Source : Le Monde - 30 janvier 2021
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Un apéro avec Sarah Biasini : « Je n’aime pas le mot “deuil”, un fourre-tout, ça ne veut rien dire »
Chaque semaine, «L’Epoque» paie son coup. L’actrice, fille de Romy Schneider, publie un livre dans lequel elle évoque la manière d’être mère quand on a été privée de la sienne à l’âge de 4 ans.
Portrait de Sarah Biasini par écran interposé, à Paris, le 22 janvier. JULIEN MIGNOT POUR « LE MONDE »
De toute façon, avec le couvre-feu à 18 heures, cet échange était condamné à se tenir en visioconférence (et l’on a songé avec une pointe d’émotion au halo d’excitation qui entourait les «apéros Zoom» du premier confinement, il y a dix mois, il y a un siècle, il y a une éternité). En tout cas, si l’on voulait respecter la loi autant que le concept apéro sans s’alcooliser en milieu de journée. Ajoutez à ça que, depuis la veille, Sarah Biasini était cas contact, priée de s’auto-confiner dans sa chambre. Alors, nous voilà toutes deux, chacune sur son lit, vagues bruits de marmots en arrière-fond sonore, et verre à la main. Du côté de l’interviewée, dans le 9e arrondissement de Paris, du prosecco. «Il ne restait que ça à la maison», dit-elle, mais, enfin, «ça fait toujours plaisir». En face, du cidre brut, parce que, après tout, à chacun ses petites perversions. Et zou, «à la vôtre», trinque aimablement la comédienne, désormais autrice d’un livre réussi, "La Beauté du ciel" (Stock, 144 pages, 19 euros.)
De manière générale, Sarah Biasini, qu’on craignait un peu méfiante, se montre très aimable. Elle rit beaucoup, et, dans ces moments-là, quand sa mâchoire remonte, il faut encore plus prendre sur soi pour ne pas lâcher une exclamation pavlovienne à propos de sa fascinante ressemblance avec Romy Schneider, sa mère. Elle en a le haut du visage, particulièrement les yeux – le bas, carré, est sans conteste un legs de son père, le journaliste Daniel Biasini.
Deuxième enterrement
Ce doit être épuisant, à force, de s’entendre comparer en toutes circonstances. Dans son récit, elle raconte que cela l’a poursuivie y compris dans la salle où elle donnait naissance à sa fille, en février 2018 : «Oh ! vous ressemblez à quelqu’un, vous…», n’a pas su se retenir une infirmière. «Ah non, hein ! C’est son moment, là !», a intimé une sage-femme, s’attirant la reconnaissance éternelle de la parturiente. «Ma mère est partout avec moi, jusque dans la salle de travail», écrit celle qui l’a perdue à 4 ans et demi, et qui adresse son livre à sa fille, Anna, s’interrogeant sur la manière de devenir mère quand on a été privée de la sienne – sans avoir manqué ni d’amour ni de femmes dans son entourage, entre sa grand-mère paternelle et sa nounou auxquelles elle rend hommage à travers de beaux portraits. Elle vit d’ailleurs toujours près de ses grands-parents, qu’elle voit le plus possible.
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Article publié le 01/02/2021 dans le supplément du quotidien "Le Monde"
Par Raphaëlle Leyris
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