Source : La Dépêche.fr - 11 juillet 2008
La grande cour du château comtal accueille une pièce de J-C Brisville, avec Danièle Lebrun, Roger Dumas et Sarah Biasini.
Tenus par des femmes et fréquentés par les meilleurs esprits d'Europe, sinon les plus éclairés du siècle des Lumières, les salons sont à la mode au XVIIIe. Celui de la marquise du Deffand compte parmi les plus célèbres en 1750. Sa nièce, Julie de Lespinasse, vient y faire son éducation. Elle finit par entrer en rivalité avec sa tante, jusqu'à lui disputer ses amis, les d'Alembert, Turgot, Diderot, et créer son propre salon. Les deux femmes vont se livrer une joute oratoire implacable, où leur intelligence et leur humour s'expriment à merveille, portés par la plume acérée de l'auteur.
La pièce, honorée de trois nominations aux Molières 2008, est servie avec brio par un trio de comédiens fameux: Danièle Lebrun dans le rôle de la marquise, que l'on a vue au cinéma dans «Disco», de Fabien Onteniente, en 2007, mais qui compte à son actif une impressionnante suite de rôles au théâtre et à la télévision; Roger Dumas, à l'affiche en 2008 de «J'ai toujours rêvé d'être un gangster», de Samuel Benchetrit, «Ca$h» d'Eric Besnard, puis Le Premier jour du reste de ta vie, de Rémi Bezançon, est un de ces seconds rôles qui valent souvent plus que le premier. Il campe ici un président Hénault de belle épaisseur; Sarah Biasini enfin, qui hormis le fait qu'elle est la fille de Romy Schneider vaut surtout pour ses talents d'actrice, est à mesure de son personnage, une jeune campagnarde qui arrive à Paris.
Pour parfaire un spectacle qui promet d'être savoureux, les décors (de Catherine Bluwal), les costumes (de Claire Belloc), les lumières et la mise en scène (Christophe Lidon), sont à la hauteur, à la fois fins et harmonieux. Mais une des grandes qualités de «L'Antichambre» réside dans le texte écrit par Jean-Claude Brisville: son sens de la langue, du dialogue, et son art de la conversation sont un délice.
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