"Boccace 70" : des vieillards et du poivre
On sait comment ce film ouvrit bruyamment le dernier festival de Cannes et y déclencha le scandale de rigueur. Quatre réalisateurs italiens célèbres avient été chargé par Carlo Ponti de mettre en scène une petite histoire licencieuse. Comme l'ensemble durait plus de trois heures, on a supprimé l'épisode de Monicelli pour la bonne raison que Monicelli était moins connu que Fellini, visconti et de Sica. La banque qui passe actuellement est toujurs amputée de cet épisode. S'il est du même goût que les trois autres, on ne saurait s'en plaindre. [...]
L'épisode de Visconti s'appelle "Le travail". Il nous fait pénétrer dans le monde doré de la haute aristocratie, celle qui nourrit de ses scandales une certaine presse à gros tirage. Un jeune comte nous apparaît justement atterré parmi les feuilles de journaux qui disent de vilaines choses sur lui et sa jeune comtesse (Romy Schneider). Les avocats sont convoqués. Palabres interminables. Enfin, la belle comtesse vient. Elle a décidé de travailler. Comme elle ne sait rie faire, et comme son mari achète très cher le charme de certaines femmes, elle se vengera en vendant ses charmes à son mari, non sans verser une lourde larme sur l'oreiller.
Visconti qui aurait pu raconter cette histoire en dix minutes, la délaye pendant une heure. Il fait miroiter le décor et les belles robes de Romy Schneider, écoute distraitement les conversations insipides, épie les gestes de cette faune archaïque, promène sa caméra avec la froide indifférence d'un esthète et, parfois, avec le clin d'oeil d'un valet qui nous montrerait une scène de ménage, de "ses maîtres". Elégante démagogie d'un grand cinéaste qui se prend au piège d'un mauvais film de commande. Visconti tire son épingle du jeu en peignant un tableau fulgurant de cette aristocratie qui agonise. La palette de son technicolor, sombre et brûlante, fait briller de ses derniers feux un vieux monde déchu.
Viennent enfin de Sica et son compère Zavattini. [...] Ce film, le plus vulgaire des trois, le plus naïf aussi, nous donne la clé de l'ensemble. Dans chaque épisode, il s'agit "d'allumer" le spectateur pendant un bon moment. Après quoi, on fait apparaître Anita Ekberg, Romy Schneider ou Sophia Loren. On pose, on s'habille, on se déshabille, on rivalise d'astuce pour faire du streep-tease en jouant à cache-cache avec la censure et on s'amuse beaucoup à laisser le spectateur sur sa faim. Le sexe et l'argent, les deux grands moteurs du siècle sont les pivots du film. Autour d'eux, on a confectionné l'affaire en bonne mesure industrielle. L'épice est forte, le brouet relevé. A croire que tous les consommateurs seront des vieillards libidineux, des impuissants, des drogués qui attendent chaque soir de l'écran une dose d'excitant un peu plus forte, celle qe leur âme avachie se refuse à fournir. Et si les consommateurs ne sont pas ces vieillards ? Eh bien, rassurez-vous, ils le deviendront ! Ou ils fuiront.
Jean COLLET
Les critiques sont virulentes. Je ne connais rien de ce film.
Rédigé par : claudine | 18 août 2010 à 19h20