo s'offre un come-back très remarqué sur les plateaux de cinéma. En effet, ayant été victime d'un malaise vasculaire cérébral, il n'avait plus tourné depuis 2001 et L'Aîné des Ferchaux, téléfilm diffusé cette année-là sur TF1.
"Comme le héros du film, Jean-Paul Belmondo a aussi été en quelque sorte abandonné par le monde du cinéma qui a cru qu'il ne reviendrait jamais, confie Francis Huster. Certes, il ne peut plus faire de cascades et ses films, grands succès populaires, où il faisait merveille par sa gouaille et son charisme, sont derrière lui. Mais devant lui s'ouvrait une nouvelle carrière à l'image de Raimu, de Gabin ou d'Harry Baur, celle d'une légende de cinéma prouvant par ce rôle mythique qu'il était l'un des grands tragédiens du cinéma français. Avec rigueur, sobriété et intensité j'étais persuadé qu'un nouveau Jean-Paul Belmondo pouvait crever l'écran par ce film à une seule condition : être à nu. Vraiment à nu. La vie, la vraie vie, ne l'avait pas épargné, il fallait que cela se voie à l'écran et ce rôle magnifique plus qu'un pari fou, celui de son retour, serait celui de sa revanche sur la cruauté de la vie."
Un remake français de "Umberto D."
Un homme et son chien est le remake français d'Umberto D., classique italien de Vittorio De Sica datant de 1952. A l'origine, le rôle principal était tenu par l'acteur Carlo Battisti. Francis Huster retrace la genèse du projet : "Alors que je tournais aux Etats-Unis Un autre homme, une autre chance sous la direction de Claude Lelouch, je me suis retrouvé à Malibu dans une soirée en compagnie de Martin Scorsese et nous avons évoqué ensemble Umberto D., qui est l'un de ses films fétiches. J'avais vu ce film quand j'avais treize ou quatorze ans : il m'avait fait pleurer, mais je ne savais plus pourquoi. Trente ans plus tard, lorsque Jean-Louis Livi m'a proposé de réaliser un film, je lui ai dit qu'un projet m'obsédait depuis longtemps : Umberto D.. Mais je ne pouvais le faire qu'à une seule condition : remplacer le néoréalisme italien par un néoréalisme au niveau du jeu des acteurs et justifier que la même histoire puisse s'ancrer dans la France d'aujourd'hui, montrer que rien n'avait changé depuis l'époque de Vittorio De Sica."
Pourquoi le prénom de Charles ?
Le prénom de Charles, personnage incarné à l'écran par Jean-Paul Belmondo, est immédiatement venu à l'esprit de Francis Huster en référence à Charles de Gaulle mais aussi à Charles Chaplin et Charles Trénet. "L'ironie de l'histoire c'est que mon propre père s'appelle aussi Charles, confie le comédien-cinéaste. Je n'y avais pas pensé comme j'ignorais, incroyable coïncidence, que c'est aussi le second prénom de Jean-Paul, Charles Belmondo !"
Le choix de Hafsia Herzi et Julika Jenkins
Francis Huster explique les raisons qui l'ont amené à choisir Hafsia Herzi et Julika Jenkins pour les rôles féminins principaux de son film : "Dès que j'ai rencontré Hafsia, elle m'a semblé évidente pour le rôle : elle exprime à la fois la beauté, une extrême fragilité et une solitude déchirante. Je me suis d'ailleurs interdit d'aller voir La Graine et le mulet pour la filmer telle que je la ressentais. Je savais qu'avec Jean-Paul Belmondo, les rapports seraient sans ambiguïté : c'est la rencontre entre deux paumés magnifiques. Concernant Julika, c'est une comédienne shakespearienne d'origine galloise : je voulais qu'elle fasse ressortir cette brume intérieure qui la caractérise et la férocité qu'elle a envers elle-même. Elle me fait penser à Vanessa Redgrave, Romy Schneider et Bette Davis. Elle possède quelque chose d'extrêmement sensuel et de fatal, et on sent en même temps qu'elle a été sculptée par la vie."
Du beau monde autour de Belmondo
Autour de Jean-Paul Belmondo gravite toute une pléiade d'acteurs confirmés comme José Garcia, Pierre Mondy, Jean-Pierre Marielle ou encore Max von Sydow. Francis Huster revient sur ces choix de casting : "A partir du moment où Jean-Paul m'a donné son accord, je me suis dit qu'il me fallait des acteurs aussi exceptionnels que lui. D'autant plus que, contrairement à lui, ils n'avaient qu'une scène pour s'imposer : il fallait donc les considérer comme les membres d'un orchestre où chaque instrument nécessitait un virtuose. Sinon, le film ne tiendrait pas (...) Je leur ai demandé de ne surtout pas se cacher derrière les personnages et d'être eux-mêmes en s'appropriant vraiment le texte. Je ne voulais pas qu'ils composent faussement un rôle, mais qu'ils me donnent leur âme. De mon côté, j'étais là pour les aider à trouver le bon rythme et à gérer l'espace autour d'eux pour qu'ils réussissent à amener l'émotion à sa vraie hauteur, à sortir tout d'eux, à s'impliquer."
Partis pris de mise en scène
Francis Huster souhaitait que la réalisation soit d'une rigueur à l'ancienne et que les cadres soient très précis. "De même, on a travaillé la lumière et le son de la manière la plus naturelle possible, confie le comédien-réalisateur. J'ai utilisé très peu de post-synchronisation et aucun trucage pour ne pas tricher, et je n'ai filmé qu'avec une seule caméra, à l'exception d'une scène avec Toscane pour ne rien perdre entre la petite fille et Jean-Paul au cas où ils se laisseraient aller dans l'émotion, ce qu'ils ont fait par bonheur."
Un fan : Jean Dujardin
On notera l'apparition dans le film de Jean Dujardin, grand fan devant l'éternel de Jean-Paul Belmondo, à qui il souhaitait ardemment donné la réplique à l'écran.
Diriger un chien
Durant le tournage, Francis Huster tenait à considérer le chien comme le partenaire privilégié de Jean-Paul Belmondo. "Quand le dresseur m'a proposé deux ou trois chiens, se souvient le comédien-cinéaste, j'ai eu l'intuition que ce chien-là en particulier serait prodigieux car il était d'une vivacité incroyable. On n'a même pas eu besoin d'un deuxième animal : je me disais que s'il lui arrivait quoi que ce soit, on arrêterait le film. Il fallait que ce chien soit fantasque et crédible en chien de Belmondo et qu'il connaisse la même descente aux enfers progressive que Charles. Le regard de ce chien nous a tous fasciné sur le plateau, il parlait avec ses yeux comme s'il comprenait tout, il souriait aussi dans sa détresse très impressionnante dans la scène du tunnel."
Dates et lieux de tournage
Le tournage d' "Un homme et son chien" a débuté le 14 janvier 2008 et s'est étalé sur 9 semaines à Paris et sa banlieue.
Commentaires