Source : Web Thea.com - 17 juillet 2008
Maître et disciple
L’auteur islandais a écrit cette première pièce au moment où elle a abandonné la formation musicale qu’elle poursuivait. Cet élément biographique éclaire quelque peu Maestro dont le propos ouvre des pistes de réflexion intéressantes sur les relations des musiciens à leur art, malheureusement peu explorées au profit d’une histoire assez conventionnelle.
Anna (Sarah Biasini) vit avec Paul (Thomas Joussier) ; ils sont tous deux guitaristes mais elle seule est vraiment douée. Surgit alors le Maestro (Jean-Pierre Bouvier), le professeur qui a formé Anna, parfois de manière très violente, durant 14 ans ; ou plutôt le mentor, le Pygmalion qui l’a modelée selon ses désirs, l’homme qui est tombé amoureux de l’enfant devenue jeune fille et vient, des années plus tard, tenter sa chance sous prétexte de la ramener à la musique. Rien de bien original, ni dans le propos ni dans l’écriture exceptée peut-être l’évocation de l’ambiguïté des relations de l’artiste à son art, qu’il s’agisse de musique ou de tout autre discipline. Les poètes l’ont souvent dit, l’art est exigeant, tyrannique, il tient l’artiste dans un état de dépendance et d’aliénation insupportables, qu’il soit célèbre ou simple professeur de musique au Conservatoire comme Anna.
La pièce s’ouvre sur un fait divers : un grand guitariste japonais se coupe un doigt alors qu’il vient de recevoir une haute distinction, pour reconquérir sa liberté. L’originalité de la pièce était peut-être là mais l’auteur s’attache davantage à l’anecdote, à la jalousie de Paul, artiste raté, à l’égard d’Anna, malheureuse d’avoir renoncé à sa carrière, au professeur, manipulateur et cynique, musicien fini qui joue sa dernière carte avant le désespoir définitif. On ne retient que l’écume des choses, et les clichés resurgissent. L’interprétation musclée de Jean-Pierre Bouvier donne du relief à ce spectacle sans grande surprise.
Maestro de Hrafnhildur Hagalin, mise en scène Christophe Lidon, avec Sarah Biasini, Jean-Pierre Bouvier, Thomas Joussier. Au théâtre du chêne noir à 15h jusqu’au 27 juillet 2008. 04 90 82 40 57.
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