Source : Sweetmemory - 10 février 2008
Nous sommes à Paris, dans les années 1763-1764. Si Louis XV règne à Versailles, l'esprit et la politique règnent dans les salons féminins fréquentés par les philosophes et les esprits éclairés de cette moitié du XVIII, que la postérité qualifiera de "Lumières"... et celui de Madame du DEFFANT est des plus courrus ; Voltaire, Diderot, d'Alembert et le président Hénault y ont leurs entrées. Or, ladite Dame ramène de sa province, une nièce batarde, Julie, qui sera désormais sa lectrice. Pleine de reconnaissance et désireuse d'apprendre au service de sa tante, Julie découvre cette brillante société. Son vif esprit la met bientôt en concurrence avec sa parente.
Cette pièce est un véritable bijou. Un état de grâce permanent. Tout y est délice : texte, mise en scène, interprétation, décor, costumes, lumière ...
Le texte de Jean-Claude BRISVILLE est une perle d'intelligence et d'humour. Les piques assassinnes de ces dames fusent dans une habile évocation de ce siècle des Lumières que tous les lycéens devraient venir réviser ici de façon ludique !! Au-delà de la savoureuse joute oratoire, l'exposé des grandes idées de l'époque s'avère très pertinent et surtout très contemporain !
Côté interprétation, c'est un régal ! Sarah BIASINI est tout en charme et en vivacité, avec souvent, l'espace d'une mimique ou d'une intonnation, le "flash" d'un rappel de son hérédité, dont elle a aussi reçu le talent ! Dans la première partie de la pièce, elle est humble et reconnaissante, tout en émotion, candeur et douceur ; dans la seconde partie elle devient solaire. Roger DUMAS, l'observateur et confident, est idéal dans ce rôle "bonhomme", attiré par la lumière de la jeunesse.
Et la pierre angulaire de ce monument : Danièle LEBRUN. Elle est formidable; elle est Madame du DEFFANT, parfaite de naturel, de grâce, de fougue ... et de désillusions !
Elle habite la scène avec tout ce qui caractérisait ces femmes qui ouvraient leurs salons aux grands de l'époque : la grâce, l'intelligence, la lucidité et l'élégance, et aussi beaucoup de force, de dureté, sans compromis. Elle est simplement magnifique.
Les comédiens évoluent dans un beau décor qui les met en valeur, pas de fioritures ou de mobilier superflus, mais l'astuce d'une scène qui rétrécit au fur et à mesure de raréfaction des intimes de la maîtresse de maison, et de la diminution inéluctable de sa vision... belle métaphore scénique !
Le jeu des lumières, quant à lui, souligne la beauté des trois personnages, et donne un reflet particulier aux costumes qu'un léger détail va faire évoluer au rythme de l'histoire.
Le chef d'orchestre de cette réussite est Christophe LIDON qui par cette antichambre nous a conduits au paradis !
Dan & C°
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