C’est le récit d’une absence. De cette mère dont Sarah Biasini se refuse obstinément, tout au long du livre, à écrire le nom. Parce qu’ «on n’appelle pas ses parents par leur nom» et que dire «ma mère» est son privilège. «Personne à part moi ne peut le faire. Je ne vais pas me priver», dit-elle.
Une façon de se réapproprier la star, celle des magazines, et une légende, qui n’est pour elle qu’une maman disparue trop tôt. Elle avait 4 ans et demi lorsque Romy Schneider est morte, à l’âge de 43 ans, un an seulement après son fils David. Des souvenirs avec elle, Sarah Biasini n’en a presque pas, ou si peu, seulement «des flashs», «des images discontinues». Alors, lorsqu’elle tombe enceinte à l’âge de 39 ans, après dix ans de tentatives infructueuses, tout remonte à la surface. Le manque bien sûr, mais aussi les questions et les doutes. Comment devenir mère quand on n’a presque pas connu la sienne ?
Discrète, Sarah Biasini s’est fait une règle de ne jamais parler de sa mère en public. Elle éprouve pour la première fois le besoin de se confier. Elle le fait avec simplicité et délicatesse sous la forme d’une lettre à sa fille, Anna, qui vient de naître. Elle le fait par peur de disparaître à son tour et pour lui laisser quelque chose d’elle. La mort lui est familière et elle n’en a pas peur, dit-elle.
Elle le fait aussi parce que la mémoire se réactive avec ses fêlures et ses frustrations. Elle voudrait tellement redevenir cette petite fille qui veut courir dans des bras maternels. « Je m’occupe de toi comme si tu étais moi parce que j’ai tant l’impression de savoir ce dont tu as besoin », confie-t-elle dans ce livre intime et poignant, qui est pour elle à la fois une fin et un commencement. «Tu ne seras plus la fille de ta mère, tu seras la mère de ta fille», lui glisse un jour son compagnon. «La messe est dite», écrit-elle.
[...] Sarah Biasini, la fille de Romy Schneider, pour son livre « La beauté du ciel » (Ed. Stock).
Dans un récit fulgurant, hanté par le manque, Sarah Biasini se livre et explore son rapport à sa mère, à la mort, à l'amour. Un texte poétique, rythmé comme le ressac, où reviennent sans cesse ces questions : comment grandir quand on a perdu sa mère à quatre ans ? Comment vivre lorsqu'on est habitée par la mort et qu'elle a emporté tant de proches ? Comment faire le deuil d'une mère que le monde entier idolâtre ? Comment devenir à son tour mère ? La réponse, l'autrice la porte en elle-même, dans son héritage familial, dans l'amour qu'elle voue à ses proches, à ses amis, à ces figures féminines qui l'ont élevée comment autant d'autres mères. Le livre de la vie, envers et contre tout. [...]
Le tendre rendez-vous de Romy Schneider et Alain Delon
Il y a 60 ans, Romy Schneider et Alain Delon, jeunes tourtereaux, avaient posé pour notre photographe lors d’une séance pleine de tendresse… Avec Rétro Match, suivez l’actualité à travers les archives de Paris Match.
Début 1961, Romy Schneider et Alain Delon forment le couple le plus en vue du cinéma européen. Elle, à 22 ans, doit encore faire oublier Sissi, mais lui, 25 ans, touche à son apogée artistique. Avec Luchino Visconti, Delon vient de tourner «Rocco et ses frères», Prix Spécial du Jury à Venise, et s'apprête à jouer «Le Guépard».
C’est le moment que choisit l’acteur pour se lancer un défi de taille, lui qui est venu au métier un peu par hasard : s'essayer au jeu suprême et monter sur les planches. Sur scène et toujours sous la direction du réalisateur italien, Alain Delon va interpréter avec Romy Schneider une pièce sulfureuse du théâtre élisabéthain, «Dommage qu'elle soit une putain», de John Ford.
Notre photographe Philippe Le Tellier avait retrouvé Romy Schneider et Alain Delon au Théâtre de Paris pour des répétitions avec le maître Visconti, avant de suivre le couple de tourtereaux dans son hôtel particulier de l'avenue de Messine, pour une séance pleine de simplicité et de tendresse…
Voici le reportage consacré aux répétitions de Romy Schneider et Alain Delon au Théâtre de Paris, tel que publié dans Paris Match en 1961…
L'un des plus grands scénaristes du cinéma français vient de mourir. Il y a deux ans Jean-Claude Carrière revenait pour nous sur ce film mythique de 1969...
Les images sont en noir et blanc. Le grain de la pellicule trahit le temps passé. Rien n’empêche d’y ajouter les couleurs du présent. Le 12 août 1968 sur l’aéroport de Nice, un petit coucou en provenance de Berlin se pose. Alain Delon, 33 ans, beau comme un camion, fait les cents pas entouré de journalistes. Romy Schneider, 30 ans, s’apprête à débarquer. Dans quelques jours, ils vont débuter le tournage de La piscine, un thriller ensoleillé signé Jacques Deray. Sur la piste d’atterrissage, Delon a eu le temps de prévenir l’assemblée : «Romy est devenue une femme. Ce n’est plus une jeune fille, ce n’est plus Sissi cette fille avec les joues bien rondes… D’ailleurs vous allez vous en apercevoir tout à l’heure.» Tout à l’heure, c’est maintenant. Romy descend les quelques marches dans une robe sans manches. Elles portent des gants blancs comme une reine en voyage officielle. Souriante et belle, les gestes sont pourtant hésitants, presque gauches. Cela rajoute au charme de cette réapparition. En bas, sur le tarmac, Delon chemise ouverte, cheveux au vent, n’a pas de fleurs à la main. Les roses, c’est du passé. 10 ans déjà, que Delon, alors jeune premier débutant, attendait dans un autre aéroport, la même femme, déjà star, qui l’avait choisi sur une simple photo pour être son chevalier servant à l’écran. «Son personnage sonnait faux ! avait alors pensé Romy Schneider. Il était trop bien coiffé, trop bien habillé, avec son costume très à la mode. Même le bouquet de roses qu’il avait à la main était trop rouge.» Ca n’avait pas empêché ces deux-là de s’aimer. Puis de se quitter. Delon avait posé des roses près de sa lettre de rupture. Aujourd’hui, les rôles se sont presque inversés.
A Nice, Romy touche enfin terre. Delon la couvre de baisers, l’enlace pour mieux la protéger. L’allure est décontractée mais les lèvres pincées trahissent l’émotion. Un journaliste s’approche de l’étreinte : «Vous êtes émus ?» Alors que l’allemande suffocante acquiesce maladroitement, le français, sûr de lui, bombe le torse et recadre «Vous aussi vous êtes émus derrière ce micro !» Delon, l’œil pétillant regarde l’objectif d’un air entendu. Il a conscience que ce qui se joue là, appartient déjà à la légende. Ces retrouvailles tout le monde en rêvaient. Romy et Alain, le couple star d’un temps pas si lointain. Elle, a depuis choisi l’effacement et une vie rangée à Berlin. Lui, l’omniprésence. Delon est une star. C’est lui qui a téléphoné à Romy pour lui demander de revenir en France et d’imprimer à nouveau la pellicule de sa puissante beauté. Au départ les producteurs ont fait la moue à l’idée d’engager une comédienne un peu oubliée. Mais Delon peut tout, alors "Sissi" - qui n’est plus "Sissi" donc - rapplique illico. Delon rallume les flammes que l’on croyait éteintes. Bientôt, entre eux, ce sera torride. Une histoire d’eau avec beaucoup de remous. Comme avant. Ou presque.
"Deux trous du cul!" Dans sept jours sous le soleil à Ramatuelle exactement, ils seront donc Marianne et Jean-Paul pour la caméra de Jacques Deray qui adapte un roman de Jean-Emmanuel Conil (aka Alain Page pour les férus de romans noirs). Jean-Paul et Marianne, sont beaux, ils s’aiment, se la coulent douce au bord d’une villa avec piscine, font l’amour l’après-midi avec la grande bleue en toile de fond. A la surface de l’eau tout est luxe, calme et volupté, jusqu’au jour où débarque le flambeur Harry (Maurice Ronet) et sa fille, tout en grâce et discrétion (Jane Birkin, 22 ans, déjà muse de Serge Gainsbourg). Tensions, jalousie, séduction et… plongeons dans la piscine. La présence de Ronet dans ce tableau, invite aussi aux souvenirs. "Plein soleil", 1960, René Clément d’après un thriller de Patricia Highsmith. Delon et Ronet, sur un bateau. Ronet tombe à l’eau. Qu’est-ce qui reste ? Une virilité exacerbée. Marie Laforêt, leur partenaire féminine du film de Clément, garde un souvenir mitigé des deux mâles, "Alain Delon et Maurice Ronet étaient si prétentieux... si méprisants: Deux trous du cul!" Balles neuves. Les deux trous du cul ne se sont pas assagis, mais Romy n’en souffre pas. De ce tournage, le tranquille Jacques Deray assure : «Il y a le soleil, la piscine, les acteurs sont là, tout le temps, il n’y a pas de plan de travail compliqué. Il n’y a pas de tension entre les acteurs, chacun vit à sa façon, à son rythme. Le rêve !» A Paris, toutefois, il y en a un qui angoisse sévère à l’idée de voir sa Jane passer son temps entre les deux loustics. C’est Gainsbourg. L’homme à la tête de chou est prêt à descendre dans le Sud avec sa Rolls et son flingue, « S’il y en a un qui touche à Jane, je le bute ! » dit-il à son ami producteur Pierre Grimblat. «Ce n’est pas tellement Delon qui me fait peur, mais Ronet… Celui-là, avec son air de ne pas y toucher !»*
RAS, côté potins sur le tournage de "La piscine". Cela n’empêche pas le sexe de transpirer par tous les pores de la pellicule. Au générique, on voit d’abord dans le reflet d’une eau dormante, des colombes gazouiller sur les branches d’un arbre. La musique un tantinet emphatique de Michel Legrand arrête soudain ses chœurs assommants. On trouve Delon couché sur le bord du bassin. La peau mate. Les tétons au garde à vous. Romy Schneider, le corps ruisselant après baignade, se colle au corps de l’Apollon qui embrasse goulument sa partenaire. Puis d’un geste habile lui dégrafe le haut de son maillot de bain. «Gratte-moi le dos ! Aaaaaah, personne ne le fait comme toi !» Soupirs. Il y a belles lurettes que les blanches colombes se sont envolées. Mais nous sommes au cinéma, et un coup de téléphone arrête l’étreinte. A l’autre bout du fil, c’est Ronet qui annonce son arrivée. Finies les bêtises. Après les ébats, le fracas. Bientôt, un plouf irréversible et le bleu du ciel chassé par le vent de la nuit.
«Et puis, je suis tombé dans le piège tropézien...» La nuit justement parlons-en. Les heures sombres du «noir». A la base, de ces eaux peu dormantes, il y a d’abord l’imagination d’un romancier, Alain Page, qui porte bien son pseudo. Dans les sixties l’homme a déjà beaucoup noirci du papier comme d’autres enfile des perles. Des «petits» romans noirs aux titres plus ou moins fleuris : "Les confettis par la racine", "Amour police et morgue", "Le vaudou est toujours dehors", "La tête froide", "Le yacht noir", "Cherchez la fille", "A pleine dents", bientôt "La piscine" donc, un peu plus tard "Tchao pantin". Page est un aspirant dandy qui traîne alors à Saint-Germain-des-Prés quand le quartier voulait dire encore quelque chose et que les touristes s’appelaient Boris Vian, Jean Cocteau, Jean Marais, Jean-Paul Sartre, ou encore Françoise Sagan. Aujourd’hui, l’homme a rangé sa Remington portative dans le Loir-et-Cher mais se souvient encore très bien des «environs de la Seine» avant la fièvre 68 : «C’est Jacques le frère de Françoise Sagan qui m’a introduit dans la bande, explique-t-il au téléphone d’une voix à peine éraillée malgré les années. Et puis je suis tombé dans le piège tropézien. C’était l’été 64, nous sommes tous descendus dans ce petit port qui faisait rêver tout le monde. Nous vivions en vase clos. Nous faisions tout, ensemble : boire, manger, rire, s’ennuyer et même baiser !» A Saint Trop’ le bon goût impose des règles et des endroits bien précis : la brasserie Sénéquier, Tahiti plage, L’Esquinade dès la tombée de la nuit. Il y a aussi les très gros bateaux et les murs d’une belle villa pour respirer à l’abri des vulgaires. «Pour quelqu’un qui observe ça de l’extérieur, c’est le rêve. Il veut à tout prix y entrer. De l’intérieur, ça peut vite devenir pesant voire étouffant. On a de furieuses envies de prendre l’air !» L’air pour Page passe par la plume. Et cette idée toute bête mais géniale : faire du «noir» dans un lieu gorgé de soleil. Un crime au sein d’une faune indolente et insouciante qui soudain quitterait les rives du rêve pour nager en plein cauchemar. Exit les ports brumeux, les rues sombres éclairées par des réverbères, les trench-coats trempés par la pluie comme dans les romans de Dashiell Hammett, Raymond Chandler ou David Goodis mais une villa dans le Midi, des maillots et une lumière saturée d’ultraviolets. Page écrit vite et bien.
Ça commence comme ça : «Jean-Claude trouve sa vie semblable à la goutte d’eau qui roule le long de sa main. Transparente, fragile et anonyme. Allongé au bord de la piscine, écrasé de soleil, il la voit en gros plan, cette goutte. A force de la fixer, il l’a élevée à la hauteur d’un symbole et il guette sa chute, le cœur battant. Il lui semble qu’il va mourir en même temps. Prudent, il préfère bouger, tourner la tête en laissant sa main retomber dans l’eau bleue de la piscine.»
Une goutte, du soleil, J.C. Les éditeurs refusent la chose : «Ils trouvaient que ça ne faisait pas assez polar et le style trop précieux. J’ai même une lettre de refus des éditions Juillard où pour justifier leurs réservent, comparent mes personnages à ceux des romans de Françoise Sagan. S’ils savaient ! Je n’ai pas insisté. A l’époque j’écrivais au moins six romans par an. Je l’ai mis de côté pour plus tard !» Première longueur.
Une eau encore dormante "La piscine" sort de l’eau grâce à Claude Vital, un ami de Page et accessoirement assistant réalisateur de Georges Lautner sur ses comédies franchouillardes et audiarisées : Les tontons flingueurs, Les barbouzes, Ne nous fâchons pas… Lautner cherche alors du sérieux, du sombre. Vital se tourne vers Page qui ressort du placard l’histoire de son crime jet-set et file voir Lautner. «Quinze jours après, poursuit l’auteur, ce n’est pas Lautner qui m’appelle mais Jacques Deray. Il aime mon histoire, l’atmosphère de fête perpétuelle qui bascule soudain dans l’horreur. Il me prévient toutefois que ses précédents long-métrages n’ayant pas été de gros succès, l’affaire pourrait prendre un peu de temps, voire n’aboutisse jamais. Je lui ai donné mon accord de principe. Peu importe le temps qu’il mettrait à boucler son film.»
A la fin des années 60, Deray, proche de la quarantaine, connaîtra bientôt le succès grâce à son association avec Alain Delon rencontré pendant la préparation de "La piscine". Pour l’heure, il n’est pas le cador de la profession, celui de Borsalino, de Flic Story ou de Trois hommes à abattre. Son début de carrière est confidentiel. Rififi à Tokyo, Symphonie pour un massacre ou encore L’homme de Marrakech, grossissent certes un CV, garantissent un savoir-faire mais pas encore une vraie patte. Deray n’est pas non plus un auteur comme les petits gars de la Nouvelle Vague qui fleurissent à ce moment-là. Cela ne l’empêche pas de les regarder avec admiration mais toujours à distance, avec la certitude de ne jamais en être vraiment. Dans un entretien donné à Yves Allion pour L’avant-scène cinéma en 2002, soit un an avant sa mort, le cinéaste avoue d’ailleurs : «On ne peut pas commencer une carrière en 1960 sans être irrigué par ce sang neuf du cinéma. Car même si je n’ai pas suivi le chemin de Truffaut ou de Chabrol, je m’en sentais assez proche […]. Je me situe à un point de rencontre entre la Nouvelle Vague, ce cinéma de qualité pour lequel j’avais travaillé en tant qu’assistant (pour Gilles Grangier principalement !) et le cinéma américain qui était pour moi une école formidable.» Fataliste sur son statut de bon technicien, Deray confie un peu plus loin : «C’est vrai que j’ai souffert un peu petit peu que l’on ne m’associe pas à l’auteur, mais en même temps je ne trouvais pas ça anormal.» Avec "La piscine", il veut bouger ses propres lignes et voit dans cette histoire une formidable exploration des tensions au sein d’un couple. L’eau dormante promet une émancipation possible. Ce n’est pourtant pas gagné. En 1967 quand Deray voit toutes les portes des grands bureaux des Champs-Elysées se claquer les unes après les autres, Alain Delon n’est pas encore Jean-Paul et Romy, Marianne. Saint Trop’ est encore un doux mirage et les eaux dorment encore. Tout le monde lui répond que dans son histoire, il ne se passe rien. Ou si peu. Mais les ondulations ne vont pas tarder à apparaître à la surface du bassin. La deuxième longueur est bientôt terminée.
«Je trouve que leur aventure sent l’employé de bureau…» Le producteur qui dit oui s’appelle Gérard Beytout. Il est assis sur le succès de la saga defunesque des Gendarmes. Mais ça, Alain Page ne le sait pas encore, lorsqu’il entre dans le bureau du mogul avec Jacques Deray pour céder les droits de son histoire. «Son bureau était certes pas loin des Champs-Elysées mais il ne payait pas de mine. Je ne connaissais rien au monde du cinéma, je n’avais pas d’agent. J’aurais dû me renseigner un peu avant de débarquer de ma province par le train du matin. Je suis allé directement avec Jacques chez Beytout la fleur au fusil. Il m’a proposé de mettre mon salaire en participation. En sortant, je suis allé déjeuner avec Jacques. C’est à ce moment-là qu’il me donne les références du producteur et m’annonce comme si de rien n’était qu’Alain Delon est intéressé. Le petit film devenait soudain une grosse production !J’avais un peu le sentiment de m’être fait avoir !»
Et ce d’autant plus, que Deray a déjà bien avancé et surtout confié à Jean-Claude Carrière le soin d’adapter le scénario de "La piscine". Page est donc rapidement hors-jeu et forcément amer. Deray écrit dans son autobiographie, J’ai connu une belle époque (Editions Christian Pirot) : «Par correction et pour recueillir son avis, j’envoie à Alain Page le texte à peu près définitif de Jean-Claude Carrière. Sa réponse est rapide et violente : «… Je trouve que leur aventure sent l’employé de bureau… Il n’y a pas d’apparences, simplement un chassé-croisé au niveau du sexe. J’avoue que j’attendais mieux de Carrière». Nobody is perfect.» Si l’auteur reconnait aujourd’hui la qualité du film et la puissance de feu du face à face Schneider – Delon, il trouve que sa matière première a été simplifié sur l’autel de l’efficacité dramatique. «A l’écran, Delon n’a pas un sou et voit débarquer Ronet en Maserati, plein fric. On comprend que naisse chez lui une frustration qui se mue en haine et le pousse finalement au crime. Dans le roman, c’est le plus jeune qui est riche, beau, propriétaire de la maison et qui finit par être jaloux du plus vieux. Ce dernier possède en effet, une chose qu’il n’aura jamais : un charme ravageur. Un charme à la Vittorio Gassman. Harry contrairement à Jean-Paul n’a pas un rond mais séduit tout le monde. Je trouvais plus complexe et intéressant ce renversement de valeurs.» Idem pour la fin. Page soucieux d’isoler du reste du monde ses personnages hors d’atteinte du haut de leur tour d’ivoire, préfère les enfermer un peu plus refusant toute rédemption possible. «A l’écran, ça respire le parfum du compromis, soupire-t-il. En voyant le couple face à la mer, le film laisse le spectateur sur une note d’espérance et d’éternité. J’étais bien plus acide. La police n’était pas dupe mais elle ne pouvait pas à prouver la culpabilité de Jean-Paul. Tous les protagonistes se retrouvaient finalement prisonniers de la maison. Le huis-clos se refermait sur eux.» Le roman d’Alain Page on s’en doute, a trouvé preneur pendant la production du film, et sortira en librairie dans la foulée de son adaptation ciné. Alain Page a laissé tomber son pseudo pour l’occasion et retrouve son patronyme de naissance : Conil. Jean-Emmanuel Conil.
Les derniers mots du livre disent ceci : «Marianne, les regardant tour à tout, dit d’un ton enjoué : «J’ai préparé un repas froid. Salade niçoise, crabe, fromage et fruits. » Personne ne bouge. Dans le silence habité de la nuit qui tombe, quelque chose vibre. Les reflets des rares lumières courent à la surface de la piscine qu’enveloppe le parfum des bougainvillées. L’air frémit comme au passage d’une ombre. «Harry ?»
"La piscine" laisse donc le lecteur avec un fantôme. De ces petits arrangements avec le roman, Jean-Claude Carrière interrogé lui-aussi par téléphone, ne s’en souvient pas : «Jacques m’avait juste confié quelques pages où il était question des grandes lignes de l’intrigue. J’ai travaillé immédiatement. La seule consigne que j’avais c’était d’y aller mollo sur les dialogues. Deray sortait de plusieurs films scénarisés par Michel Audiard, il n’en pouvait plus. Je me souviens parfaitement de ce qu’il m’a dit : «Chez Audiard, les vedettes ce sont les mots, tu ne peux pas faire autrement que de filmer les visages des acteurs qui parlent ou qui écoutent, c’est frustrant. Donc moins tu mettras de mots, plus tu m’obligeras à avoir de l’imagination.»»
Une lointaine expression de tristesse Reste juste un film à faire. Delon entré dans le processus via le producteur écarte de fait les noms des interprètes pressentis : le britannique James Fox et le français Claude Rich. Côté femmes, Monica Vitti, Delphine Seyrig, Natalie Wood, Angie Dickinson ou encore Leslie Caron sont très vite rayées de la liste. Romy Schneider servie par Delon suscite toutefois un petit débat en interne sur le mode «faut-il vraiment ressusciter Sissi ?» mais on ne refuse rien à Delon. Sur ce coup-ci tant mieux. Jacques Deray rencontre l’actrice teutonne et écrit : «Dès la première minute, je suis conquis. Je la trouve rayonnante, avec pourtant dans le regard une lointaine expression de tristesse.» Romy Schneider a 30 ans, elle est mère d’un petit garçon. Quelques mois plus tôt le père de l’actrice est mort d’un infarctus d’un excès de tract est-il précisé dans la bio. Les choses de la vie commencent à sonner différemment. Jean-Claude Carrière précise : «Romy a tout pour elle, y compris les premières blessures de la vie, les inquiétudes de la trentaine. A l’écran, elle irradie. Plus tard, Delphine Seyrig m’a avoué qu’elle n’était pas très emballée à l’idée d’apparaître à l’écran, quasi nue, la plupart du temps. Elle n’avait plus 20 ans. Romy, elle, n’a pas hésité, c’était très courageux de sa part.» Cette «expression de tristesse» que porte Romy Schneider, c’est bien-sûr bon pour la caméra. Deray le sait. Sa mise en scène jouera de toute façon à fond sur l’intériorité des personnages : «Je n’avais pas envie de faire des panoramiques savants, mais je voulais en permanence aller vers le regard. J’avais quand même la chance d’avoir Delon, Romy Schneider ou Ronet devant mon objectif. Avec des acteurs comme ceux-là, la caméra peut s’éterniser un peu en gros plan : on ne s’ennuie pas.»
Quant à Jane Birkin, la ravissante britannique, elle incarne à elle-seule le visage d’une jeunesse libérée qui renvoie à la figure de la génération précédente - celle de Romy Schneider, Bardot et consorts – cette insouciance tant désirée mais qui leur a été si souvent refusée. Jane B. a déjà participé à quelques films dont le culte Blow up de Michelangelo Antonioni. Elle est ici Pénélope, la fille discrète et innocente de l’arrogant Harry (Maurice Ronet). Elle observe passive sur son transat le manège des sentiments : amour, haine et rancœurs. Deray confie dans un magazine la façon dont la sylphide lui serait apparue : «Parce qu’elle dînait à Saint-Germain-des-Prés, un soir de 1968, parce qu’elle avait un accent pas comme les autres, une façon de sourire, de rire, de marcher, de s’étonner, parce qu’elle avait un grand sac de paille, Jane se retrouve quelques jours plus tard au bord d’une piscine.» Qu’importe si cette histoire est vraie, la magie du cinéma n’est faite que de hasards savamment mis en scène.
Juillet - Août 1968. Le producteur Gérard Beytout a loué une villa à Ramatuelle pour des vacances en famille. Il gardera les clefs jusqu’à la fin septembre et s’en servira comme décor pour "La piscine". Deray attend donc que Beytout et sa clique aient fini de se dorer la pilule et débarque à la fin août. «Je m’installe enfin, avec toute l’équipe pour un tournage supposé commencer en septembre se souvient Deray dans son autobiographie. Le temps est splendide et l’eau de la piscine, d’un bleu azur, n’attend plus que les corps bronzés des protagonistes.»
Un hédonisme petit-bourgeois 1968. La révolte du mois de Mai est encore chaude. Deray faisait partie de la bande des cinéastes qui ont baissé le rideau du festival de Cannes quand Godard hurlait : «Je vous parle de solidarité avec les étudiants et les ouvriers, vous me parlez de travelling et de gros plan : vous êtes des cons !» Pourtant à Ramatuelle, tout le monde semble s’en foutre éperdument. Le film aussi d’ailleurs. Sous les pavés, "La piscine". Dans ce drame, le hors champ n’existe pas. Il règne un hédonisme petit bourgeois totalement assumé. 1969, l’année de la sortie du film, sera de toute façon érotique. «Et "La piscine" alors ? se demande le cinéaste dans ses mémoires. Elle attend paresseusement, loin des mouvements encore chauds qui doivent faire craquer la cuirasse d’un cinéma bourgeois», avant d’ajouter lucide sur lui-même et ses convictions : «Ce bouleversement, des rues et des idées, ne change rien pour moi.»
Sa caméra, presque impassible, se fait, comme convenu, discrète. Elle scrute comme par effraction les moindres faits et gestes des uns et des autres, se rapproche prudemment des visages pour saisir la violence derrière les masques, quitte à suspendre le temps. Jean-Claude Carrière précise : «Deray n’était pas un intellectuel et ne s’est jamais présenté comme un auteur. C’était un faiseur de films qui connaissait la technique sur le bout des doigts. Il avait beaucoup de goût pour établir de magnifiques rapports entre la caméra et les acteurs. Je me suis rendu une seule fois sur le tournage, l’ambiance était très sérieuse.»
Deray ajoute : «Peu de fêtes sur le tournage, plutôt «chacun chez soi» sauf pour l’anniversaire de Romy […] Alain et Romy, follement heureux de se retrouver au début, ont au bout de quelques semaines épuisé les émotions des souvenirs de leur cher et tumultueux passé.»
Au final, sur l’écran, il y a donc très peu de dialogues et beaucoup de regards. "La piscine" sort en janvier 1969. En pleine grisaille hivernale, le film annonce déjà les couleurs de l’été. L’avant-première a lieu dans un cinéma des Champs-Elysées, Le Balzac en présence bien-sûr des acteurs. L’ambiance est plutôt joyeuse. Tout au plus Deray note les tensions qui règnent autour de Delon en raison de l’affaire Markovic, du nom de «l’homme à tout faire» de l’acteur dont le corps a été retrouvé dans une décharge près de Paris deux mois auparavant. Toute la presse en fait ses choux gras. Romy Schneider est là-aussi, mais se tient légèrement en retrait. «Nous nous sommes tous retrouvés au Fouquet’s pour le cocktail, se souvient Alain Page. Jane Birkin passait son temps à demander avec son accent anglais : « Vous n’avez pas vu Serge ?» Elle portait un chemisier ouvert jusqu’au nombril et un grand sac lui pendait sur l’épaule. Romy, de son côté, paraissait plus sombre. Elle s’est d’ailleurs rapidement éclipsée. Quant à Delon, il est venu me saluer pur me dire que si j’avais d’autres sujets de film à lui proposer, de ne pas hésiter…»
Une éternité et un naufrage Plus de 2,5 millions de spectateurs plongent avec Romy et Alain. Le couple qui n’en est pourtant plus un, fait fureur en une des gazettes. Delon, poursuit son incroyable ascension populaire. Quant à Schneider, sa carrière va connaitre un second souffle inespéré. Quelques semaines auparavant, dans un coin du studio où elle assure la postsynchronisation de "La piscine", un certain Claude Sautet observe la belle faire ses vocalises. Pour elle et lui, c’est le début d’une glorieuse collaboration : "Les choses de la vie", "César et Rosalie", "Max et les ferrailleurs", "Mado", "Une histoire simple"…
Depuis 50 ans "La Piscine" ne désemplie pas, passe et repasse à la télé et continue de faire fantasmer celles et ceux qui aiment à se mirer dedans. Récemment, pour le besoin d’une campagne publicitaire, une prestigieuse marque de parfum a ressortie une photo de Delon période "Piscine" vantant les mérites de la fragrance. La figure du comédien alors au faite de sa beauté, est devenue icône. Cela n’a pas empêché le cinéaste italien Luca Guadagnino de relifter "La Piscine" en 2015. Au diable, les idoles ! Dans l’ampoulé et bavard "A Bigger Splash", Tidla Swinton est Schneider, Matthias Schoenaerts, Delon, Ralph Fiennes, Ronet et Dakota Johnson, Birkin. Joint par téléphone au moment des faits, Guadagnino, assumait pleinement le blasphème : «Il s’agit d’une réinterprétation. Mon film tente de comprendre comment les personnages composent avec leurs pulsions, leur plaisir. Le désir conduit ici des êtres à un certain renoncement et à une grande nostalgie. A Bigger Splash est en cela un film d’aujourd’hui. Notre époque est mélancolique. En 1969, tout semblait plus joyeux.» Pour Alain Page qui a vu passer devant lui un grand nombre de projets de remake dont l’un avec Richard Gere, Sharon Stone et Tom Cruise signé Paul Verhoeven, le remake de Guadagnino est un naufrage artistique.
D’où cette furieuse envie de (re)plonger encore et encore dans les eaux troubles originelles de ce passé forcément idéalisé. Le dernier plan du film de Deray, montre Romy Schneider dans la même robe blanche qu’à son arrivée à l’aéroport de Nice. Dans l’encadrement d’une des fenêtres de la villa, on la voit blottie dans les bras d’Alain Delon. La caméra à l’extérieur les regardent amoureusement et les retient prisonniers. Pour eux, il n’y a peut-être plus d’après. Ne reste qu’une éternité en trompe l’oeil.
Pour Sarah Biasini, l’écriture c’est "vraiment la liberté ultime" Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, c’est la comédienne et écrivaine Sarah Biasini.
Comédienne et écrivaine, Sarah Biasini est le fruit des amours de l’actrice Romy Schneider avec le journaliste italien Daniel Biasini. Elle n’a que cinq ans lorsque sa mère disparaît accidentellement et c’est en se préparant à devenir à son tour maman que l'envie de mettre noir sur blanc son histoire naît dans son esprit. Son titre : "La beauté du ciel" (Éditions Stock). Un ouvrage libérateur, intime, personnel mais pas confidentiel.
Elodie Suigo : Vous êtes toujours la fille de Romy Schneider et de Daniel Biasini mais vous êtes surtout devenue "la mère de". C'est d'abord pour votre fille que vous écrivez ce livre ? Sarah Biasini : Oui. C'est pour cette enfant. Cela étant, ça me faisait plaisir parce que j'avais envie d'écrire depuis un certain temps. Donc, je me faisais d'abord plaisir à moi-même j'avoue... C'était un peu égoïste.
Elodie Suigo : Ce livre démarre sur votre grossesse, votre fille n'est pas encore née. Mais déjà vous aviez ce besoin de transmettre, ce besoin de passer à autre chose à la suite de la profanation de la tombe de votre mère. Est-ce que ça a été un vecteur, un déclic pour écrire ces lignes ? Sarah Biasini : Oui. C'est à dire que quand cet événement de la profanation est arrivé, il a découlé sur une procréation donc une bonne nouvelle. Là, je me suis dit : "Mais c'est un point de départ extrêmement romanesque pour une histoire, pour un livre, et ce serait dommage de ne pas utiliser ce point de départ, ce déclic". Et effectivement, je me retrouve enceinte et je pense comme toutes les mères, tous les parents, tous les pères, avant de voir arriver physiquement l'enfant, on se dit : "La responsabilité est tellement grande, la charge qui va nous tomber sur les épaules" donc j'ai voulu gagner du temps et je me suis demandé : "Alors, qu'est-ce qu'il faut que je lui raconte ? Qu'est-ce qu'il faut que je lui dise ? Comment je vais le faire ? Quel genre de mère je veux être ?" Je me suis dit : "Allez oui, je lui raconte une histoire !"
Elodie Suigo : Cette histoire, c'est la vôtre, c'est celle de votre famille. Il y a un adage pour ouvrir cet ouvrage, il y en a deux très exactement, je vais lire celui de Jacques Higelin : "La mort est le berceau de la vie". Ça en dit long sur ce besoin que vous aviez aussi de préciser certaines choses. Sarah Biasini : Il n'y avait aucune volonté de régler des comptes ou de "remettre l'église au milieu du village" comme on dit parfois. Je parle de ce qui a trait à cette notoriété.
Elodie Suigo : Que vous détestez d'ailleurs, finalement, vous ne l'aimez pas cette notoriété. Sarah Biasini : Elle ne m'intéresse pas plus que ça, je m'en contrefiche un peu. C'est d'abord ma mère, je trouve que c'est un parcours magnifique, professionnel, évidemment c'est admirable et je trouve qu'elle est absolument géniale dans son travail. Pour ce livre, ce n'était vraiment pas le cinéma, c'était le rapport à la mère, le rapport à la mienne de mère, le rapport entre ma fille et moi, sa mère, et le rapport avec des mères qui ont fait office de mère pour moi, des mères de substitution.
Elodie Suigo : Sur la couverture de cet ouvrage, il y a une photo, c'est vous et votre mère. Cette photo en dit long sur cet échange que vous avez aujourd'hui avec votre fille, vous vous posez beaucoup de questions. Vous vous dites : "Il va falloir que je l'accompagne toute la vie" comme si elle n'était là qu'à un moment donné. Vous vous posez beaucoup de questions ? Sarah Biasini : Oui, j'ai des frayeurs mais tous les parents ont des frayeurs et j'en ai peut-être un petit peu plus parce que j'ai vécu ça. Donc je sais que ça peut arriver, les morts brutales, les accidents, donc je suis obligée d'y penser, ça me traverse l'esprit et je me suis dit encore une fois : "C'est un vrai sujet en soi, l'amour maternel qui est angoissé et qui est marqué par le passé".
Elodie Suigo : Vous avez grandi avec votre mère/grand-mère comme vous l'appelez d'ailleurs, paternelle. C'est à elle que vous avez posé les vraies questions, notamment les questions de transmission. Elle vous a aidé à vous construire ? Sarah Biasini : Oui, bien sûr, elle m'a tout donné. Elle est un personnage à elle toute seule parce qu'elle est la maternité incarnée, elle peut tout donner à ses enfants. Alors elle fait des erreurs mais comme toutes les mères et elle le sait, elle en parle.
Elodie Suigo : Vous revenez d'ailleurs sur son parcours parce qu'il y a eu beaucoup de rumeurs, comme quoi notamment votre grand-mère aurait été une amante d'Adolf Hitler, que vous dégagez d'un revers de main aussi. Sarah Biasini : Oui, c'est vrai. Je pense que ce sont des questions qui ont tracassé ma mère et je peux le comprendre très bien parce que tous les Allemands qui sont nés après, qui étaient de la génération d'après la guerre, ont beaucoup souffert du passé de leur pays et se sont posés beaucoup de questions, à juste titre, sur leurs parents bien sûr et c'est très normal. Les petits enfants ça les concerne un peu moins.
Elodie Suigo : Ça vous a fait du bien de verbaliser, d'écrire les choses ? Sarah Biasini : Ce qui m'a fait du bien c'est vraiment d'aller au bout de ce projet et de pouvoir raconter l'histoire telle que je voulais le faire. Pour moi, l'écriture, c'est la liberté ultime parce que d'abord, vous pouvez travailler de n'importe où et puis vous faites ce que vous voulez. Vous racontez l'histoire que vous voulez à votre manière et avec un peu de chance votre éditeur est d'accord et vous laisse tranquille, vous accompagne et vous donne des conseils mais c'est vraiment la liberté ultime.
Sarah Biasini : "Ce n’est pas un poids d’être la fille de ma mère. On se dit "C’est dommage qu’elle ne soit pas en vie""
Elle n'avait que 4 ans lorsque sa sublime maman, l’iconique Romy Schneider, est décédée. 40 ans plus tard, dans son premier livre "La Beauté du ciel", Sarah Biasini revient sur ce drame qui a marqué son existence. Au micro de Yahoo, elle évoque sa (re)construction, son rôle de maman, l’angoisse de la mort, l’absence d’une figure maternelle pour la guider… Un témoignage poignant.