Source : AgoraVox - 27 février 2008
Dans l’antichambre du XVIIIème siècle, Madame du Deffand (Danièle Lebrun) tient salon en tentant de perpétuer l’ordre de la Régence tout en résistant aux illusions des Lumières.... Elle s’entoure de Philosophes brillants mais déteste leurs pensées progressistes.
Par ailleurs, en accueillant sous son toit sa nièce Julie de Lespinasse (Sarah Biasini) en tant que lectrice, La Marquise cherche à compenser sa vue déclinante mais surtout escompte un regain de notoriété au bénéfice de ses réseaux d’influences mondaines.
Le président Hénault (Roger Dumas), son amant d’antan, continue à lui faire la cour tout en faisant preuve de diplomatie, d’adaptation et de souplesse quant à l’évolution des moeurs et des idées en cours. En effet, le projet d’encyclopédie universelle cristallise alors un débat idéologique entre anciens et modernes où Diderot et d’Alembert vont rejoindre Voltaire, Turgot et autre Montaigne en des controverses avant-gardistes que Madame du Deffand s’emploiera à combattre avec ses convictions d’ancien régime.
Jean-Claude Brisville excelle à faire revivre la langue ciselée de cette époque charnière en installant dans le huis-clos deux ou trois protagonistes qui s’affrontent par joutes dialectiques afin de valider les valeurs morales en pleine évolution sous l’inéluctable pression scientifique.
Il en fut ainsi par exemple du " Souper ", de " L’entretien de M. Descartes avec M. Pascal Le jeune " à l’instar de " L’antichambre " pour laquelle la mise en scène de Christophe Lidon s’appuie sur un décor (Catherine Bluwal) qui va se rapetisser au fur et à mesure des scènes.
Ce judicieux concept scénographique renforcera psychologiquement l’enfermement progressif dans lequel va sombrer la vieille aristocrate qui, en résistant aux idées en effervescence, devient peu à peu à la fois paranoïaque et jalouse de sa protégée.
C’est devenu un lieu commun de comparer le sourire de Sarah Biasini à celui de sa mère Romy Schneider, mais indubitablement il fait mouche en réunissant, sous la tutelle complice de Roger Dumas, l’aura élégante de la jeune comédienne à la classe subtile de Danièle Lebrun.
Commentaires