Nous nous sommes tant haïs
Il aura fallu deux ans à Franck Apprédéris pour pouvoir mettre en images ce sujet mêlant la petite et la grande Histoire. Deux années de patience et de persuasion, partagées avec la productrice Dominique Antoine et l’historien Jean-Michel Gaillard, pour convaincre de l’utilité et de la qualité de l’aventure.
Postulat de départ
Nous avons pris la décision de faire ce film, il y a deux ans, au moment de l’annonce du référendum sur l’Europe. Nous étions appelés à donner notre avis sur un projet de constitution, mais savions-nous vraiment comment la construction de l’Europe avait démarré ? Avec l’historien Jean-Michel Gaillard, nous avons choisi de raconter les événements qui se sont déroulés entre le 9 mai 1950, date du discours magistral de Robert Schuman, qui annonce la réconciliation franco-allemande, et le 10 août 1952 qui correspond à la nomination de Jean Monnet comme premier Haut-Commissaire de la CECA (Communauté Economique du Charbon et de l’Acier).
Nous suivons en parallèle l’histoire sentimentale vécue par Marie, fille de commerçants rochellais et Jürgen, ancien soldat de la Wehrmarcht, devenu journaliste au «Stuttgarter Zeitung», le grand quotidien de Stuttgart. Ainsi aux difficultés rencontrées par les hommes politiques de l’époque pour imposer cette idée de l’Europe, répondent celles que vivent ce jeune couple franco-allemand confronté à leurs familles, leurs amis et leurs collègues de travail.
Référendum et Traité de Rome
Nous voulions que le film sorte un peu avant l’automne 2005, pour le référendum. Mais à l’automne 2004, Jacques Chirac choisit d’avancer la consultation au printemps 2005. Nous ne pouvions être prêts.
France 3 a décidé de diffuser Nous nous sommes tant haïs à une autre date symbolique, le 24 mars, veille du cinquantième anniversaire du traité de Rome, signé le 25 mars 1957.
Coup de poker
Les adversaires de Monnet et Schuman étaient nombreux. Si elle était un indéniable obstacle à la fabrication d’armes — et par conséquent à l’éventualité d’un conflit — la mise en commun d’industries lourdes, comme le charbon et l’acier, a d’abord été rejetée des deux côtés du Rhin. Difficile en effet de réunir sur un pied d’égalité des entreprises jusque-là concurrentes. Cette association inquiétait également les ouvriers qui craignaient pour leur emploi et leur salaire. Quant aux politiques…
L'opposition de De Gaulle
Les gens sont toujours très surpris que De Gaulle ait pu être tout à fait contre la CECA, puisque, par la suite il fût un grand chantre de l’Europe. Mais il ne croyait pas en cette «Europe des marchands». N’oublions pas qu’il avait été écarté du pouvoir et que, si ce n’était pas par conviction profonde, cette opposition pouvait aussi servir un jeu politique.
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