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Source : L'Express - 29 avril 2011
Fille de Romy Schneider, Sarah Biasini est à l'affiche dans "Lettre d'une inconnue", au théâtre des Mathurins. Comédienne passionnée, elle passe du cinéma aux planches avec talent.
Il y a d'abord ce sourire éclatant, ce petit nez à la courbure parfaite, ces yeux rieurs, d'un bleu azur, qui évoquent tellement ceux de sa mère, Romy Schneider. Et puis cette personnalité ardente, celle d'une comédienne passionnée, entière et pleine de talent, qui se lance dans une partition ardue au théâtre des Mathurins. Dirigée par Christophe Lidon, Sarah Biasini incarne dans "Lettre d'une inconnue", de Stefan Zweig, une femme plongée dans une passion non partagée, ce qui la mène jusqu'aux abords de la folie et de la destruction.
On l'a vue au cinéma dans "Mon petit doigt m'a dit", aux côtés de Catherine Frot et d'André Dussollier, sur le petit écran dans "Julie, Chevalier de Maupin", puis sur scène dans "L'Antichambre", de Jean-Claude Brisville, une interprétation qui lui a valu une nomination aux Molière...
Pourtant, Sarah Biasini s'est longtemps interdit le métier de comédienne: "Je brûlais d'envie, mais redoutais l'écrasante référence, confie-t-elle. A 24 ans, après des études en histoire de l'art, j'ai décidé d'écrire mon avenir dans le spectacle vivant. Je suis partie aux Etats-Unis prendre des cours à l'institut Lee Strasberg et à l'Actors Studio et, dès mon retour, je suis montée sur les planches dans "Pieds nus dans le parc"." Depuis, elle gagne, un à un, ses galons, bien au-delà de sa filiation.
Lettre d'une inconnue Jusqu'au 30 juin.
Rens. : 01-42-65-90-00.
11h49 dans Thea-2011-Lettre Inconnue | Lien permanent | Commentaires (0)
02h24 dans Film-1979-Clair de Femme | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Webthea.com - 19 avril 2011
Photo : Laurence Lot
Le récit de Stefan Zweig est célèbre. Un écrivain connu trouve dans son courrier une très longue lettre, celle d’une femme qu’il a oubliée et dont il découvre, au fil des pages, qu’elle n’a vécu que pour lui. Elle a eu un enfant de lui, dont elle ne lui a pas révélé l’existence, qu’elle a élevé et qui est mort prématurément. Elle a vécu dans l’adoration d’un séducteur pour qui elle n’a été que la conquête d’un soir (de deux soirs puisque, des années plus tard, elle s’est redonnée à lui, sans qu’il la reconnaisse). Son cœur a palpité en vain, sans réponse, sans reconnaissance, mais ce fol amour à sens unique a été le moteur, le motif de toute une vie. Elle a éprouvé le besoin de le confier au papier et au seul lecteur qui compte, avant de disparaître, de s’effacer.
Ce texte, magnifique, bouleversant, a souvent été monté au théâtre. Christophe Lidon rompt, lui, avec les adaptations précédentes. Il a demandé à Michael Stampe un dialogue à deux personnages : l’écrivain est présent, l’amoureuse et le séducteur se parlent dans un espace-temps imaginaire. Par ailleurs, Lidon ne traite pas sans distance la passion de l’héroïne ; il évoque, dans le programme, «une manipulation féminine que le romanesque de l’histoire a souvent dissimulé». Ainsi, en même temps qu’un amour fou, c’est la folie d’un amour vengeur qui s’exprime, avec la volonté d’entraîner l’autre dans sa chute. On bascule du romantisme à un regard clinique.
Le lieu imaginaire où se déroule ce face à face improbable, Lidon et l’éclairagiste Marie-Hélène Pinon l’ont conçu comme une scène baignée dans une nuit percée de lumières, dans un ciel étoilé aux astres aussi brillants que fuyants. Mais les personnages vont parfois hors du plateau, au côté jardin et dans toute la salle. Ce climat nocturne est d’abord déroutant, mais il se révèle comme une scène de jeu de tous les possibles. Car, dans cette obscurité piquetée de quinquets, les deux interprètes varient sans cesse leurs attitudes et leurs relations, tantôt dans un rapport très corporel, tantôt dans l’écart de personnes proches et séparées. Certaines postures ne sont pas toutes de la même grâce mais cette variété du vocabulaire gestuel enrichit beaucoup la soirée. Sarah Biasini donne une flamme rare au personnage de l’inconnue. Sa voix est un chant permanent. Elle est à chaque instant d’une vivacité lourde d’émotions. Frédéric Andrau joue la difficile partition du détachement. Son personnage ne répond pas à la passion par la passion, il découvre, il analyse, il s’étonne, il songe, il s’interroge. Andrau compose très bien ce personnage d’idole qui s’étonne d’être une idole, sans le lyrisme que l’on a vu mettre en œuvre dans d’autres spectacles. Pour Sarah Biasini, la voilà dans l’un de ses plus grands rôles après "L’Antichambre" de Jean-Claude Brisville, décrivant la courbe folle de l’amour fou.
"Lettre d’une inconnue" de Stefan Zweig, adaptation de Michael Stampe d’après la traduction de Alzir Hella et Olivier Bournac révisée par Françoise Toraille (Stock), mise en scène de Christophe Lidon, lumière de Marie-Hélène Pinon, son de Michel Winogradoff.
Théâtre des Mathurins, tél. : 01 42 65 90 00. (Durée : 1 h 05).
22h28 dans Thea-2011-Lettre Inconnue | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Le Figaro - 26 avril 2011
Christophe Lidon, qui connaît bien l'interprète, la dirige dans cette adaptation pour deux voix de Stefan Zweig. Frédéric Andrau est son idéal partenaire. Un moment superbe.
Dans la vie d'une comédienne, il arrive que la rencontre avec un rôle vous transforme, vous conduise loin. Il advient qu'un personnage vous transfigure et vous accompagne jusqu'à l'accomplissement de vous-même. C'est ce qui arrive à Sarah Biasini avec la femme imaginée par Stefan Zweig dans "Lettre d'une inconnue".
Ravissante, enjouée et triste aussi dans "Pieds nus dans le parc" de Neil Simon (2005), fine mouche et aristocratique dans "L'Antichambre" de Jean-Claude Brisville (2008 et 2009), Sarah Biasini est une artiste dont on apprécie depuis longtemps la grâce et la sensibilité. Christophe Lidon, qui l'a déjà dirigée par deux fois au théâtre, rêvait depuis longtemps de porter à la scène la cruelle nouvelle de l'auteur de "Vingt-quatre heures de la vie d'une femme". Michael Stampe signe une adaptation fidèle d'après la traduction des Éditions Stock.
Il répartit la parole entre deux protagonistes et dans le rôle du séducteur qui ignore tout de l'exaltation de l'inconnue et de son funeste destin, Frédéric Andrau est parfait. Belle présence et discrétion, incarné et irréel comme le fantasme d'une toute jeune fille… Dans la petite salle des Mathurins, celle qui parle est comme prisonnière d'un ultime piège. L'espace est très bien utilisé, les lumières de Marie-Hélène Pinon flattent et poursuivent d'un même mouvement. Pieds nus, sensuelle dans la combinaison noire qu'elle cache sous un manteau, Sarah Biasini, belle voix, beau visage, impose l'attachante personnalité d'une femme littéralement folle d'amour. Sans excès, mais avec intelligence, profondeur, et une bouleversante sensibilité.
Versions filmées Max Ophuls et Deray
Stefan Zweig a toujours inspiré les cinéastes. Max Ophüls en particulier qui, en 1948, tourna son deuxième film hollywoodien avec Joan Fontaine et le jeune Pierre Jourdan (Jacques François, pressenti, avait la phobie de l'avion et n'arriva pas à temps). Ce fut le cultissime "Lettre d'une inconnue". En 2001, Jacques Deray signa sa version avec Irène Jacob et Christopher Thompson. Dans les deux cas, une distribution nombreuse étoffe le propos.
Lettre d'une inconnue
Théâtre des Mathurins, 36, rue des Mathurins, VIIIe
Tél. : 01 42 65 90 00.
Horaires : 21 h du mar. au sam. et en mat. sam. à 16 h 30.
Places : 32€. Durée : 1 h 05 jusqu'au 30 juin
13h56 dans Thea-2011-Lettre Inconnue | Lien permanent | Commentaires (1)
MARSEILLE (Reuters) - L'actrice française Marie-France Pisier, égérie du cinéma d'auteur, est décédée à l'âge de 66 ans dans la nuit de samedi à dimanche à Saint-Cyr-sur-Mer (Var), où elle résidait. [...]
L'une des pistes envisagées est une chute accidentelle. Des travaux étaient en cours autour de la piscine de la résidence, a-t-on ajouté de même source.
Actrice "intellectuelle" et engagée, Marie-France Pisier fut couronnée à deux reprises du César du Meilleur second rôle pour "Cousin Cousine" (1976) de Jean-Charles Tacchella et "Barocco" (1977), une oeuvre d'André Téchiné qui en fit l'une de ses comédiennes fétiches.
Née le 10 mai 1944 dans l'ex-Indochine française, elle débuta au cinéma en 1961 grâce à François Truffaut, qui l'enrôla pour le sketch "Antoine et Colette" face à Jean-Pierre Léaud (Antoine Doinel) dans le film "L'Amour à vingt ans". Dix-sept plus tard, elle incarna Colette dans "L'Amour en fuite", dernier chapitre des aventures d'Antoine Doinel qu'elle coécrivit avec Truffaut.
Une femme libre
Silhouette sophistiquée, distance toute bourgeoise, timbre de voix sans pareil, Marie-France Pisier fut au coeur des univers d'Alain Robbe-Grillet, Luis Bunuel ou Jacques Rivette.
Mais on la retrouva aussi dans des succès populaires, comme "L'as des as" de Gérard Oury aux côtés de Jean-Paul Belmondo (1982) ou "Le Prix du danger" (1983) où elle incarnait une productrice de téléréalité avant l'heure. Yves Boisset, le réalisateur du "Prix du danger", a salué dimanche une actrice d'"une grande classe et (d')une grande intelligence".
Plus rare au cinéma dans les années 90, elle avait tourné avec de jeunes réalisateurs ces dernières années, comme Christophe Honoré ou Maïwenn. Elle fit sa dernière apparition à l'écran dans "Il reste du jambon?" (2010), une comédie d'Anne Depetrini. Engagée dans le mouvement du 22 mars 1968, elle avait à l'époque croisé le chemin du leader étudiant Daniel Cohn-Bendit. Elle était également signataire du Manifeste des 343 en 1971, une pétition pour la liberté d'avortement en France.
Comédienne de théâtre, elle était aussi écrivain, scénariste et réalisatrice. Elle avait publié en 1984 "Le Bal du gouverneur", un roman inspiré de son enfance qu'elle adapta pour le cinéma en 1990 avec l'actrice Kristin Scott-Thomas dans le rôle principal.
Source : Bourcier.com - 24 avril 2011
Sophie Louet avec Jean-François Rosnoblet à Marseille
20h11 dans Carnet noir | Lien permanent | Commentaires (1)
10h51 dans Perso | Lien permanent | Commentaires (3)
02h19 dans Artistes | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : L'expansion - 21 avril 2011
De Stefan Zweig, adaptation de Michael Stampe sur la base de la traduction de Alzir Hella et Olivier Bournac mis en scène par Christophe Lidon au Théâtre des Mathurins à Paris.
Lorsque la lumière s'éteind dans la toute petite salle du théâtre des Mathurins, le noir vous écrase déjà. Une voix grave (car malade ce soir-là) se fait entendre. La silhouette cintrée dans un imperméable noir, les cheveux blonds remontés d'une auréole, Sarah Biasini (fille de Romy Schneider, doit on encore le rappeler !) est plaquée contre le mur. Elle fait déjà corps avec son texte, fragile et forte à la fois, elle est déjà toute à sa souffrance.
La lecture de la "Lettre d'une inconnue", se fait à deux voix, sur une mise en scène faite d'ombres et de petites lumières, comme des petites étoiles, éclairant tout à tour le visage grave et blessé de la jeune femme et celui du lecteur. Toute la vie de cette jeune femme tient en 12 pages écrites fiévreusement, écrites avant de partir à jamais. Une lettre où le mensonge n'a pas de place.
A 13 ans, dans l'immeuble ou elle vit seule avec sa mère, elle croise celui qu'elle va aimer toute sa vie, un jeune auteur qui la fascine. Elle le regardera vivre, aimer toutes les femmes qui défilent chez lui. Elle l'espionnera, avec une parfaite connaissance dans les moindres détails de sa vie, et surtout sans qu'il n'en sache jamais mais jamais rien. Ils s'aimeront, elle se donnera 4 fois, par le plus grand des hasard, hasard organisé par elle même, elle portera un enfant de lui, qui vient de mourir lorsqu'elle écrit cette lettre.
Le face à face est poignant. Cette femme qui a donné sa vie pour cet homme volage, léger, insouciant, croquant la vie et les plaisirs au gré du vent, qui découvrira à travers cette lettre que cet enfant était le sien. D'abord il s'étonne, puis s'agace, se révolte aussi mais surtout ne comprend pas.
Toute la profondeur et la sensualité du texte, l'amour de l'autre, pour l'autre, l'oublie de soi, le don de soi, résonnent sur cette toute petite scène. La lettre s'interrompt... Les applaudissements n'en finissent pas !!!
Martine Acabo
15h43 dans Thea-2011-Lettre Inconnue | Lien permanent | Commentaires (0)
J'ai eu le très grand l'immense plaisir d'aller voir cette pièce. Et...
O-h m-o-n D-i-e-u !!!!
Les lumières se rallument... Il faut respirer à nouveau et sécher les pleurs... Un soupir... Pas facile avec une gorge nouée et un estomac retourné...
L'émotion est immense. Intense dès les premiers intants... jusqu'à la fin.
Et encore si longtemps après le spectacle.
Un texte magnifique de Stefan Zweig (si actuel) simple et prenant. On le découvre, on a envie d'y revenir. Les comédiens (Sarah Biasini et Frédéric Andrau) sont bouleversants. Un amour fou mis en scène par Christophe Lidon de manière impeccable dans une salle intime et un jeu de lumière étonnant.
Les spectateurs ne s'y sont pas trompés.
M e r c i.
00h30 dans Thea-2011-Lettre Inconnue | Lien permanent | Commentaires (3)
Source : Paris-Match.com - 20 avril 2011
Dans un magnifique album photo, le plus pudique des acteurs rend hommage aux femmes de sa vie.
Un entretien avec Michel Drucker - Paris Match
Retrouvez Alain Delon, invité de Michel Drucker dans
l'émission "Vivement dimanche" le 24 avril 2011
Je le connais depuis longtemps, et pourtant nos tête-à-tête ont été rares. La pudeur sans doute, qui a souvent peur de ces rendez-vous parce qu’ils sont quelquefois faits de silence. Notre amitié est née bien sûr sur les plateaux de la télévision, dans les années 70. Mais aussi sur certains tournages. Je me souviens m’être fait tout petit sur le plateau du «Cercle rouge» et du «Clan des Siciliens». Ce déjeuner avec «le lion», je m’y suis préparé depuis plusieurs jours parce qu’avec Alain on ne sais jamais quelle sera la météo du moment. Ciel couvert ou grand bleu. Si ce jour-là vous tombez sur «Le samouraï», bonjour l’ambiance ! Mais si vous tombez sur «Plein soleil», vous allez connaître un vrai moment de bonheur parce que, quand le séducteur sourit à la vie, il est alors irrésistible. Ce rendez-vous est important car, pour la première fois, il va me parler longuement d’un sujet qu’il connaît mieux que personne : les femmes… Ses femmes. Celles qui ont partagé sa vie : Nathalie, la seule qui s’est appelée Mme Delon. Mireille Darc, son amie, sa complice pour la vie, celle qui le connaît le mieux. Romy Schneider évidemment… Et Anouchka, sa fille, sa star qu’il aime aujourd’hui plus que tout au monde et avec qui il vient de vivre, au théâtre, peut-être la plus grande émotion de sa carrière. Mais il y a aussi les femmes qui sont ses amies de toujours, au premier rang desquelles Brigitte Bardot, qui signe de manière éblouissante la préface d’un «album souvenir» événement qui sort dans quelques jours. Et puis il y a ses partenaires, celles qui l’ont accompagné depuis cinquante ans devant les caméras des plus grands metteurs en scène.
Enfin, il y a des révélations, dont la plus touchante est son histoire d’amour avec Dalida. Ils s’étaient connus en 1956, voisins de chambre dans un petit hôtel du VIIIe arrondissement de Paris. Comme convenu, nous nous retrouvons à 13 h 15 chez Laurent, le restaurant des hommes d’affaires et des politiques, à deux pas du palais de l’Elysée. Un endroit calme et discret, propice à la confidence, où les réseaux les plus influents se croisent chaque jour. Alain Delon est un ponctuel qui n’aime pas que les autres ne le soient pas. A 13 h 15 précises, je l’aperçois en conversation avec deux femmes blondes qu’il enveloppe de son regard magique. Il est souriant. Je suis tombé sur un bon jour, un jour de séduction. En entrant dans le restaurant, les quelques femmes présentes se retournent sur notre passage – que dis-je ? sur son passage. C’est comme ça depuis cinquante ans. Quand l’acteur français le plus connu dans le monde entre quelque part, à Paris, Tokyo, Shanghai ou Moscou, on a l’impression pendant quelques secondes que le temps s’arrête. En passant près d’une table, j’entends une femme blonde couverte de bijoux, la cinquantaine galbée, triomphante, souffler à sa voisine : «Il est toujours beau.» A 17 ans déjà, dira sa mère Mounette, dans la charcuterie familiale tenue par son beau-père, le môme désarmait les clientes rien qu’en les regardant : «Il avait des yeux qui foudroyaient. Il possédait déjà cette aura et ce regard de loup qui mettent tout par terre.»
Ce regard-là a terrassé les plus belles femmes du cinéma français et international. Delon a été un des plus beaux mecs du monde. Et il écrit dans cet album exceptionnel, jalonné de photos souvent inédites : «J’ai voulu par ce livre rendre hommage à celles que j’ai aimées, qui m’ont aimé et à qui je dois tout ce que je suis.» Car cet acteur hors norme doit tout aux femmes. Il n’a cessé de vouloir les séduire et, à 70 ans passés, il aime toujours se retourner sur une silhouette gracile et croiser le regard d’une jeune fille qui lui fait comprendre qu’il n’est pas seulement l’idole de sa mère. Au cours de ce long entretien, celui qui se considère comme le «Dernier des Siciliens» m’a paru parfois mélancolique, dégageant une forme de lassitude, de désenchantement devant le temps qui file. Car cet homme si doué pour tout n’a jamais été doué pour le bonheur. Comme l’écrit si bien Brigitte Bardot dans sa préface : «Si mon ami Alain donne cette image d’un homme qui mord la vie à pleines dents, il sait aussi apprivoiser la mort. Peut-être sera-t-elle la dernière “femme de sa vie”.»
Paris Match. Quel est le premier visage de femme qui t’a marqué ?
Alain Delon. Celui de ma mère, Mounette. C’est la première photo du livre. Ma mère en train de me baigner dans une petite baignoire en cuivre. Mounette (qui s’appelait Edith) m’a adoré, admiré. Elle a été si fière de ma réussite. Elle a compris très vite que je n’étais pas un gamin comme les autres. Elle aurait voulu être actrice. Elle en avait le tempérament mais la vie et un remariage en ont décidé autrement. Je suis devenu ce qu’elle avait voulu être et elle a été néanmoins heureuse de ma réussite. Je la remercie pour tout cela et pour le reste.
Cet album, “Les femmes de ma vie”, est une sorte de livre de mémoire illustré par des dizaines de photos. Qu’as-tu ressenti en les choisissant ? C’était émouvant et déchirant. Voir toute sa vie défiler en quelque 200 photos a été parfois une épreuve. Je ne connaissais pas certaines de ces photos. Beaucoup de souvenirs sont revenus. Ce qui me rend mélancolique, c’est que certaines de ces femmes ne sont plus là. D’autres ont vingt ans de plus que moi. Elles sont à la fin de leur vie mais, malgré leur âge, ce sont des personnalités à jamais ancrées dans mon existence. Je dis d’ailleurs, dans le livre, que je retiens ce que j’ai possédé et que je n’oublie jamais.
Paris Match.C’est le cas de Brigitte Auber et de Michèle Cordoue ?
Alain Delon. Je peux même affirmer qu’elles m’ont lancé. Brigitte Auber, dans les années 50, était une vedette. Héroïne de “Rendez-vous de juillet” de Jacques Becker, elle était également à l’affiche, à l’époque, de “La main au collet”, d’Alfred Hitchcock, aux côtés de Grace Kelly et de Cary Grant. Dans ces années-là, je ne suis rien. Je rentre d’Indochine. Ma rencontre avec Brigitte, rue Saint-Benoît dans une boîte de jazz, sera décisive. J’habiterai très vite chez elle. C’est Brigitte qui me présenta Michèle Courdoue, l’épouse du metteur en scène Yves Allégret. Elle m’imposera auprès de son mari qui me donnera mon premier rôle dans “Quand la femme s’en mêle”, titre prémonitoire. Plus de cinquante ans après, je n’oublie pas ce que je dois à ces deux femmes.
Il y a quatre femmes-clés qui figurent à tes côtés à la une de ce numéro de Match : Romy, Nathalie, Mireille et Anouchka. Comment t’ont-elles aimé ? Comment les as-tu aimées ? Avec Romy, les souvenirs sont doux et douloureux. Ce que je garde à jamais dans mon cœur, c’est son sourire. Quand elle souriait, tout s’éclairait, se métamorphosait. En 1958, je suis débutant. Elle est déjà “Sissi”, star européenne. Elle n’a que 20 ans. Moi, j’étais un jeune loup que l’Indochine avait durci. Tout nous séparait. J’ai fait des essais concluants, et elle m’a choisi pour être à ses côtés dans “Christine”. Et puis, avec la complicité de mon ami Jean-Claude Brialy qui me manque tant, nous sommes devenus amants.
Paris Match.Vos retrouvailles dix ans après étaient-elles pour toi une façon de la remercier ? Absolument, entre-temps ma carrière s’était envolée et la sienne avait marqué une longue pause. Ce fut “La piscine”, de Jacques Deray, qui fut un raz de marée.
Paris Match.Dans cette magnifique galerie, il y a celle qui fut la seule à s’appeler Mme Delon. Parle-moi de la maman d’Anthony.
Alain Delon. En effet, Nathalie et moi sommes passés devant le maire en 1964 et Anthony est né. Avec Nathalie il y avait une ressemblance troublante. On nous a souvent pris pour le frère et la sœur. Notre traversée ne fut pas toujours de tout repos car Nathalie avait un tempérament proche du mien. Mais, avec les années, nous nous sommes retrouvés et je suis fier d’Anthony.
Paris Match.Je voudrais que tu me parles maintenant de Mimi, Mireille Darc.
Alain Delon. Elle occupe une place à part dans cet album. C’est sans doute, parmi toutes les femmes que j’ai aimées, celle qui me connaît le mieux. Nous nous sommes connus en 1968 pendant le tournage de “La piscine”. J’étais séparé de Nathalie et je traversais une période très compliquée avec des soucis extraprofessionnels. Elle a été là, m’a aimé, m’a soutenu, et ça a duré quinze ans. Et je peux dire que ça dure toujours. Elle reste quelque part la femme de ma vie parce que nos liens, notre complicité sont inoxydables. Nous avons vécu tant de choses ensemble !
Paris Match.Elle a du mérite de t’avoir supporté si longtemps, car tu reconnais toi-même que vivre à tes côtés n’est pas une sinécure…
Alain Delon. Je le reconnais. Je peux être colérique, caractériel, parfois injuste, et surtout d’une impatience maladive. Je n’aime pas l’hypocrisie ; je dis les choses parfois brutalement. Mireille a vécu des moments difficiles avec moi. C’est d’autant plus méritoire qu’elle a eu de graves problèmes cardiaques et a dû se faire opérer. Mon lien avec Mimi ne sera jamais rompu.
Paris Match.Il y a dans le livre une confession troublante et touchante : ton histoire d’amour avec Dalida, dans les années 60.
Alain Delon. Nous nous sommes connus bien avant cela, dans les années 50. Je vivotais, je travaillais la nuit et au petit matin je m’écroulais dans la petite chambre d’un hôtel, rue Jean-Mermoz, près des Champs-Elysées. Au même étage, dans une autre mansarde, habitait une certaine Yolanda Gigliotti. Elle venait du Proche-Orient avec, comme seul bagage, un titre de Miss Egypte 1954. Nous rêvions de gloire et de lumière. Dix ans plus tard, elle était devenue Dalida et moi Delon. Nous nous sommes retrouvés à Rome. Nous nous sommes aimés loin des regards et des paparazzis, et les rares témoins de notre liaison restèrent discrets pendant des années. Et quand Eddie Barclay et Orlando, le frère de Dalida, nous proposèrent d’enregistrer le fameux duo “Paroles, paroles”, notre complicité était intacte. Je n’ai qu’un regret, qu’un remords, ne pas l’avoir eue au téléphone avant qu’elle ne décide d’en finir avec la vie.
Paris Match.Quelle est aujourd’hui la femme de ta vie ?
Alain Delon. Ma fille Anouchka. Il y a quelques années, quand j’ai monté les marches de Cannes avec elle à mon bras, vous n’imaginez pas ce que j’ai ressenti ! Je viens de vivre au théâtre une des plus fortes émotions de ma vie. Imaginez : pour ce qui a été peut-être mon dernier tour de piste, j’ai donné la réplique à ma fille, devenue en quelques années une excellente comédienne. Je l’aime passionnément, comme j’aime son frère, Alain-Fabien. Mais que voulez-vous, elle, c’est une femme, alors je craque.
Paris Match.Pourquoi es-tu seul aujourd’hui ? Est-ce un choix délibéré ?
Alain Delon. Je ne suis pas seul, pas du tout. Mais vivre avec qui ? Avec une femme beaucoup plus jeune que moi ? Mais je ne suis plus jeune ! Et puis quand on vieillit, on prend des habitudes. Les jeunes me déconcertent, j’ai du mal à les comprendre, eux qui passent leurs journées aimantés par l’écran de leurs ordinateurs et de leurs téléphones portables. Mais tu sais, Michel, il y a chez moi un paradoxe que tu connais. J’ai parfois été heureux en couple mais j’aime aussi être seul avec mes chiens. Les chiens qui ont jalonné ma vie pendant quarante ans m’ont toujours apporté une douceur et une quiétude infinies que les humains ne m’ont jamais données. Comme le dit Brigitte Bardot, cette amie que j’aime tant, il y a chez moi un côté sauvage. Je sais que je suis “un fauve”, et les fauves sont indomptables et seuls.
23h55 dans Ca tourne autour... | Lien permanent | Commentaires (1)
Traditionnellement, l'Amicale Romy Passion (ARP) organise deux expositions par an. Cette année, le thème en sera "Romy Schneider, l'actrice au travail" et la première se déroulera donc :
Samedi 09 et dimanche 10 juillet 2011
Dans la salle polyvalence
de Chaptuzat près d'Aigueperse (Auvergne - 63)
La seconde se déroule généralement dans les Yvelines (78) fin septembre (dates et lieux à confirmer).
Par ailleurs, et comme vous le savez peut-être déjà, l'Amicale édite chaque année une carte postale.
10h34 dans Expositions | Lien permanent | Commentaires (3)
Coffret 3 livres : Romy Schneider, Jackie Kennedy, Diana
Editeur Timée Eds
Date de parution : 28 avril 2011
Collection : Histoire Et Civilisation
Prix : ~ 38 euros
Langue : Français
ISBN-10 : 2354012780
ISBN-13: 978-2354012786
A commander sur Fnac.fr et sur Amazon.fr
Le mot de l'éditeur : Trois femmes dont le destin fût un véritable conte de fée moderne avant de tourner à la tragédie.
Romy Schneider décède à 44 ans de causes inconnues. A cette époque celle qui était une icône depuis son interprétation de Sissi, est une femme brisée, une mère anéantie, et une épouse incomprise. Ce livre retrace le destin hors du commun d’une jeune allemande fauchée en pleine ascension par le destin .
Issue d’une riche famille américaine, plus jeune première dame des Etats-Unis à 31 ans, la vie de Jackie Kennedy tient du conte de fée. Militante et brillante, elle sera un atout imparable pour l’élection de son époux. Le 22 novembre 1963, le rêve tourne au cauchemar suite à l’assassinat de JFK. Elle ne se remettra jamais réellement de sa disparition.
A 35 ans, Charles épouse la fiancée idéale : Lady Diana Spencer, 19 ans, de bonne famille et protestante. Aux yeux des médias et du monde, elle est un modèle de beauté et d’altruisme. Mais cette façade masque sa détresse, bien connue de sa belle famille. 1992 : le couple royale se sépare, le scandale explose. La liberté de l’ex princesse sera brève : le 31 Août 1997 elle est victime d’un accident mortel.
09h59 dans Les livres | Lien permanent | Commentaires (2)
Source : Blog Le Figaro - 19 avril 2011
Photo : Laurencine Lot
Dirigée par un metteur en scène qui la connaît bien, Christophe Lidon et au côté d'un partenaire très fin, Frédéric Andrau, la comédienne bouleverse dans "Lettre d'une inconnue".
Dans la petite salle des Mathurins le public s'installe sans lui prêter attention. Visage encadré d'une perruque emboîtante, nul ne la reconnaît. Elle va se lever vivement, ôtant d'un geste sûr le postiche pour entrer dans la lumière. Il y a, dans ce bref et dense spectacle, l'accord profond de tous ces artistes : ici, la musique de Michel Winogradoff, piano présent en toute discrétion, les lumières de Marie-Hélène Pinon qui sublime les visages et sait nuancer les humeurs, les costumes sobres et inassignables, le texte, extrêmement bien adapté pour deux voix par Michael Stampe d'après la traduction (Stock) d'Alzir Hella, Olivier Bournac, Françoise Toraille, tout ici compte. Tout est de haute qualité, de haute précision.
Sarah Biasini est une interprète dont on a toujours apprécié la sensibilité, la personnalité. Qu'elle soit la charmeuse un peu fêlée de "Pieds nus dans le parc", qu'elle soit la délicieuse et si intelligente Julie de Lespinasse dans "L'Antichambre" de Jean-Claude Brisville, elle déploie sa sincérité avec une réserve qui touche.
C'est Christophe Lidon, déjà, qui la dirigeait dans "L'Antichambre" comme il l'avait dirigée dans "Maestro" d'Hradnhidur Hagalin au festival d'Avignon (ce spectale nous ne l'avons pas vu). Mais ces précisions comptent car on devine une interprète qui est en confiance et un metteur en scène qui l'aime et apprécie profondément ses qualités. Au côté de Sarah Biasini dans cette partition difficile, l'écrivain nommé R***, l'homme qui hante "l'inconnue" qui lui écrit. Frédéric Andrau est parfait. Présent, il est un partenaire idéal et donne corps et vraisemblance au personnage et à la passion folle de "l'inconnue".
C'est Christophe Lidon qui rêvait de mettre en scène la nouvelle de Zweig qui a inspiré le cinéma. Deux films, celui de Max Ophüls, tourné à Hollywood en 1948 avec Joan Fontaine et le jeune français Louis Jourdan qui est pianiste dans cette version. Et aussi un film de Jacques Deray qui date de 2001, avec Irène Jocob et Christopher Thompson, Albert Rank, écrivain. Dans les deux films, on voit d'autres personnages, on voit Vienne, personnage important...
Dans la version théâtrale, la rigueur l'emporte. On revient au texte de Zweig. A cette lettre écrite comme un dernier adieu avant de disparaître définitivement. Doit-on rappeler l'intrigue ? Non si par hasard vous ne connaissez pas l'histoire, il y a un bonheur de la découverte...
C'est l'histoire d'une passion non partagée jusqu'aux abords de la folie et jusqu'à la destruction de soi. Une femme parle. Elle est pieds nus. Une heure cinq durant, elle livre son coeur, sa vie, son âme. Dans la simplicité d'une présence, la proximité, Sarah Biasini n'est jamais dans l'excès expressionniste, ce qui pourrait être le risque dans une telle partition. Non. Elle maîtrise son jeu, son interprétation. Christophe Lidon utilise tout l'espace du petit théâtre et la lumière est ici un partenaire. Frédéric Andrau, on l'a dit, dans l'écoute et en quelques mots, est remarquable. Sarah Biasini possède une très jolie voix, elle touche, elle émeut, elle bouleverse. De son déchirant personnage, elle fait une femme digne et même pudique par-delà les aveux terribles. Son beau regard, son visage troublant, sa sensualité sans démonstration, tout agit. Tout lui appartient.
Un très beau moment de grand théâtre.
Théâtre des Mathurins, petite salle, à 21h du mardi au samedi, en matinée le samedi à 16h30. Jusqu'au 30 juin au moins. Durée : 1h05. Le texte original est publié chez Stock.
Tél : 01 42 65 90 00
50% de réduction samedi 23 avril
www.theatredesmathurins.com
12h12 dans Thea-2011-Lettre Inconnue | Lien permanent | Commentaires (2)
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17h04 dans Le Magazine | Lien permanent | Commentaires (5)
Le 10 mars 2011 :
Auteur : Catherine hermary-Vieille
Editions : Plon (ré-édition)
Langue : Français
256 pages
Prix = ~ 19 euros
Sortie : 14 avril 2011
ISBN-10 : 2259214002
ISBN-13: 978-2259214001
Disponible à la commande sur Amazon.fr et Fnac.com
Le 01/04/2011 :
Ajout de la couverture.
Le 16 avril 2011
Mon avis : Le livre est sorti et on ne peut que regretter qu'il n'ait subi aucune mise à jour depuis sa sortie en 1986... Car cela aurait peut-être été nécessaire ? Vous êtes prévenu : il s'agit uniquement d'une ré-édition sans aucune modification. A l'intérieur, un petit carnet photo central. Rien d'extraordinaire, donc.
Présentation de l'éditeur : "Elle fonce sans crainte, disait d'elle Bertrand Tavernier, elle n'a peur de rien et va même quelquefois si loin qu'on doit la retenir". Qui se cache derrière cette actrice à la générosité extravagante qui, de Sissi à La Passante du Sans-Souci, est devenue une icône ? Sa relation difficile avec sa mère, son amour fou pour Alain Delon, ses films avec les plus grands réalisateurs, son addiction à l'alcool et aux médicaments, la mort tragique de son fils... Catherine Hermary-Vieille tente ici de découvrir ce qui aurait pu subsister dans la mémoire de Romy Schneider, juste avant sa mort. Avant tout, c'est la femme qui a captivé l'auteur, car dans le cas de Romy, contrairement à nombre de comédiennes, elle existait pleinement au-delà de ses rôles. Et c'est parce que le public a compris que Romy était plus qu'une image ou qu'un mythe qu'il l'a autant aimée.
20h27 dans Les livres | Lien permanent | Commentaires (1)
Melle Sarah Biasini était l'invitée exceptionnelle du JT d'aujourd'hui pour la pièce qu'elle va commencer, dès demain : "Lettre d'une inconnue".
L'émission du 14 avril 2011 :
Avec mes excuses pour la très mauvaise qualité vidéo,
voici la 2e partie du JT avec les questions des internautes :
14h06 dans Télévision - Sarah | Lien permanent | Commentaires (3)
Source : Art Quid.com
Huile
Mis en vente par l’Artiste
Auteur : Régine Z
Hauteur : 46 cm - Largeur : 38 cm
02h49 dans Artistes | Lien permanent | Commentaires (0)