Source : Actu24.be - 10 décembre 2008
La fille de Romy Schneider est de retour sur les planches avec «L'antichambre». Elle se produira chez nous au Théâtre royal de Namur le 19 décembre.
Elle a les yeux clairs qui pétillent, le teint pâle, les cheveux blonds qui frisent et le sourire enchanteur de sa maman, Romy Schneider. Sarah Biasini a d'ailleurs choisi de suivre ses traces et s'en sort plutôt bien. La jeune femme semble toutefois peu apprécier que nous évoquions, en fin d'entretien, sa maman. Comme si l'héritage était lourd à porter, comme si elle craignait qu'on mette en doute ses capacités d'actrice. À la question de savoir si son statut de «fille de» l'a servi ou desservi dans sa jeune carrière, elle répond brièvement. «Je ne sais pas.» S'en suit un long silence. «Et je ne veux pas y penser.» Quant au regard des autres? «Je ne sais pas si ça joue sur le regard que les gens portent sur moi. J'imagine mais je n'en sais rien, je ne leur demande pas. Les gens sont plutôt bienveillants. Ceux qui n'aimaient pas ma mère, ils ne viennent pas me parler.» Le ton est froid, nous n'irons pas plus loin.
Élevée en France, Sarah Biasini peut se vanter, à 31 ans, d'avoir déjà une belle carrière. Sur les planches depuis 2005, elle présente cette année "L'antichambre", une pièce de Jean-Claude Brisville mise en scène par Christophe Lidon. Elle y partage l'affiche avec Danièle Lebrun. «Je trouve l'histoire très belle, pour moi c'est une histoire d'amour entre deux femmes, une histoire qui ne se concrétise pas parce que les deux femmes sont trop différentes mais c'est une belle histoire d'amour avec un arbitre au milieu des deux.»
Dans "L'antichambre", l'auteur restitue l'époque des Lumières, ses philosophes et leur encyclopédie, ses salons tenus par des femmes influentes. On y apprend l'histoire de la rivalité entre Mme du Deffand (Danièle Lebrun) et Julie de Lespinasse (Sarah Biasini). «Avec Danièle, j'adore jouer. C'est chaque jour meilleur. Comme ça fait plus de 150 fois qu'on joue cette pièce, on commence forcément à bien se connaître. Et puis on rigole bien toutes les deux, on a un peu le même genre d'humour.» Entre les deux femmes, le président Hénaul a bien du mal à se positionner. C'est Jean-Claude Bouillon qui campe ce personnage précédemment interprété par Roger Dumas, indisponible pour cette tournée. «Le président est très attaché à la marquise et puis en même temps, il voit cette petite arriver et ça fait comme un vent d'air frais dans la maison." explique Sarah Biasini. "Il est respectueux de la marquise qu'il connaît depuis des années mais il est séduit aussi par les idées nouvelles et intelligentes de cette jeune femme. Il est pris entre deux feux.»
Ce retour à l'époque des Lumières plaisait tout particulièrement à la jeune actrice qui a étudié l'Histoire de l'art. «Cette époque m'a toujours attirée mais c'est surtout la peinture et la sculpture que je connaissais de ce siècle. Quand j'ai su que j'allais faire cette pièce, je ne connaissais pas l'histoire de Julie de Lespinasse, je me suis documentée et j'ai lu beaucoup de chose à son sujet. Elle a eu une vie très courte mais très belle.» Un retour au XVIIIe siècle vulgarisé à merveille selon Sarah Biasini par l'auteur de cette oeuvre, «J'ai beaucoup aimé la manière dont Jean-Claude Brisville s'est approprié le langage du XVIIIe. Je le trouve très audible pour les spectateurs et très facile à manier pour les acteurs. Il l'a rendu très simple et en même temps il a gardé toute la beauté du verbe de l'époque.»
Très mature et professionnelle, elle dépeint également la perfection de la mise en scène. «Pour reproduire l'ère des Lumières, Christophe Lidon a fait appel à des gens formidables. Les décors sont justes, appuyés par un jeu de lumières qui montre que ce n'est pas un trompe l'oeil. Et puis les costumes sont parfaits.»
La pièce ne sera jouée qu'une seule fois en Belgique, au Théâtre de Namur, la troupe prendra ensuite le chemin de la Suisse.
Cristel JOIRIS
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