Jeunes filles en uniforme : Inutile mais réussi
Il est inutile de revenir ici sur le problème du remake, auquel Jacques Siclier vient de consacrer un excellent article (R.-C. N° 461). Disons seulement que cette secnde mouture par Geza Radvanyi du chef-d’œuvre de Léontine Sagan ne s’imposait certes pas. Toutefois, une fois admise la victoire des impératifs commerciaux sur ceux de l’art et du simple bon sens (le film de Sagan, d’un classicisme admirable, ne possède pas une ride), reconnaissons l’intelligence du travail de Radvanyi.
Ne pouvant faire oublier le film original, il a choisi de s’en inspirer ouvertement et humblement. On se souvient du thème : une jeune pensionnaire, Manuela, éprouve pour l’un de ses professeur, Mlle de Bernburg, une flamme dévorante.
A l’issue d’une représentation théâtrale, ivre de punch et d’émotion, elle avoue publiquement son amour. Affolée par le scandae qu’elle déchaîne, hérissée par l’étendue de la faute qu’on lui reproche et qu’elle ne comprend pas (ce dernier aspect apparaît moin nettement dans la version de 1958), Manuela tente de se suicider. Il s’agit là d’un sujet universel et dont nous croyons avoir déjà prouvé (voir analyse R.-C.n° 417) qu’il n’était ni équivoque, ni malsain. Tout le génie des auteur (le scénario avait été tiré par Léontine Sagan d’une pièce de Christia Winsloe : Gestern und Heute) avait consisté à situer l’histoire dans un terrible pensionnat prussien en 1914 et à faire de Manuela une orpheline. Ainsi pouvaient-ils pousser au paroxysme ce qui n’est qu’un passage délicat, habituellement, heureusement franchi par les adolescents.
Geza Radvanyi a colorié le film de Léontine Sagan, le démarquant presque plan par plan, allant presque jusqu’à en copier les cadrages. Et l’on ne compte guère dans le scénario que deux ou trois changements sans grande importance. Toutefois, le choix –excellent – de l’admirable Lilli Palmer pour le rôle si délicat de Mlle de Bernburg obligea à quelques modifications.
La version de 1932 nous présentait le drame à travers Manuela. Nous ne voyions Mlle de Bernburg que par ses yeux, et le professeur nous apparaissait lointain, irréel et, en quelque sorte, mythique. En 1958, Mlle de Bernburg n’est pas un mythe. Lilli Palmer en fait un personnage parfaitement réel, humain et sans doute troublé. Cette différence d’optique empêchait Radvanyi d’aller aussi loin que Sagan s’il ne voulait pas tomber dans l’équivoque et donc modifier la signification du film. Aussi la fin, qui diffère quelque peu de la première version, est-elle excellente : la main de la directrice serrée par Manuela inconsciente et le départ volontaire de Mlle de Bernburg. Par ailleurs, si la fameuse visite de l’altesse impériale n’a pas ici le charme d’antan, la scène rajoutée par Radvanyi où Manuela sauvée par ses camarades se débat entre leur bras avant de s’évanouir quand Mlle de Bernburg l’appelle, est un moment de très bon cinéma.
Enfin, la révélation de ce film – et qui justifierait presque son existence – est Romy Schneider. Débarrassée des oripeaux de l’ineffable Sissi, elle nous apparaît pleine de charme, de spontanéité et au moins aussi remarquable que sa devancière, Hertha Thiele. Quand aux collégiennes, si elles n’atteignent pas tout à fait à la grâce animale de petites bêtes racées qui nous éblouissait dans le film de Sagan, elles sont néanmoins parfaites. En résumé, un film inutile, sans génie sans doute, mais un bon film.
Claude-Marie TREMOIS
Bonsoir,
J'ai eu la possibilité de visionner la version VHS de Karl Froelich, les élèves y sont beacoup plus rebelles et revendicatrices que dans la version de 1958.
Le remake de Radvanyi (oh que j'ai du mal à l'écrire) reste un très beau film. La rencontre de Romy et de Lilli
Palmer a marqué un tournant dans la vie de Romy a ce que j'ai pu comprendre.
Rédigé par : claudine | 17 août 2010 à 20h12
Malheureusement, je n'ai jamais eu la possibilité de voir l'un des films originaux... Katia, Jeunes filles ou même Sissi (oui, Marischka a tourné une première version !!!). Idem pour Liebelei avec Magda Schneider qui était passé sur le cable mais dont j'ai raté la diffusion...
Dommage !
Rédigé par : Inoubliable Romy (the Big Chef d'ici...) | 17 août 2010 à 23h48