Source : Le journal du dimanche - 27 avril 2008
Une vraie cérémonie. Qui, comme toute célébration, aura son lot de flonflons et d'ennui, mais ne manquera pas de sentiments. Car, cette année, le mariage va bien avoir lieu: théâtres public et privé vont s'unir lundi pour le meilleur et pour le pire aux Folies-Bergère lors de la 22e Nuit des molières, présentée par Karine Le Marchand, sur France 2, à 20h50.
Une soirée qui ne sera plus présidée par un monstre sacré de la profession et du troisième âge, mais par un jeune couple de circonstance imaginé pour symboliser l'alliance de deux familles: d'un côté, Barbara Schulz, Molière de la révélation féminine en 2001 qui représente le privé, de l'autre, Clovis Cornillac, monstre du box-office et icône du théâtre public, nommé cette année pour le molière du meilleur comédien dans L'Hôtel du libre-échange. Un duo drôle, classe, original.
Selon Barbara, "les Molières ne bouleversent pas une carrière d'acteur comme aux César. Mais, au théâtre, on ne vous enlève jamais ce que vous avez construit". Pour Clovis Cornillac, dont la maman Myriam Boyer est candidate au molière de la meilleure comédienne pour La Vie devant soi, "c'est une politesse de répondre présent, même si c'est étrange d'y officier. Ce n'est pas mon métier d'être président ou d'être nommé".
Chacun espère voir remonter l'audience de la cérémonie, diffusée cette année en pleines vacances scolaires, alors qu'elle est passée de 2,1 millions de téléspectateurs en 2006 à 1,8 million en 2007. Mais le but premier de cette soirée reste d'emmener davantage de public dans des salles au terme d'une saison qui, après avoir commencé mollement, a fini par stabiliser ses entrées. Mais selon Jean-Claude Houdinière, président de l'Apat (l'Association professionnelle et artistique du théâtre), "les Molières permettent surtout de vendre les spectacles en tournée. On oeuvre donc pour la décentralisation et pour un rapprochement des familles qui n'est pas que symbolique". En effet, les théâtres privé et public apparaissent à parité jusque dans le palmarès.
En tête pour le privé: l'excellent "Good Canary" (6 nominations) et "La Vie devant soi" (5). Pour le subventionné, "La Seconde Surprise de l'amour" (5), "La Petite Catherine" de Heilbronn (5) et "L'Hôtel du libre échange" (4). Cet équilibre serait-il dû au nouveau fonctionnement des Molières ? Pour la première fois, trois jurys séparés ont oeuvré. Un pour le privé, un pour le public et un pour le jeune public. Selon Houdinière, "autrefois, 30% des académiciens ne votaient pas au premier tour, et on ne se concentrait que sur les spectacles de seconde partie de saison. Les choses se sont aplanies". Et Houdinière de rappeler la transparence du fonctionnement et le bénévolat des professionnels.
La cérémonie démarrera cette année par un extrait du spectacle musical Le Roi Lion. Puis se succéderont les présentations de Karine Le Marchand et les discours de Barbara Schulz et de Clovis Cornillac. Le molière du meilleur comédien, le plus attendu de la soirée, sera le premier remis par Cristiana Reali et John Malkovich. Pour les autres récompenses et pour assurer la pérennité du mariage, autant de "remettants" issus du privé que du public se succéderont dans une alternance parfaite. On retrouvera entre autres Jean-Loup Dabadie, Jean-Marie Besset, Clotilde Hesme, Florence Foresti ou encore Amanda Sthers. Pour tous, les textes seront signés par l'auteur Marc Fayet. Et entre deux remises et trois extraits de pièces, Julien Cottereau rendra hommage au mime Marceau, James Thiérrée fera un sketch avec Sara Giraudeau, Grand Corps Malade slamera en direct une chanson en substitut à la rubrique nécrologique, un sketch de Jean Poiret sera joué par Chevallier et Laspalès et, enfin, un hommage sera rendu à José Artur qui, pour la première fois, n'officiera pas comme maître de cérémonie d'un mariage pas encore consommé.
Par Delphine DE MALHERBE
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