"Boccace 70"
Jadis, quand on abordait des sujets comme celui du "Repos du guerrier", on les traitait avec légèreté, voire avec humour. Ces situations s'accommodent mal de la gravité, moins encore de cette lourdeur qui caractérise "Boccace 70". Car ce film n'a que de lointains rapports avec la verve des conteurs de la Renaissance à laquelle son titre fait allusion. Il paraît interminable bien qu'il ne groupe que trois récits signés des plus grands noms du cinéma italien : Fellini, visconti et De Sica. Ce dernier tire son épingle du jeu. Mais ses deux partenaires s'enlisent dans des histoires trop simples pour supporter d'être ainsi interminablement étirées.
Federico Fellini nous présnte un "Père la Pudeur" dont la vue est offensée par un immence panneau publicitaire qui conseille aux Romains de boire du lait : pour appuyer cette invite d'une image suggestive, le panneau nous présente Anita Ekberg la poitrine si largement offerte que le verre de lait qu'elle brandit semble rempli par d'autres mamelles que celles de la vache.
Obsédé par cette affiche, le président Antonio finit par voir s'animer la vedette et il n'échappe aux avances de la génate qu'en grimpant au sommet du panneau, où les infirmiers d'un hôpital psychiatrique viennent le cueillir au matin. Fellini n'a pu se retenir de multiplier autour de ce thème limité maintes variations qui ne sont pas toutes efficaces et qui ont le défaut d'affaiblir le morceau de bravoure qui termine son film.
Luchino Visconti a voulu nous peindre, lui, la "dolce vita" milanaise qu'il connaît bien; il nous montre une jeune femme qui, pour punir son mari de lui avoir préféré des beautés professionnelles, décide de lui vendre ses charmes. Cela fait, un bon rôle pour Romy Schneider, qui joue les Brigitte Bardot avec un incontestable brio. Mais là encore, la sauce est si abondante qu'on a du malà découvrir le poisson.
Nous sommes déjà las quand commence l sketch de Vittorio De Sica si brillamment conduit qu'il sauve "Boccace 70" de l'ennui. Quand à Sophia Loren, elle a rarement trouvé un aussi bon rôle.
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