Source : Rue du Théâtre - 09 juillet 2008
Qui est l'Artiste? Humain ou surhumain ? Maître ou esclave de l'Art ? Hrafnhildur Hagalin, auteur islandais, nous propose une réflexion autour du rapport entre l'Artiste et son Maître. Christophe Lidon a misé sur la sobriété de la mise en scène et une distribution de qualité pour servir au mieux ce texte profond.
Au commencement était un couple ; un couple de musiciens. Anna, blonde, vêtue de bleu et de blanc, semble flotter tel un ange ; Paul, lui, a l'enthousiasme et la fougue de la jeunesse. Mais un nuage flotte au dessus de leur foyer, le nuage lourd et noir du passé, et avec lui, risque d'arriver la tempête.
L'âme de l'artiste comme champ de bataille
Ce nuage, cet élément perturbateur : leur ancien maître, Maestro, méphistophélique, tentateur obscur, cynique et mystérieux, interprété avec maestria par Jean-Pierre Bouvier. S'engage alors dans le salon du couple, transformé en champ de bataille, un combat qui a pour enjeu l'âme d'Anna. Va-t-elle succomber à l'attrait du succès que lui propose son Pygmalion ou garder une existence tranquille auprès de son époux ? La Musique qui unissait le couple va-t-elle finir par le déchirer ?
Le duo Bouvier/Biasini marche extraordinairement, cette lutte à la limite du sado-masochisme tient le spectateur en haleine jusqu'à la fin de la pièce.
Une mise en scène efficace
Certains pourront reprocher à Christophe Lidon la simplicité de sa mise en scène. Mais, la simplicité a cet avantage qu'elle laisse toute sa place au jeu des comédiens. Loin d'être une cage pour ces derniers, elle est un tuteur, une ligne directrice : le texte en ressort plus fort encore, et le spectateur garde l'œil rivé sur l'essentiel et l'oreille attentive.
Le texte subtil d'Hagalin qui, sans tomber dans certains poncifs, mêle la Philosophie au drame humain, méritait bien cela : le spectateur ressort de cette représentation bousculé et ému. Un travail léché qui ne peut laisser indifférent.
Sébastien COTTE
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