Source : Festival Musique et Cinéma
Le film "Un homme et son chien" (en compétition - sortie officielle le 14 janvier 2009) a été projeté en avant-première le 12 novembre dernier à l'occasion de la 9e édition du Festival International Musique et Cinéma. Le film a reçu le prix spécial du Jury.
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Interview exclusive de Francis Huster après la projection de son film "Un homme et son chien"
Quand vous avez eu l'idée de réaliser ce film, est-ce que vous pensiez déjà à Jean-Paul Belmondo ?
Totalement. Parce qu'il me fallait, et c'est ce que j'ai expliqué à Jean-Paul, un acteur qui puisse être crédible sur trois points :
1. Etre physiquement d'une grande beauté pour faire couple avec Julika Jenkins, un peu comme Yves Montand et Romy Schneider. Parce que si on fout à la porte un homme de 70 ans qui n'est pas séduisant, c'est la vie qui passe, mais s'il s'agit d'un homme qui a tout pour lui et que c'est la dégringolade, ça c'est significatif. Jenkins pouvait se dire qu'il se débrouillerait. Je voulais qu'il soit l'équivalent de Gary Cooper dans « Le train sifflera trois fois ». Il est abandonné par tout le monde mais il garde sa beauté, son élégance. Ce n'est pas John Wayne, dont on sait d'avance qu'il va s'en sortir...
2. La deuxième qualité qu'avait Jean-Paul c'est la diversité de son jeu : dans le film il y a une cinquantaine de scènes et il fallait qu'à chaque fois le héros soit différent, qu'il monte d'un cran dans sa découverte de la bassesse humaine ; même dans sa course par rapport à Dieu. C'est un film assez chrétien dans le chemin de croix. Jean-Paul fait partie des acteurs qui varient leur jeu constamment, prennent des risques. Je ne pouvais pas choisir un acteur qui soit le même durant tout le film.
3. La 3e chose c'était le public. Parce que c'est un film assez politique, social, sur la bassesse de cette société qui ne veut plus des personnes âgées, qui ne veut plus regarder en arrière, qui se débarrasse de ceux qui sont inutiles... il me fallait un acteur populaire. Si Gabin avait été vivant, si Raimu avait été vivant... Mais voilà : sans Gabin, sans Raimu, c'est Belmondo.
Le chien est l'un des acteurs principaux du film et il y a beaucoup de messages par rapport à l'abandon. Est-ce quelque chose qui vous touche ?
Terriblement. C'est un peu subliminal mais je suis très perturbé par ça. Pour moi la fourrière c'est... je n'ose pas dire ça mais... c'est un peu comme un camp de concentration. J'ai vraiment voulu dans cette scène montrer que si Jean-Paul retrouve son chien, les autres, eux, ne retrouvent personne. Et je pense que l'émotion vient de cela.
Ce sont les vrais chiens de la fourrière que j'ai filmés, c'est vraiment la fourrière... Et nous n'avons absolument pas truqué le son. Cela veut dire que toute la journée les chiens hurlent ; il n'y a jamais une seconde de silence. J'ai trouvé qu'il y avait là, d'une façon parallèle à la réalité de la vie, la cruauté de l'homme.
Dans ma vie le chien a toujours été très important. C'est un telle quête d'amour, de loyauté... Le chien est dans mon cœur, jusqu'au bout.
Jean-Marc Thibault évoquait avant la projection les difficultés que vous avez rencontrées pour monter ce film. Que voulez-vous préciser ?
Seulement que la chance de ma vie c'est que Jean-Louis Livi ait décidé de produire le film et qu'il l'ait produit dans ces conditions-là.
Pourquoi cela a-t-il été si difficile ?
Parce que les gens ont cru que Zinedine Zidane ne reviendrait jamais après la coupe du monde perdue en Corée. Le métier pensait aussi que Marlon Brando ne reviendrait jamais, et puis il est revenu. Alors je crois que là, Jean-Paul Belmondo est revenu, et en plus ce qui est beau et émouvant, c'est qu'il est revenu lui-même...
Propos recueillis par Nathalie Hadrbolec
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