Source : ParisObs - 21 février 2008
Bataille de dames
Après 1995, Brisville fut exilé de la scène parisienne sans raison, aussi soudainement qu'il y avait été propulsé. Et voici qu'après sa traversée du désert, on reprend coup sur coup deux de ses succès. En octobre dernier, Mesguich a monté «l'Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune», maintenant Christophe Lidon présente «l'Antichambre» (créé en 1991 par Suzanne Flon et Henri Virlojeux). Raison de ce retour en grâce ? Les bonnes pièces ne courent pas les rues. «L'Antichambre» est un bel exemple de ce théâtre historique dont l'auteur s'était fait une spécialité. L'un des pièges du genre consiste à faire étalage de son savoir. Trop malin pour s'y laisser prendre, Brisville se garde de donner un cours sur les salons du XVIIIe siècle. C'est dans la rivalité des deux reines au sein de la ruche (Mme du Deffand et Julie de Lespinasse) jusqu'à l'essaimage de la plus jeune, qu'est le noeud de l'action. Danièle Lebrun dispensant piques et cajoleries rappelle Bette Davis dans «Eve», de Mankiewicz. A ses côtés, Roger Dumas, grand-papa gâteau-gâteux, et Sarah Biasini dont les larmes, versées à seaux, ne l'empêchent pas de pétiller ni Brisville de faire des étincelles.
Mise en scène de Christophe Lidon. Hébertot, 78 bis, boulevard des Batignolles (17e); 01-43-87-23-23. A 21 h. Matinées samedi 18h et dimanche 16h. Relâche dimanche soir et lundi. Texte édité à l'Avant-Scène Théâtre.
Jacques Nerson
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