Source : Le Dauphiné Libéré - 15 juillet 2024
La mégère apprivoisée, l’œuvre de Shakespeare, est intemporelle. Baptista cherche à marier Catharina au caractère insupportable. Arrive Petruchio qui veut épouser une femme riche
La judicieuse mise en scène transporte le public en Italie des années 1950, dans une ville où est installé un cinéma ambulant. Cela fleure bon la joie de vivre avec un petit côté exubérant. Sur le plateau cinq comédiens à la verve remarquable et débordant d’énergie fond vivre des scènes cocasses comme celles du mariage, du lit conjugal, de la privation de nourriture. En fond de scène un écran où sont projetés des intermèdes avec les mêmes acteurs Le spectacle est rythmé, réjouissant, le public est tenu en haleine. Petruchio est un macho parfois méchant mais surtout malin. La mégère femme moderne, rebelle et précurseure des droits de la femme se soumet mais en apparence… Sarah Biasini et Cédric Colas sont exceptionnels dans leur rôle. Acclamations !
Théâtre du Petit Louvre. Rue Saint-Agricol (Avignon).
Jusqu’au dimanche 21 juillet 2024, à 13 h 35.
Résas. 04 32 76 02 79.
08h24 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Instagram
Cette édition au Festival d'Avignon est sous le signe d’une quête mythique et de classiques qui détonnent.
"Le secret des secrets" de Benoit Soles au Théâtre Actuel Avignon. La quête de la pierre philosophale fascine et l’alchimie fonctionne merveilleusement !
Et en thématique du jour > "3 classiques pas classiques" :
RDV chaque soir à 20h50 sur Paris Première pour explorer le programme fabuleux du festival off Avignon.
Populaire, pertinent, engagé, excitant le théâtre est sous toutes ses formes dans "Avignon Première".
11h11 dans Thea-2020-Mégère, Télévision - Sarah | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Passion Théâtre
Auteur : William Shakespeare
Artistes : Sarah Biasini, Cédric Colas, Hugo Givort, Bernard Malaterre, Guillaume Veyre
Metteur en scène : Frédérique Lazarini
Ayant eu la chance d’assister à l’adaptation de "La mégère apprivoisée" mise en scène par Frédérique Lazarini, je me dois de partager mon enthousiasme face à cette interprétation audacieuse et inventive. La pièce, transposée dans les années 50 en Italie, se déroule dans un cadre de cinéma ambulant qui apporte une touche de nostalgie et d’originalité à l’œuvre de Shakespeare. Dès les premières scènes, j'ai été captivée par l’énergie débordante des comédiens, en particulier l'incroyable Sarah Biasini, qui a su donner vie à Catarina avec une intensité et une modernité saisissantes. L'utilisation de passages vidéo pour résumer certaines parties de l’intrigue est une trouvaille ingénieuse, qui évite les longueurs parfois associées aux comédies du dramaturge anglais et maintient un rythme soutenu tout au long de la représentation.
Le choix de situer l’action dans l'Italie des années 50 apporte une légèreté bienvenue, tout en conservant la critique sociale et les thèmes de l’émancipation féminine. La mise en scène, avec ses airs de commedia dell'arte, ajoute une couche de farce et de provocation qui résonne parfaitement avec l’esprit de la pièce.
La conclusion, qui pourrait sembler rétrograde, est intelligemment réinterprétée, laissant entrevoir que notre héroïne n’a peut-être pas abandonné ses armes, mais plutôt joué un jeu subtil et stratégique. En somme, cette adaptation de "La mégère apprivoisée" est une réussite éclatante. Elle parvient à respecter le texte original tout en le dépoussiérant avec une inventivité rafraîchissante. La performance des acteurs, la mise en scène dynamique et les choix esthétiques originaux en font un spectacle mémorable, qui saura ravir tant les amateurs de Shakespeare que ceux qui découvrent cette œuvre pour la première fois. Un grand bravo à toute l’équipe pour cette prouesse théâtrale
Une adaptation à ne pas manquer, qui rappelle combien les classiques peuvent être intemporels lorsqu’ils sont revisités avec talent et créativité.
Vu le 30 juin 2024
Théâtre Petit Louvre
Agnès Guéry pour Passion Théatre
10h59 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Osmose Radio
La mégère apprivoisée
de Frédérique Lazarini
avec Sarah Biasini
au théâtre du Petit Louvre (Avignon)
à 13h35
du 29 juin au 21 juillet 2024
08h23 dans Musique / Audio, Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Article paru dans "Version Fémina" du 1er juillet 2024
Sarah Biasini à l'affiche de "La mégère apprivoisée",
la fille de Romy Schneider se livre : "Le théâtre me comble"
Avant sa rentrée théâtrale, à Paris, dans "La veuve rusée", de Goldoni, l'actrice Sarah Biasini sera au Festival d'Avignon à l'affiche de "La mégère apprivoisée", la comédie de Shakespeare, où elle tient le rôle principal. L'occasion de parler d'amour, d'émancipation féminine, d'amitié, de famille, mais aussi de littérature avec celle qui s'était illustrée comme auteure d'un émouvant récit faisant le lien entre la disparition précoce de sa mère, Romy Schneider, et sa maternité. Conversation amicale et spontanée.
Clara Géliot : Vous jouerez "La mégère apprivoisée" à Avignon. Comment avez-vous abordé ce texte ?
Sarah Biasini : Assez soupe au lait, je n'ai pas eu de difficulté à m'imprégner du mauvais caractère de Catharina. Mes partenaires l'ont vite remarqué d'ailleurs ! [Rires.] Je m'énervais facilement, mais pour des choses qui me semblaient importantes. Cela venait d'une certaine exigence, d'une impatience
Malgré tout, je ne voulais pas passer pour une emmerdeuse et j'ai fait des efforts pour changer. Bref, ils m'ont aidée à m'adoucir et à être plus diplomate. Pour cela, je leur dois beaucoup.
C.G. : Le jeu est-il meilleur moyen d'apaiser une colère ou une peine ?
S.B. : Oui, parce qu'on l'utilise à bon escient. C'est une chance d'être payée pour se dégager de sa propre tristesse en la mettant au service de celle d'un autre.
Et puis, ça a une vraie utilité, parce que, au lieu de pourrir la vie de ses amis, de son conjoint ou de sa famille, on garde sa colère pour son personnage, et, sur scène, cela devient plus sincère.
C.G. : Raconter aujourd'hui l'histoire d'un homme qui "dresse" une femme est osé...
S.B. : C'était, en effet, l'une des grandes difficultés. L'émancipation féminine étant un sujet brûlant d'actualité, il paraissait difficile –même sur un ton comique– de raconter pendant une heure et demie l'histoire d'un homme qui maltraite une femme. Il fallait donc laisser penser qu'il y avait eu un vrai coup de foudre entre eux et que, en connaissant son mauvais caractère, il cherchait à la dompter.
Mais l'intérêt était aussi de montrer que la mégère ne s'énerve pas pour rien, qu'elle est sans doute dérangée par des blessures plus profondes qui l'empêchent d'être aimable, et cette colère est le seul moyen qu'elle ait trouvé pour l'exprimer.
C.G. : Quel regard portez-vous sur l'expansion de Metoo dans la société ?
S.B. : Je pense qu'il était temps. Bien sûr, lorsque je vois des répercussions comme cette fausse liste d'acteurs agresseurs, j'ai peur de l'effet boomerang, mais, d'une manière générale, je me réjouis que l'on commence enfin à écouter les femmes, car il y a encore beaucoup de vieux réflexes archaïques inacceptables à faire disparaître. Cela passera par l'éducation : il faut apprendre à nos enfants à s'aimer, à avoir confiance en eux pour être en paix avec les autres.
En attendant, ce genre de combat ne peut malheureusement passer que par la violence. Chaque génération de femmes a combattu et gagné un peu de terrain, mais nous avons tellement de retard que si cette guerre des sexes peut faire avancer les choses, tant mieux. Et tant pis si les hommes ont un peu mal ou qu'ils s'offusquent.
C.G. : Au théâtre, y a-t-il, comme au cinéma, de nouvelles mesures pour protéger les acteurs ?
S.B. : Je l'ignore, mais la manière de procéder est, de toute façon, très différente. Au théâtre, les quatre ou cinq semaines de répétitions rendent le travail plus étiré. Etant moins pressé, le metteur en scène est souvent moins dans la violence. Serait-ce le temps donné qui rend les rapports plus doux ? Je ne sais pas. Personnellement, je n'ai pas subi d'abus et je n'ai pas été témoin de violences. J'ai eu affaire à des gens plutôt bien élevés.
C.G. : Est-ce que le théâtre vous satisfait ou aimeriez-vous faire davantage ce cinéma ?
S.B. : La caméra me fait assez peur et, les années passant, je crois que je ne saurais plus jouer devant elle. Pour que je fasse du cinéma, il faudrait vraiment que l'on me prenne par la main. Mais le théâtre me comble, car j'ai la chance que l'on me propose des projets intéressants.
C.G. : Le trac est-il un sentiment que vous connaissez ?
S.B. : Bien sûr ! Mais même si, une heure avant de monter sur scène, vous êtes malade comme un chien et que vous vous demandez pourquoi vous avez décidé de vous infliger cela, une première reste une expérience magique. Toute l'équipe est mobilisée, le public sait qu'il participe à un moment particulier. Tout le monde est fébrile, mais dans l'instant présent, dans le miracle de la création.
C.G. : Dès le 10 septembre, vous jouerez dans "La veuve rusée", de Goldini. De quoi réveiller vos racines italiennes !
S.B. : Mon père, Daniel Biasini, est franco-italien. J'adore l'Italie, sa culture et la langue, que je parle couramment. J'avoue que je ne connaissais pas cette comédie de Carlo Goldoni. "La veuve rusée", Rosaura, sera jouée par Caterina Murino, et moi, j'incarnerai sa dame de compagnie, Marionnette, qui l'aidera à choisir parmi quatre hommes, un Français, un Italien, un Anglais et un Espagnol, qui la courtisent via l'espiègle Arlequin, et la couvrent de cadeaux. C'est Giancarlo Marinelli qui a signé l'adaptation et va nous mettre en scène au Théâtre des Bouffes parisiens.
Une première reste magique. Tout le monde est fébrile, mais dans le miracle de la création.
C.G. : Et vous, que faut-il faire pour vous séduire ?
S.B. : Il faut être intelligent… et avoir beaucoup d'humour ! L'idéal est de ne pas trop parler, mais d'avoir un bon sens de l'observation et de bien choisir ce que l'on dit.
C.G. : En amitié comme en amour, baissez-vous la garde facilement ?
S.B. : Je n'ai pas vraiment de garde, juste une distance naturelle. Mais, surtout, je ne suis en recherche ni d'ami ni d'amour. J'ai le bonheur d'en avoir suffisamment et, en vieillissant, on ne cherche plus à plaire à tout le monde.
C.G. : Qu'aimez-vous faire en vacances ?
S.B. : Depuis quelque temps, pour des raisons écologiques, j'essaie de ne plus prendre l'avion. Cet été, entre deux pièces, je ne partirai donc pas loin. De toute façon, mon plaisir, en vacances, c'est de faire des siestes, allongée en croix dans l'herbe, à l'ombre d'un arbre et sous une brise, avec ma fille qui dort à moitié sur moi.
C.G. : Après avoir publié "La beauté du ciel", avez-vous envie de continuer à écrire ?
S.B. : Oui. D'ailleurs mon éditeur râle, car je suis très en retard ! [Rires.] Après le récit, je me suis attaquée à un roman. J'ai l'impression que ça me laisse plus de liberté, mais cela me terrifie aussi, car j'ai tendance à me dire : "Qui suis-je pour avoir la prétention de me lancer dans un roman ?" On verra bien si j'arrive au bout, car je suis très lente. Je peux passer des jours sur une seule page, je trouve compliqué d'être assez satisfaite pour pouvoir refermer un chapitre.
C.G. : Votre premier livre abordait le thème de la maternité. Quelle maman êtes-vous ?
S.B. : Un peu plus calme, moins angoissée qu'avant. Ma fille ayant 6 ans, je suis très contente que notre complicité se développe et que les discussions s'enrichissent. Je vois qu'elle capte tout et que l'on doit veiller à bien formuler les choses. L'amour maternel est un sentiment exceptionnel et assez fascinant.
Mais c'est aussi une grande responsabilité d'être un exemple face à un enfant qui scrute et enregistre, sans en avoir l'air, tous vos faits et gestes. Nous sommes un modèle comme nos parents l'ont été pour nous.
C.G. : Que vous ont-ils transmis que vous aimeriez donner à votre tour ?
S.B. : Le sens de l'humour. Je n'ai, hélas, pas eu assez de temps pour apprécier celui de ma mère, même si je pense qu'elle l'avait. Mais une chose est sûre, je dois à mon père la capacité de dédramatiser. Grâce à lui, j'ai une distance par rapport aux choses, une autodérision et une aptitude à dire : "Ce n'est pas grave". Pour cela, je le remercie tous les jours.
Par Clara Géliot
"La Mégère apprivoisée", de William Shakespeare, mise en scène de Frédérique Lazarini.
Du 29 juin au 21 juillet au Théâtre du Petit Louvre (Avignon).
08h34 dans Presse - 2024, Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Télématin - 22/06/2024
09h56 dans Thea-2020-Mégère, Télévision - Sarah | Lien permanent | Commentaires (0)
Retrouvez la pièce pour quelques dates au Festival d'Avignon 2024.
Adaptation et mise en scène : Frédérique LAZARINI.
Assistée de : Lydia NICAUD.
Avec : Sarah BIASINI, Cédric COLAS, Hugo GIVORT, Bernard MALATERRE et Guillaume VEYRE.
Scénographie et lumières : François CABANAT.
Costumes : Dominique BOURDE.
Production : Artistic Athevains.
Théâtre : Le Petit Louvre - 84000 Avignon
Dates et horaires :
Tarifs et billetterie : A partir de 27,50 €
11h45 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Retrouvez la pièce pour quelques dates.
La note sera mise à jour au fur et à mesure.
Tournée 2022 :
Et aussi (présence de Sarah Biasini à confirmer) :
Tournée 2023 : Présence de Sarah Biasini à vérifier !
05h00 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : France Bleu - 23 février 2022
La pièce de Shakespeare avec Sarah Biasini au Théâtre dimanche 27 février à 17h.
Cette pièce de Shakespeare est en avant sur son temps car il est question de féminisme et d'émancipation. Catarina, incarnée par Sarah Biasini est rebelle, elle n'accepte pas qu'on lui choisisse un mari à sa place, et elle va donc le faire savoir haut et fort.
Pour la mise en scène, Frédérique Lazarini a choisi de placer l'action sur une place d'un petit village italien des années 50, pour faire un parallèle avec le cinéma de ces années-là, et avec des comédiennes charismatiques comme Monica Viti ou Sofia Loren qui incarnaient des femmes avec un fort caractère.
Retrouvez toutes les infos ici.
10h45 dans Musique / Audio, Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Le Monde.fr - 04 décembre 2020
En 1594, lorsqu’il écrit "la Mégère apprivoisée", William Shakespeare ne pouvait se douter que son texte trouverait un écho de grande actualité près de 400 ans plus tard. L’audacieuse mise en scène de Frédérique Lazarini, qui transpose la Mégère dans le cinéma italien des années 1950, soulignant ainsi le caractère intemporel de cette comédie, au delà de l’évolution des moeurs, se joue à l’Artistic Théâtre à Paris avec Sarah Biasini, Delphine Depardieu, Cédric Colas… à partir du 15 décembre, date où réouvrent les théâtres : merci d’être au rendez-vous de ce nouveau départ pour soutenir le spectacle vivant qui en a le plus grand besoin !
La langue incisive de Shakespeare est à l’œuvre dans cet échange vif entre Petruchio et Catarina au début de la pièce quand leur affrontement est très direct. Petruchio tente de séduire et d’apprivoiser une Catarina «insoumise» :
PETRUCHIO : Bonjour Cateau, car c’est là votre nom ai-je entendu dire ?
CATARINA : Ne seriez-vous pas précocement sénile ? En tous les cas vous avez l’oreille un peu dure car ceux qui parlent de moi me nomment Catarina.
ETRUCHIO : Vous mentez, ma parole ! Car on vous nomme Cateau tout court, ou la jolie Cateau, ou bien parfois Cateau-la-harpie : mais Cateau, la plus ravissante Cateau de la chrétienté, Cateau du Château-Gâteau, Cateau ma super-sucrerie, car tout gâteau est friandise, donc, Cateau, écoute un peu, Cateau ma consolation, ce que j’ai à te dire : ayant entendu, dans toutes les villes que je traversais, louer ta douceur, célébrer tes vertus et proclamer ta beauté, bien moins cependant qu’elles ne le méritent, je me suis porté à ta recherche pour te prendre pour épouse.
CATARINA : (Lui crachant à la figure) Porté ! Voyez-vous ça ! Et bien puisque vous vous êtes porté jusqu’ici, remportez-vous ! Sur le champ… J’ai tout de suite vu que vous n’étiez rien d’autre qu’un meuble !
Cet affrontement violent qui court tout au long de la pièce résonne de façon très pertinente à notre époque de dénonciation sexiste d’une domination masculine has-been mais trouve sa place naturelle dans le contexte cinématographique de l’Italie (encore très machiste) des années 1950–60 où l’inventivité de la mise en scène de Frédéric Lazarini place cette comédie intemporelle. Alternent les scènes jouées et les scènes filmées qui font des acteurs leurs propres spectateurs rajoutant au cocasse de l’intrigue shakespearienne.
La déesse Mégère
La grande question qui court la pièce est celle des rapports hommes femmes dans le mariage avec, quelle que soit l’époque, les tentatives féminines de révolte contre le pouvoir masculin alors encore indiscutable. Shakespeare noue habilement les situations tendues et comiques qui émanent de cet affrontement séculaire pour résoudre un conflit que tous savent alors – et maintenant encore – insoluble, celui des conflits conjugaux centrés sur la rivalité du pouvoir. Dans la mythologie grecque, Mégère (étymologiquement : la haine) est l’une des trois Erinyes, ces déesses chargées de punir les auteurs de crimes tout au long de leur vie jusqu’à les rendre fous. C’est exactement ce que prétendent souvent les couples en conflit au long cours : «Il/elle me rend fou !» On comprend là que c’est un châtiment !
Toujours dans la mythologie, les mégères sont des créatures hideuses, ayant pour cheveux des serpents, munies d’ailes et de fouets et dont le sang coule par les yeux. En d’autres termes : «une furie !» Cette image ancestrale de l’épouse en colère – évidemment souvent en réaction à la domination masculine – a traversé les siècles au point où le mot «mégère» est devenu un nom commun pour désigner une femme violente et agressive. Catarina (Delphine Depardieu)
Dilemme
Les hommes se bousculent pour épouser Bianca, douce et cadette fille de Baptista qui ne peut – tradition oblige – marier la cadette avant l’aînée et surtout pour que l’indomptable Catarina ne lui reste pas «sur les bras» ! Baptista s’adresse directement à tous les prétendants, Grémio, Hortenso, Lucentio, Tranio… : «Ne m’importunez plus, messieurs. Vous le savez, ma résolution est ferme : je n’accorderai pas ma fille cadette Bianca avant d’avoir trouvé un mari pour l’aînée Catarina. Si l’un de vous deux aime Catarina, comme je vous connais bien et vous tiens en amitié, il a ma permission de lui faire la cour.» Ce qui laisse Lucentio et Tranio, son valet, perplexes… Baptista (Maxime Lombard), Lucentio (Pierre Einaudi) et Tranio (Guillaume Veyre)
Devant cette «furie» que personne ne sait dompter, Baptista, se sent soulagé lorsque Petruchio dit vouloir épouser sa fille aînée : «Seigneur Petruchio, je vous envoie ma fille ! Courage !»
PETRUCHIO : Nous y voilà… Je lui fais ma cour gaillardement. Si elle se met à vociférer, eh bien je lui dis que son chant est aussi suave que celui du rossignol, si elle s’avise à froncer le sourcil, je maintiens que son visage est aussi limpide et pur que la rose du matin ! Si elle me somme de faire mes paquets, je la remercie comme si elle m’invitait à demeurer la semaine chez elle, si elle refuse de m’épouser, je lui demande avec tendresse à quelle date je dois faire publier les bans !
Apprivoisement
La pièce de Shakespeare se conclut sur «l’apprivoisement» de la mégère, selon les mœurs d’une époque encore très misogyne et méfiante du pouvoir des femmes :
BAPTISTA : Allons, cher Petruchio, toutes mes félicitations ! Vous avez gagné le gage et c’est encore une nouvelle dot que je veux vous offrir car ma fille Catarina a tant changé qu’on ne saurait la reconnaître.
TRANIO : Ah ça ! La panthère s’est transformée en une douce colombe. (Baptista rechante la chanson)
PETRUCHIO : Mes amis, mes amis ! Vous n’avez pas cessé de vous émerveiller et je vais vous donner une nouvelle preuve de son obéissance et de son mérite. Catarina va se charger de vous expliquer à vous, messieurs et à vos épouses rebelles, tout le respect qu’elles doivent à leurs époux…Catarina, viens t’assoir près de moi Catarina, ma chérie.
La fine mise en scène de Frédérique Lazarini double cette fin d’un retournement «féministe» d’actualité que je vous laisse découvrir en allant assister à cette comédie intemporelle qui constitue l’un des très grands moments du théâtre universel.
"La Mégère apprivoisée" de William Shakespeare,
mise en scène de Frédéric Lazarini,
à l’Artistic Théâtre, 45 bis, rue Richard Lenoir 75011 Paris,
Du 15/12/2020 au 17/01/2021
les mardi, jeudi et vendredi à 19 heures, les mercredi, samedi et dimanche à 15 heures et samedi à 18h30.
Réservation au 01 43 56 38 32 ou sur http://artistictheatre.com
11h47 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
L'histoire :
Profondément insoumise, résolument moderne avant la lettre, la Mégère apprivoisée revendique le droit à la parole et à une certaine liberté. Ici, l'histoire se noue dans des costumes mi-contemporains, mi-élisabétains, autour d'un cinéma ambulant sur la place d'un village, dans les années 50 en Italie.
Non, Catarina ne se laisse pas faire. Elle est en rébellion contre toutes les autorités patriarcales et machistes de son temps. Et on serait tenté d’imaginer que Shakespeare est de son côté et qu’il nourrit de l’admiration pour sa «Mégère». En revanche, il n’hésite pas à clore son histoire par un texte misogyne, assumé par une Catarina métamorphosée.
Surprise ? Dans cette adaptation, il convient de faire apparaître entre les lignes que notre héroine n’est pas dupe, qu’elle n’a pas baissé les armes. Ce discours, finalement par trop provocateur, peut devenir un jeu amoureux, un jeu érotique, un jeu social.
Catarina devient alors la métaphore de l’actrice, elle endosse le rôle de la femme docile dans une relation complice et ludique avec son mari. Humour et jubilation sont de mise dans cette comédie haute en couleurs, empreinte d’une extraordinaire vitalité.
Durée 1h30
Première : 26 octobre 2020 - Dernière : 31 décembre 2020
Pièce de William SHAKESPEARE
Distribution : Sarah BIASINI en alternance avec Delphine DEPARDIEU, Cédric COLAS, Pierre EINAUDI, Maxime LOMBARD, Guillaume VEYRE
Mise en scène : Frédérique LAZARINI
Adaptation : Frédérique LAZARINI
Infos et réservation : Artistic Theater - 45 bis rue Richard Lenoir - 75011 Paris
Tél. : 01.43.56.38.32
18h48 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Théâtre du blog - 03 mars 2020
Jusqu’au 12 mai 2020
Delphine Depardieu interprétera Catarina (sur scène et à l’écran) du 12 mars au 12 avril 2020
avant de partager le rôle en alternance avec Sarah Biasini à partir du 14 avril 2020.
Pour cette version réduite, la metteuse en scène convoque cinq personnages seulement sur le plateau auxquels les autres, filmés, donnent la réplique. Ce savant mélange de théâtre et de cinéma, allié à un style résolument burlesque, renoue avec la simplicité du théâtre de tréteaux.
Hortensio, venu faire ses études à l’Université de Padoue, craint de ne pouvoir épouser la belle Bianca, fille cadette du signore Baptista. En effet, le père veut d’abord marier son aînée, la colérique et indomptable Catharina. Quand survient Petruccio, un marchand ruiné originaire de Vérone qui cherche fortune et femme. En conquérant le cœur de Catarina, il mettrait la main sur une belle dot… Encore faut-il l’apprivoiser ! Il s’y emploiera avec fermeté et succès. Immortalisée par le réalisateur Franco Zeffirelli en 1967 avec le fameux duo Elisabeth Taylor Richard Burton, cette comédie, revue par Frédérique Lazarini et située dans l’Italie des années cinquante rend hommage à la grande époque de Cinecitta.
Quelques bancs en bois blanc, un écran, un vieux projecteur à l’avant-scène, des bruits de basse-cour. Nous voilà sur une place de village pour une séance de cinéma en plein air. Bianca et CaTarina apparaissent dans un film en noir et blanc. Le réalisateur Bernard Malaterre retrouve le grain de pellicule contrasté du cinéma néoréaliste et les comédiennes, le ton et les mimiques. Quelques intermèdes avec réclames et bandes-annonces de péplums de l’époque : du kitch à souhait… Des deux jeunes filles, seule Catharina, la méchante, se produira sur scène, laissant sa sœur parler à son soupirant du haut de l’écran.
Cette adaptation de la pièce ainsi resserrée et épurée se focalise sur la tigresse et son dompteur et, au-delà de la guerre des sexes et de la violence masculine, traite de la soumission amoureuse de Catarina, interprétée dans toutes ses contradictions par Sarah Biasini. Petruccio (Cédric Colas, énergique) déploie une virilité brutale. Pierre Enaudi est un Hortensio bon enfant, face à la piquante et cinégénique Charlotte Durand-Raucher (Bianca). Maxime Lombard (signore Baptista) à l’allure de Raimu italien est excellent.
Des draps blancs contre lesquels pendent, ton sur ton, caleçons et chemises délimitent l’aire de jeu. Cette élégante scénographie figure l’enfermement de la femme dans l’espace domestique et dans son rôle de ménagère, rôle que refusait Catarina l’insoumise, avant de succomber aux assauts de son mari. On accorde à William Shakespeare des intentions vertueuses et en phase avec notre modernité, quand il donne le rôle-titre à une rebelle vent debout contre les autorités patriarcales de son temps. Pourtant, il n’hésite pas à clore son histoire avec un texte misogyne, assumé par l’héroïne métamorphosée en épouse obéissante.
Frédérique Lazarini, elle, ne laissera pas la pièce se terminer sur cette leçon édifiante et Catarina aura le dernier mot en citant Virginia Woolf. La romancière britannique évoque, dans Une Chambre à soi, la « sœur merveilleuse de Shakespeare ». Une écrivaine n’aurait jamais tenu de tels propos, dit-elle et elle exhorte les femmes à prendre «l’habitude de la liberté et le courage d’écrire exactement ce que nous pensons». Et ce spectacle, réjouissant et malicieux, répond au vibrant appel de Virginia Woolf. A voir donc.
Mireille Davidovici
08h27 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Senior Actu - 28 février 2020
C’est une des premières pièces de Shakespeare, écrite semble-t-il vers 1594, constituée de cinq actes et un prologue. Certains ont en mémoire l’adaptation télévisée qu’en fit Pierre Badel en 1964, où s’affrontaient Rosy Varte et Bernard Noël dans les rôles principaux.
Quelques années plus tard Franco Zeffirelli nous en donnait une version cinématographique colorée mettant en scène les deux monstres sacrés qu’étaient alors Elizabeth Taylor et Richard Burton, jouant sur scène un duel qui aurait pu être leur vie.
Car c’est bien d’un duel qu’il s’agit ici, entre la revêche Catarina d’une part, fille aînée du riche marchand Baptista et de Petruchio, séduisant aventurier de passage qui, bravache et intéressé par la dot, relève le défi de mâter la rebelle.
De Padoue à Vérone les deux époux s’observent, se jaugent, se courtisent et finissent par s’apprécier tous deux à leur juste valeur.
Frédérique Lazarini a choisi d’en donner une version moderne et allégée, d’une heure trente environ, privilégiant les scènes de joute entre les deux protagonistes principaux.
Elle a situé sa pièce dans l’Italie des années cinquante, celle de l’âge d’or du cinéma italien, rajoutant au texte des chansons de l’époque que les acteurs entonnent avec un plaisir communicatif.
Et puis, autre trouvaille, la mise en scène alterne astucieusement théâtre et cinéma : certaines scènes filmées par la réalisatrice, sont projetées sur un écran en fond de scène rappelant les cinémas ambulants qui existaient à cette époque dans de nombreux villages. Mise en abyme où les acteurs, assis sur des bancs, se regardent évoluer sur la toile.
Sarah Biasini est Catarina. Si son visage vous rappelle quelqu’un c’est normal, car elle est bien la fille de sa mère ! On a plaisir à voir ses traits évoluer progressivement, du dégoût du début à la soumission finale.
Cédric Colas, qu’on a déjà vu la saison dernière en ce lieu dans «Les Rivaux» campe un Petruchio ambigü, plein de charme et de rouerie à la fois. Maxime Lombard nous délivre un Baptista truculent qui nous fait penser au regretté Michel Galabru.
Une mention spéciale pour Pierre Einaudi dans le rôle de Lucentio, qui, tout feu tout flamme au début de sa lune de miel avec la douce Bianca, s’éteint et perd peu à peu toute sa joie de vivre aux côtés de son épouse devenue acariâtre.
Pièce misogyne ? Sans doute à l’époque, mais Frédérique Lazarini préfère y voir la volonté de libération des femmes vis à vis du joug masculin. Et la tirade finale, rajoutée par ses soins, est bien là pour nous éloigner de tout manichéisme.
Axel Kiev
07h31 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : La Nouvelle Claque.fr - 20 février 2020
Shakespeare immémoriel ou Shakespeare à la poubelle ? Voir ou ne pas voir cette pièce ? L’actualiser et si oui, comment ?
Dans «La Mégère apprivoisée», il est question de Baptista (Maxime Lombard), père de deux filles, qui s’oppose à marier sa douce Blanca tant que l’acariâtre et indomptable Catarina (Sarah Biasini) ne sera pas elle-même promise à un mari. Débarque alors un gaillard, arrogant et vénal, en la personne de Petruchio (Cédric Colas) qui prétend pouvoir mater Catarina et laisser le champ libre à son ami Lucentio (Pierre Einaudi) pour ravir la cadette.
La pièce a été adaptée par Frédérique Lazarini qui l’a placée sur la place d’un village italien des années 50. Dans cette adaptation, la pièce se réduit à cinq personnages sur scène tandis que quatre autres apparaissent dans de petites séquences vidéo projetées sur ce qui paraît être un cinéma ambulant. Cette trouvaille est intéressante, permettant à des personnages absents sur scène d’apparaître en second plan. De plus, les passages de pubs italiennes (joli travail d’archive!) sont de réjouissants interludes. Le décor est simple mais appréciable et les costumes mi-contemporains, mi-élizabethains font bon effet.
Dans le cinéma italien des années 50, des revendications sociales et féministes prennent forment, écho à notre mégère qui, chez Shakespeare, a bien du mal à se faire entendre. Petruchio, en la privant de sommeil et de repas entreprend de la dresser. Après quelques tours de passe-passe grâce à la complicité de son valet, il la ramène voir son père Baptista. Les hommes mariés présents parient alors sur la femme la plus soumise : Catarina devenue obéissante fait gagner son mari.
Malgré toute l’inventivité de l’adaptation proposée, ce fut pour moi, avec mon regard féminin et contemporain, un choc tant les propos de Shakespeare suintent d’une misogynie sans borne. De plus, le jeu est un peu criard et poussif, le personnage de Petruchio surtout est surjoué.
N’était survenu cet épilogue final dans lequel Sarah Biasini déclame un texte emprunté à Virginia Wolf, j’aurais gâché mon après-midi. Si cet aparté me rassure sur l’intention des acteurs et de la metteure en scène, la sensation reste désagréable.
Malgré une proposition artistique insérant astucieusement la critique par le cinéma italien des années 50 dans l’intrigue, j’ai l’impression d’être passée à côté de la suggérée modernité de cette adaptation.
Par Benedicte Six
17h55 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Atlantico.fr & Culture Tops - 24 février 2020
RECOMMANDATION
Excellent
THÈME
À Padoue, il signore Baptista a deux filles à marier : Bianca, la cadette, est douce, docile, et donc très courtisée, alors que sa soeur aînée, Catarina, colérique et rebelle, n’attire aucun prétendant.
Le patriarche ayant décidé qu’il n’accordera à personne la main de Bianca avant que Catarina ne soit mariée, l’un des prétendants de la première va présenter l’un de ses amis, l’impétueux Petruchio, prêt à épouser Catarina… pour sa dot !
Celle qui représentait tout ce qu’un homme ne voulait pas trouver en son épouse, va finalement devenir une femme soumise et tellement plus « agréable » aux yeux d’une société patriarcale, après que son époux l’a « domptée » ...
POINTS FORTS
Dans cette adaptation très réussie et modernisée de la pièce de Shakespeare modernisée, le jeu des comédiens est plein d’humour.
D’aucun pensent aujourd’hui qu’un génie comme Shakespeare ne pouvait être un abject misogyne, et qu’au fond sa pièce était féministe, puisqu’elle offre une place centrale à une femme rebelle et laisse apparaître son mari oppressant comme un brutal manipulateur...
Il reste que Catarina deviendra une femme obéissante, soumise, et que la pièce du génial Anglais se conclue sur un passage tellement misogyne qu’il ne peut désormais que faire rire (au moins jaune) !
Les intentions de Frédérique Lazarini sont, elles, sans ambiguité : le ton subtilement adopté par les comédiens, et surtout la lecture en toute fin de pièce par Catarina d’un texte de Virginia Woolf, tiré d’Une Chambre à soi, et qui évoque la « sœur merveilleuse de Shakespeare », ne laisse pas planer le doute, et cela est bien agréable à des oreilles du XXIe siècle.
POINTS FAIBLES
Il va de soi que tous ceux qui pourraient se sentir oppressés ou menacés par l’émergence des discours féministes (ou plutôt humanistes devrait-on dire), ou par les mouvements tel que Mee too, et qui pensent que c’était « tellement mieux avant » risquent de ne pas goûter l’approche de Frédérique Lazarini...
EN DEUX MOTS
"La mégère apprivoisée", déjà adaptée - ainsi à l’écran en 1967 autour du couple mythique (et tout aussi tumultueux) Elizabeth Taylor / Richard Burton - donne lieu à une nouvelle proposition sur les planches, très réussie, plus actuelle, et cette fois-ci sans conteste féministe !
UN EXTRAIT
Catarina: « Une femme en courroux est comme une fontaine troublée, fangeuse, sans transparence, sans pureté, et perd toute sa beauté ; et tant qu’elle est dans cet état, nul, si altéré qu’il soit, ne daignera boire ou toucher des lèvres une seule goutte de son eau ! Ton mari est ton seigneur, ta vie, ton gardien, ton souverain, celui qui prend soin de toi et qui, pour assurer ta subsistance, soumet son corps à de durs travaux sur terre et sur mer, qui veille la nuit dans la tempête, le jour dans le froid, tandis que tu reposes, bien au chaud, dans la paix du logis. »
L'AUTEUR
William Shakespeare est un dramaturge, poète et acteur anglais né en 1564 est souvent considéré comme le plus grand écrivain de la langue anglaise et le plus grand dramaturge de tous les temps. Son œuvre, traduite dans de nombreuses langues, se compose de 39 pièces, 154 sonnets et quelques poèmes supplémentaires, dont certains ne lui sont pas attribués de manière certaine.
07h27 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : United States of Paris - 20 février 2020
Chaque artiste aimerait que son travail lui subsiste. Le (difficile) secret réside sans doute dans le fait de choisir un sujet intemporel, et lui permettre d’être adaptable à toutes les époques. La mégère apprivoisée en fait partie ! Venez assister à la version 2020 de l’œuvre de Shakespeare. La libre interprétation de Frédérique Lazarini est comme ses comédiens, pleine de charme, subtile, vive, terriblement actuelle et délicieusement surprenante…
En voyant la scène vide, un premier élément interpelle d’emblée. Nous y trouvons des bancs, du linge d’une autre époque et surtout, un énorme écran de cinéma. Cette adaptation semble prometteuse d’audace !
Nous sommes à Padoue, dans les années 50. Luciento et Tranio conversent avec ferveur lorsque l’écran se met en marche. Dans la plus pure tradition des films de l’époque, en noir et blanc, Baptista apparaît en présence de ses deux filles. Immédiatement, Luciento tombe amoureux de Bianca, la fille cadette, et désire la prendre en noces. Cependant, dans le respect des traditions, Baptista doit d’abord marier sa fille aînée : l’indomptable Catarina…
C’est une femme insoumise, se libérant de tout carcan et fardeau patriarcal. En effet, elle s’exprime, s’assume et le revendique haut et fort. C’est alors qu’entre en scène Pétruchio, son prétendant. Il montera tout un stratagème afin de dompter sa future épouse. S’ensuit alors une fresque, animée par la fraîcheur et le dynamisme d’une Italie enfiévrée !
Un message apprivoisé
Les comédiens portent la pièce de bout en bout avec entrain et dynamisme, sans un seul instant de répit ! Aussi inquiétante qu’éclatante, Sarah Biasani exulte aux côtés d’un bien malicieux Cédric Colas. Ils forment un duo détonnant et étrangement complice. Quant à Pierre Einaudi et Guillaume Veyre, leurs facéties et tendres désillusions convainquent. Autant que Maxime Lombard en père désespéré !
La mise en abyme de la pièce grâce aux séquences vidéos est un choix judicieux et particulièrement éclairé. Ainsi, Frédérique Lazarini insuffle au texte l’énergie et le vent de libération sociale du cinéma italien de cette époque. La misogynie se veut drôle tant elle semble déplacée et la soudaine soumission de Catarina éveille les soupçons… C’est trop facile, trop lisse, quelque chose nous échappe et nous le ressentons bien.
Au final, qui se joue des autres ? Qui s’amuse ? Il faut attendre les toutes dernières minutes afin que tout s’éclaire pour un final d’une délectable finesse…
Jean-Philippe
08h52 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Savoir vivre à la française - 03 février 2020
Elle aboie, vitupère, hurle, menace, roule des yeux méchants..la mégère est indomptable et son père bien désespéré de ne la point marier ! Suspense. Allez vite au théâtre assister à l’heureuse issue.
Scène dépouillée marquée de quelques bancs, linge blanc qui pend, on s’imagine dehors sans trop savoir. Deux individus discutent à propos de deux sœurs, une charmante Bianca et une furie Catarina…
La pièce de William Shakespeare, mise en scène et adaptée par Frédérique Lazarini, nous plonge dans les années cinquante autour d’un cinéma ambulant en Italie. Et on prend goût à cette alternance de scènes entre les acteurs devant nous et d’intervalles sur la toile, en noir et blanc. Un rythme qui dynamise la pièce, nous tient en haleine.
Le grand dramaturge passionné par l’Italie, vive Roméo et Juliette !, nous dévoile les désirs d’une femme aux aspirations résolument moderne qui entend bien vivre à sa guise, d’une libre parole, sans contrainte ni mari pesant sur le dos. Elle est rattrapée par son époque et quand un galant se présente, le père ne peut qu’accepter avec grande joie, le mariage de sa terrible fille. Issue inespérée !
Et par la fine connaissance psychologique de Shakespeare, la belle héroïne va demander grâce à son mari ! Aux spectateurs de découvrir par quel miracle ?
Quand à la soeur, par un changement d’état, pour finir prévisible, la douce Bianca, elle, se lasse de son calme et gentil époux et devient incertaine et morose.
Ah les mystères du cœur féminin !
Entre cris et rage, baisers torrides et discussions, on se plait à rire et à se laisser distraire par cette comédie originale dans son traitement, mordante, haute en couleurs. Les comédiens, mené par Petruchio alias Cédric Colas et Catarina ou Sarah Biasini sont excellents, servis avec talent par le père, la sœur et les autres comédiens.
Vraiment un bon moment passé grâce à une pièce plaisante dans le fond comme dans la forme !
17h55 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Yvelines Radio - 16 février 2020
Une adaptation et une Mise en Scène où le talent fait rage, de Frédérique LAZARINI, assistée de Lydia NICAUD.
Très honnêtement, c'est la première "Mégère", hors parodie, où je prends autant de plaisir.
Nous sommes en 1950, sur la place d'un village au Sud de l'Italie, un cinéma ambulant va y donner une représentation.
Nous passons souvent de ceux de l'écran à ceux qui sont sur scène. On regrette d'ailleurs de ne pas voir "en vrai" Bianca, si bien jouée par Charlotte DURAND-RAUCHER.
Sur scène: Sarah BIASINI, qui ressemble tant à sa maman. Mais, si Romy SCHNEIDER était encore là, on lui demanderait si c'est bien elle la mère de Sarah Biasini. Sarah a vraiment beaucoup de talent ! Cédric COLAS, le Petruchio que l'on imagine. Pierre EINAUDI, très "en place". Maxime LOMBARD, qui fait beaucoup penser à Michel Galabru. Guillaume VEYRE, virevoltant et très drôle.
Sur l'écran, il y a aussi : Didier LESOUR , Jules DALMAS et Hugo PETITIER. Trois très bons comédiens.
Scénographie et Lumières : François CABANAT. Costumes: Dominique BOURDE, assistée de Emmanuelle BALLON. Le film projeté est réalisé par Bernard MALATERRE.
Une soirée d'une légèreté talentueuse, c'est un sans faute ! Le comédien Bernard Ménez qui était dans la salle n'a pas boudé son plaisir. Mardi: 20H30 - Mercredi & Jeudi: 19H00 - Vendredi: 20H30 - Samedi: 17H00 et 20H30 - Dimanche: 17H00.
Une adaptation, des comédiens, dont on va garder longtemps la mémoire...
Robert BONNARDOT
15h55 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Agoravox.fr - 17 février 2020
Des bancs de bois alignés de part et d'autre et les uns derrière les autres semblent prolonger les gradins de l'Artistic Théâtre nous rendant spectateurs d'un cinéma ambulant trônant sur une petite place éclaboussée de soleil et ceinte de palissades de draps immaculés sur lesquelles sont épinglées chemises, combinaisons blanches comme neige (chaude et lumineuse scénographie de François Cabanat) et d'où surgiront les comédiens.
On y respire l'ambiance de l'Italie des années 50-60 et lorsque Sarah Biasini qui interprète le personnage tempétueux de Catarina retirera quelques vêtements qui sèchent, se superposera l'image de Sophia Loren lorsqu'elle étend son linge dans "Une journée particulière" d'Ettore Scola.
La mise en scène judicieuse de Frédérique Lazarini - également majestueuse comédienne, elle était flamboyante dans Lucrèce Borgia de Victor Hugo - mêle intrinsèquement différentes périodes et différents styles d'autant qu'elle s'appuie sur le matériau cinématographique de la comédie italienne pour illustrer la pièce de Shakespeare au théâtre (réalisation du film Bernard Malaterre).
Sur le plateau de l'Artistic Athévains, l'épopée burlesque et survoltée de la "Mégère" est très resserrée et se joue à cinq personnages alors que d'autres personnages prennent vie dans de piquantes séquences filmées, comme la soeur cadette Bianca (Charlotte Durand-Raucher) et les deux prétendants Hortensio et Gremio jetant à ses pieds d'éprises déclarations.
Des intermèdes savoureux comme la pantalonnade farfelue du mariage sont projetés sur l'écran où se poursuit donc une partie de la pièce, créant un décalage scénique renforcé par le saut effectué à travers des décennies différentes.
Sur le plateau de l'Artistic Athévains, l'épopée burlesque et survoltée de la "Mégère" est très resserrée et se joue à cinq personnages alors que d'autres personnages prennent vie dans de piquantes séquences filmées, comme la soeur cadette Bianca (Charlotte Durand-Raucher) et les deux prétendants Hortensio et Gremio jetant à ses pieds d'éprises déclarations.
Des intermèdes savoureux comme la pantalonnade farfelue du mariage sont projetés sur l'écran où se poursuit donc une partie de la pièce, créant un décalage scénique renforcé par le saut effectué à travers des décennies différentes.
Ainsi, on plonge dans la Commedia dell’arte avec ses fanfaronnades, on croise le personnage de Toto, très en vogue au début des années cinquante, défilent des photos de femmes des années soixante au tempérament affirmé comme La Magnani, la Mangano...faisant parallèle au caractère impétueux de Catarina.
On est dans l’Italie de «la Dolce vita» de Fellini, dans le « Mariage à l'italienne » de Vittorio de Sica, «Le lit conjugal» de Marco Ferrerro... Les époques s'enchevêtrent et les costumes des comédiens s'interchangent, tantôt élisabethains tantôt modernes (costumes Dominique Bourde).
Dans cette atmosphère italienne joyeuse et exubérante accompagnée de musiques sucrées et sensuelles, les comédiens interprètent la partition avec une ardeur puissante et une vitalité communicative.
Cédric Colas est un Petruchio plein d'énergie, à la verve endiablée, jouant le méchant avec délectation, martyrisant à souhait la fragile et néanmoins robuste Sarah Biasini, qui se défend avec fougue et donne un éclat exquis à Catarina.
Maxime Lombard au truculent accent est un père à l'obstination bornée ne fléchissant aucunement devant la volonté de marier sa fille aînée avant la plus jeune malgré les suppliques de Lucentio, l'amoureux transi de Bianca joué par Pierre Einaudi. Quant au valet Grumio - Guillaume Veyre - c'est en vrai bouffon qu'il aide son maître à humilier Catarina pour la rendre servile.
Les scènes de privation sont absolument cocasses. Cependant, lorsque la farouche épouse ravalera sa fierté, rien que parce que son corps crie famine et tombe d'épuisement par manque de sommeil, Petruchio, lui, ayant eu le plaisir sadique de faire plier le réel à son désir, finira par abdiquer devant cette résistance qui cède tout au moins en apparence.
A la fin de la pièce, l’héroïne lit un texte de Virginia Woolf, rendant hommage à la sœur de Shakespeare qui n’a pas existé et n’aurait pas pu faire sa carrière… Frédérique Lazarini assure la revanche de Catarina par cette tirade provocatrice.
Dans cette mise en scène débridée, haletante, réjouissante, la Catarina composée par Sarah Biasini n'est pas une harpie belliqueuse, arrogante et insupportable. Elle est une jeune femme vulnérable qui veut affirmer son identité, revendique le droit à la parole, se rebelle et se dresse contre la prédominance masculine et l'autorité patriarcale.
Elle semblera accepter la compromission quand elle trouvera l'homme qui, en fait, est sur la même longueur d'onde qu'elle et qu'entre eux la liaison orageuse se fera jeu amoureux où chacun devient tour à tour l'objet de l'autre. Il suffisait que Petruchio apprenne à Catarina à se faire aimer même si la manière est fort rude pour que celle-ci se décide à aimer également.
C'est frais, tout va très vite, on rit. Humour, jubilation, insolence sont de mise dans cette comédie picaresque réinventée et haute en couleurs.
15h38 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Toute La Culture.com - 12 février 2020
Frédérique Lazarini a adapté (assistée de Lydia Nicaud) et mis en scène La Mégère apprivoisée de William Shakespeare, pièce elle même adaptée d’un conte populaire. Le résultat, à ne pas rater au Artistic Théâtre Athevains se synthétise en une joyeuse farce à l’italienne délicieusement et caustiquement misogyne.
Elle a retiré la sous-intrigue façon jeu de l’amour et du hasard qui vient s’entuiler à l’intrigue principale dans le texte original. Elle a permuté l’épilogue en le remplaçant par un manifeste féministe extrait d’une chambre à soi de Virginia Woolf. Elle a ajouté des chansons en italien, des chorégraphies clownesques et quelques accessoires délicieusement anachroniques. Elle, c’est Fréderique Lazarini, magnifique comédienne (récemment dans "Qui a peur de Virginia Woolf", et actuellement dans "Les témoins" de Reuzeau) qui confirme ici son talent de metteuse en scène. Et de direction d’acteur, car le premier plaisir du spectateur consiste en ses joyeuses retrouvailles avec des comédiens à l’impressionnante force burlesque. Cédric Colas, dernièrement dans un désopilant "Le Fil à la patte" tient par son implication et son alacrité la pièce de bout en bout. La pièce respecte un tel rythme grâce à son jeu exalté et plastique alternant fausse colères à franches rigolades. Il adosse son jeu à la brillante et lumineuse Sarah Biasini, à l’hilarant duo Pierre Einaudi, Guillaume Veyre et au truculent acteur provençal avé accent Maxime Lombard. Charlotte Durand Raucher, elle aussi, qui n’apparaît qu’en vidéo impressionne par sa performance comique.
Tout commence dans une salle de cinéma où, à la suite du prologue, un film en noir et blanc présente l’ensemble des personnages et pose l’intrigue. Tout est organisé avec précision en vue de bâtir un show festif. La mécanique émerveille, les gags fonctionnent, les adresses au public nous embauchent. La pièce ressemble à une farce populaire à la Molière ou à la Goldoni, devient un Shakespeare à la plume trempée dans l’ancien écrivain de théâtre lubrique John Ford. Nous sommes emportés dans une clownerie de cirque doublée d’une pièce pastiche. Le public, qui ne ment jamais glousse souvent, rit beaucoup d’un rire clair.
L’intrigue se résume facilement. Pour respecter l’ordre de la bienséance, un père doit marier sa fille aînée avant la cadette, sauf que celle-là est une mégère. Profondément insoumise, résolument moderne avant la lettre, la Mégère apprivoisée revendique le droit à la parole et à une certaine liberté. Dans les années 50 en Italie, Catarina ne se laisse pas faire. Elle est en rébellion contre toutes les autorités patriarcales de son temps. Le malicieux prétendant Pétruchio (Cédric Colas) saura seul la dompter à force de privations et de sévices. Shakespeare se place du coté des hommes et à la fin de sa rééducation, Catarina dans une tirade qui nous apparaît hallucinante aujourd’hui clamera sa soumission consentante à son mari.
Les rire redoublent devant une telle misogynie. Mais la farce imaginée par Frédérique Lazarini est construite pour ridiculiser les hommes et, en guise d’épilogue, la comédienne qui joue la mégère, son rôle tenu et conclu, se dresse au proscenium devant nous complice pour clamer quelques lignes de "Virginie Woolf". Épatant. Par ce geste, la pièce se transforme en un manifeste anti-machisme.
On finira la soirée dans un restaurant italien à boire du Moscato en rejouant les nombreux gags de la pièce.
Par David ROFÉ-SARFATI
18h34 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : On-Mag.fr - 11 février 2020
Frédérique Lazarini prend le pari audacieux de rapprocher Shakespeare et le cinéma italien des années 50.
Frédérique Lazarini, qui met en scène "La Mégère apprivoisée" de William Shakespeare, fait un choix singulier en mélangeant séquences filmées et comédiens endossant leur rôle spécifique. Très vite l’intérêt de la pièce va se déplacer sur un personnage féminin dont le comportement violent, acariâtre, survolté, va en quelque sorte conditionner tout le déroulement de la pièce.
Il s’agit de Catarina, la fille aînée de Baptista, dont le caractère bien trempé donne des cauchemars à son père qui n’a qu’une idée en tête : lui trouver coûte que coûte un mari. Un personnage va heureusement permettre ce miracle : il s’agit de Lucentio, amoureux de la fille cadette Bianca. Celui-ci ne peut obtenir la main de celle-ci que si l’aînée trouve un mari, donc Lucentio doit à tout prix découvrir un prétendant pour Catarina. Aussi lorsque Lucentio fait miraculeusement la connaissance de l’homme providentiel, Petruchio, il sait que son rêve d’épouser Bianca va ainsi se transformer en réalité. Petruchio va sans tarder faire une cour effrénée à la terrible Catarina, bien décidé à mater cette tigresse. Sa méthode pour arriver à ses fins se révèle fort peu orthodoxe, soumettant la malheureuse Catarina à de rudes tourments.
Elle va ainsi subir de terribles contraintes de la part de Petruchio, bien décidé à dompter un animal rétif qu’il se fait fort de ramener à la raison. Après un mariage mouvementé obtenu au grand soulagement du père de la mariée, le pugilat entre les deux époux va s’amplifier mais va finalement tourner à l’avantage de Petruchio, intraitable, impitoyable et parvenant à métamorphoser sa tigresse en toutou docile, abdiquant toute velléité de résistance face à un mari aussi décidé à la vaincre. Paradoxalement, c’est Lucentio dorénavant marié à Bianca, sœur cadette de Catarina, qui va commencer à avoir des ennuis avec son épouse dont les états d’âme semblent fluctuer, émettant des doutes quant à son amour indéfectible à l’égard de son mari. Dans cette pièce, William
Shakespeare rend donc un hommage appuyé à la combativité féminine refusant la suprématie machiste.
Saluons l’interprétation particulièrement vive et fulgurante de Sarah Biasini, campant idéalement Catarina, alors que Cédric Colas incarne avec une fausse désinvolture et une insolence inouïe le rôle de Petruchio. Ne négligeons pas le reste de la distribution incarnant avec efficacité les autres personnages de la pièce. Frédérique Lazarini, qui met en scène cette Mégère apprivoisée de William Shakespeare, parvient, malgré une simple adaptation du texte original, à restituer à sa façon un certain esprit du théâtre élisabéthain.
Texte de Michel Jakubowicz
16h04 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Télérama.fr - 07 février 2020
La metteuse en scène et comédienne a monté “La Mégère apprivoisée”, une pièce qui chahute les codes identitaires attachés aux deux sexes.
Excentriques de la scène, furieux des planches, certains heureusement osent trop, en font trop et transforment leurs rêves en délirante réalité. Christian Hecq et Frédérique Lazarini, acteur(rice) et metteur(euse) en scène, sont de ces excessifs dont la vie entière semble théâtre et dont la folle énergie constamment émeut. La seconde, sans la jouer — ce dont elle aurait eu toute la démesure —, a monté une Mégère apprivoisée de sa façon. Elle a métamorphosé la tourbillonnante comédie shakespearienne (1594) en une de ces farces caustiques et tendres qu’affectionnait le cinéma italien des années 1950-1960. Shakespeare aimait fort l’Italie, on le voit à ses nombreuses pièces situées là-bas ; en homme de la Renaissance, il narguait tout type de frontières. Et sans doute appréciait-il la liberté et l’audace de narration de la commedia dell’arte qui y surgirent au début du XVIe siècle. Une vitalité qui enchante
Pourquoi alors ne pas revisiter l’Italie en l’adaptant ? Et une Italie d’après-guerre en plein mouvement, renouvellement, où les femmes commencent à revendiquer et prendre leurs places. Comme à l’âge baroque. Catarina est ainsi réputée « mégère » parce qu’elle clame ce qu’elle pense, rejette l’autorité du père comme l’hypocrisie régnante, face à une sœur plus jolie et douce qu’elle, Bianca, dont tous les jeunes hommes seraient fous. Peut-être, aussi, parce que ces deux filles-là sont de riches héritières… Histoire d’apparent dressage amoureux, de jeux de rôle masculin-féminin : Shakespeare chahute les codes identitaires traditionnellement attachés aux deux sexes. Autour d’un cinéma ambulant, sur une place de village, chacun joue ici la partition sociale et sentimentale attendue, sous le regard ironique, sceptique, voire cynique de l’auteur…
Belle idée que d’avoir recentré sur cinq acteurs la comédie endiablée. L’adaptation court à l’essentiel avec une vitalité qui enchante. Sur grand écran, face au public, des scènes qu’on ne verra pas en chair et en os activent l’action ; sur le plateau, des acteurs caracolent dans une sarabande amoureuse, ils s’amusent de leurs masques, défient leurs propres désirs. Sarah Biasini impose une Catarina carrée, franche, solaire, féministe déjà. Et si forte que Bianca, sa sœur rivale, est condamnée à n’apparaître qu’à l’image. La première forme avec Cédric Colas, bondissant et troublant Petruchio, un couple irrésistible qui compose avec humour avec la société de son temps…
Fabienne Pascaud
08h02 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Regard en coulisses.com - 03 février 2020
Artistic Théâtre – 45 bis, rue Richard Lenoir – 75011 Paris.
http://www.artistictheatre.com
Jusqu’au 11 mars 2020.
De William Shakespeare. Adaptation et mise en scène de Frédérique Lazarini.
Avec Sarah Biasini (Catarina), Cédric Colas (Petruchio), Maxime Lombard (Baptista), Pierre Einaudi (Lucientio), Guillaume Veyre (Tranio).
Profondément insoumise, résolument moderne avant la lettre, La Mégère apprivoisée revendique le droit à la parole et à une certaine liberté. Ici, l’histoire (mi-contemporaine, mi-élisabéthaine) se noue, autour d’un cinéma ambulant sur la place d’un village, dans les années 50 en Italie.
Notre avis : La pièce de Shakespeare constitue un terreau fertile pour de multiples adaptations. Citons "Kiss Me", "Kate" et "La Mégère à peu près apprivoisée" dans le domaine musical. De musique, la proposition de Frédérique Lazarini n’en manque pas, puisqu’elle choisit de situer l’intrigue dans l’Italie des années 50/60 en utilisant les airs à la mode. Sa vision de l’œuvre s’avère très cinématographique puisque s’entremêlent le jeu des comédiens sur scène et celui des mêmes, accompagnés par quelques autres, sur un écran. Ce dialogue fonctionne très bien et crée une atmosphère particulière et séduisante. On se croirait presque, lors de ces projections, sur la place d’un village italien avec ces bancs disposés au sol et qui serviront d’éléments de décor multifonctions. Concentrés sur quelques personnages essentiels, cette adaptation met clairement en avant un discours féministe, la « mégère » n’étant pas forcément celle que l’on croit. Dans le rôle-titre, la superbe Sarah Biasini irradie littéralement et offre une Catarina bien plus subtile que l’originale. Ses partenaires, au diapason, offrent au spectateur de nombreuses occasions de rire, mais aussi de s’interroger sur la nature des relations humaines. Si chacun s’accorde à dire que Shakespeare est un immense auteur, l’adapter avec cette verve et cette finesse mérite d’être souligné.
09h07 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Theatrauteurs.com - 03 février 2020
Personne bien sûr, n'a oublié le couple : Taylor-Burton. Par conséquent, Frédérique Lazarini parfaitement consciente de cet écueil se devait d'aborder le thème différemment.
D'abord, elle a choisi de recentrer l'action sur 5 personnages - ô combien essentiels ! - tout en élargissant la forme d'expression en utilisant le langage cinématographique de façon ponctuelle et en multipliant les clins d'oeil en direction des années 50-60 porteuses de talents comme ceux d'un Fellini, d'un Comencini ou d'un Vittorio De Sica ... Voilà pour l'atmosphère et il est évident que nous sommes bel et bien en Italie, là où le soleil exacerbe les passions.
Catarina a le menton carré et le front obstiné de Sarah Biasini qui incarne superbement cette rebelle passant aux yeux de tous pour une mégère ! Cedric Collas campe de façon surprenante ce Petruchio à l'allure féline. Sa souplesse et sa détermination font de lui un grand fauve mais il fallait bien cela pour affronter la tigresse annoncée… Baptista, ce père aimant mais respectueux des conventions ( à l'époque l'aînée devait obligatoirement se marier avant la cadette ) résume à lui seul le tempérament méridional dans toute sa splendeur. Maxime Lombard nous fait croire par instants que le grand Raimu est ressuscité tant il prête à ce rôle de rondeur et d'impact.
Lucentio (Pierre Einaudi) amoureux de Bianca, la soeur cadette laquelle ne saurait " brûler les étapes " est le prétendant idéal du moins à ce stade. Enfin, le valet débrouillard (Tranio) sous les traits de Guillaume Veyre intervient dans le plus pur style de la comédie italienne. Voici donc une humoristique guerre des sexes où peut-être le vainqueur ne sera pas celui que l'on croit mais en aura du moins toutes les apparences après une alternance de victoires et de défaites.
Ce, jusqu'à la morale de l'histoire bien sûr qui à l'époque actuelle peut nous paraître surprenante !
Scènes jouées en direct et scènes filmées se succèdent faisant parfois la liaison entre l'ancien temps et le nouveau nous déplaçant d'un lieu à l'autre, d'une place publique au huis-clos du mariage où le drame prend souvent des allures burlesques.
Le spectateur surpris, un peu dérouté au démarrage de la pièce se prend peu à peu au jeu brillant des interprètes et à la hardiesse avec laquelle ce classique nous est présenté. Bousculés mais séduits, nous ne pouvons que suivre et finalement adhérer.
Bravissimo !
Simone ALEXANDRE
08h49 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : L'express.fr - Blog "L'écharpe rouge" - 03 février 2020
Il est audacieux, voire téméraire, aujourd’hui, de raconter une histoire où le mâle triomphe. Parce que le mâle, c’est le mal. C’est pourtant ce que les Artistic Athévains proposent avec "La Mégère apprivoisée", comédie de jeunesse de William Shakespeare, écrite en 1594, quand l’oeuvre du grand Will est encore marquée par l’esprit méditerranéen. Consciente de son culot à dire qui doit porter la culotte, la troupe s’offre de tenter une étrange expérience.
Esthétique, d’abord. La scène est une sorte de cinéma en plein air, on est dans l’Italie de la « dolce vita », de Cinéma Paradiso, un peu celle de Fellini. Un décor qui lutte pour imposer sa chaleur toute adriatique dans le vaste cube bétonné des lieux. L’action se déroule entre Vérone et Padoue, c’est Goldoni que Shakespeare nous annonce, celui des Rustres, ces Rusteghi que leurs femmes finissent par confondre et mater. Du linge pend sur un fil, des bancs de bois clair s’alignent devant un écran où l’on voit se dérouler une partie de l’histoire. La terrible Catarina trouvera-t-elle un époux, ce qui permettra à sa cadette Bianca de se marier à son tour ?
Expérience intellectuelle, presque politique, ensuite : Shakespeare est-il un auteur machiste ? Veut-il, au contraire, dénoncer en creux les mariages où le père décide pour ses filles ? Entend-il seulement nous distraire par une farce ménagère? C’est cela qui est formidable avec Shakespeare : il nous donne matière à interrogation, mais si l’on ne souhaite pas se triturer les méninges, il nous réjouit simplement, par ses histoires.
À la fin de la pièce, l’héroïne lit un texte de Virginia Woolf, rendant hommage à la sœur de Shakespeare, qui n’a pas existé et n’aurait pas pu faire sa carrière… Les temps changent, l’égalité homme-femme progresse, et c’est tant mieux. Reste le sens de la comédie, maîtrisé par Shakespeare, et sa peinture des caractères. Les amants ingénieux, Bianca, petite fille pas si modèle, Petruchio, mari faussement brutal et vraiment subtil, une Mégère plus effarouchée par la vie que féroce avec les autres… Que cela est bien troussé, toujours drôle et éloquent 500 ans plus tard!
Sarah Biasini, comme toujours, est engagée et généreuse, elle défend son personnage avec fougue et grâce. Face à elle, Cédric Colas, excellent jadis, dans le même théâtre au service de Vaclav Havel, est un Petrucchio puissant et gymnique: le duo fonctionne ! On rêve de voir ce spectacle en plein air, un soir d’été, dans un festival baigné de l’envie d’amour. Il prendrait alors toute sa force de séduction et d’ivresse.
Christophe Barbier
08h41 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : BFM TV - 1er février 2020
13h09 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : La Grande Parade - 24 janvier 2020
Les lamentations d’un riche aristocrate de Padoue qui a (presque) renoncé à marier sa fille Catarina, au caractère trempé rebutant tout prétendant, se transforment en liesse quand Petruccio, fils d’un de ses amis de Vérone, par la dot attiré, se fait fort de dominer la tigresse. De plus, le père pourra donner en mariage Bianca, sa fille cadette, la petite préférée, comme promis. Petruccio, avec la complicité de son valet, qu’il ne néglige toutefois jamais de punir, entreprend le « dressage » de Catarina, épousée à la hussarde. A coups de privation de nourriture, de sommeil, de marches forcées, il parvient à ses fins et peut exhiber l’épouse matée, au logis du beau-père. Catarina se montre plus docile que sa sœur cadette qui a, entre temps, affirmé un caractère rétif, prenant en quelque sorte le relais de l’aînée. Cette dernière prononce alors un panégyrique à la gloire des épouses soumises. Petruccio, tous les machos et les chantres d’une société patriarcale auraient-ils gagné ?
Sous le soleil d’Italie
L’adaptation de la pièce de Shakespeare par Frédérique Lazzarini, qui met en scène, a resserré l’action se déroulant initialement en cinq actes : les intrigues amoureuses sont ramenées à l’affrontement Catarina-Petruccio, soit, finalement, à l’essentiel du propos. De l’Italie du siècle de Shakespeare on se trouve transporté dans les années 1950, années phare du cinéma italien. Des bancs sont alignés devant l’écran qui projette déclarations des personnages, spots publicitaires. Nous voilà transportés à l’époque dorée du 7e art, celle à laquelle nous convie le film Cinema Paradiso. Le décor, le bel canto de Caruso, renvoient à une Italie, plus napolitaine (draps (nuptiaux) et chemises mis à sécher à l’extérieur) que padouane ou vénitienne. Tout comme la verve fleurie des personnages faisant honneur à la commedia dell’arte, au théâtre de tréteaux donné sur les places publiques. Il fallait à Shakespeare le cadre de l’Italie (il y situe nombre de ses pièces : Romeo et Juliette, Othello, Le Marchand de Venise) pour cette exubérante comédie. Le parti-pris de mise en scène, mêlant cinéma et théâtre, apporte la distance nécessaire à un texte daté confinant à la caricature. Quoique. Les temps ont-ils tant changé ? Le cinéma au théâtre (les comédiens passent de l’un à l’autre) dédouble le caractère des protagonistes, dans un jeu de mentir-vrai.
La place centrale de la femme
Un texte aussi caricatural ne cacherait-il pas un autre propos ? Catarina, la mégère, est une femme revendiquant sa liberté de choix : face à un monde fermé à cette perspective, elle oppose sa révolte, puis une soumission qu’on devine feinte. Le fait que la cadette se rebelle à son tour annonce un frémissement qui n’est pas encore tempête, mais qui, trouve répercussion plus fortement aujourd'hui. Shakespeare, dans une société où les femmes ne pouvaient pas même jouer au théâtre, a choisi de faire de Catarina la figure centrale, comme l’évoque le titre de la pièce, quand bien même il fait référence à un personnage peu sympathique. Et Frédérique Lazzarini enfonce le clou en lui donnant, par la voix de Shakespeare, puis celle de la sœur du dramaturge, le mot de la fin. Une belle réussite portée par le tourbillon burlesque soulevé par les cinq comédiens.
La mégère apprivoisée
Texte : William Shakespeare
Adaptation et mise en scène : Frédérique Lazzarini
Avec Sarah Biasini, Cédric Colas, Pierre Einaudi, Maxime Lombard, Guillaume Veyre
Dates et lieux des représentations:
Jusqu'au 11 mars 2020 à l'Artistic Théâtre (45 rue Richard Lenoir 75011 Paris - Métro : Voltaire (ligne 9) (01.43.56.38.32.)
17h51 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Snes.du - 24 janvier 2020
Un jeune homme Lucentio arrive à Padoue avec son valet, aperçoit une jeune fille fort jolie et en tombe amoureux. Mais le père de Bianca a décidé qu’elle ne pourrait se marier que lorsqu’un mari se sera présenté pour sa sœur aînée, Catarina. Or c’est loin d’être gagné car celle-ci est une mégère acariâtre qui terrorise et insulte tout le monde. Mais justement arrive à Padoue un des amis de Lucentio qui a besoin d’épouser une jeune fille riche.
Petruchio se lance sans grand succès à l’assaut de Catarina, mais réussit à convaincre son père de la lui laisser épouser. Reste pour lui à dompter la belle. Il y réussira sans violence directe mais en la privant de sommeil et de nourriture, en la menaçant et en l’enfermant, tout cela dans une atmosphère de comédie !
La misogynie de cette comédie de Shakespeare, déjà été critiquée de son temps, est devenue inacceptable aujourd’hui. Il fallait donc l’adapter, tout en gardant son comique, ce qu’a fait Frédérique Lazarini assistée de Lydia Nicaud. Elle a eu l’idée de terminer la pièce en imaginant ce qu’elle serait devenue si une femme, pourquoi pas la sœur de Shakespeare, l’avait écrite. Et l’on voit la douce Bianca devenue l’épouse de Lucentio, qui s’ennuie dans le mariage, le dit et le proclame, et rêve de ses anciens prétendants.
Puisque nous sommes en Italie, Frédérique Lazarini met la pièce en relation avec les comédies italiennes des années 50 et 60, celles de Vittorio de Sica ou de Dino Risi, dans lesquelles commençaient à poindre des aspirations féministes. On est dans un décor de draps tendus qui évoquent les cinémas ambulants qui passaient dans les villages. Et on va glisser du cinéma (film en noir et blanc de Bernard Malaterre) à la scène. Bianca (Charlotte Durand-Raucher) n’apparaîtra que sur l’écran, dans des scènes en noir et blanc, où elle se languit de ses amoureux et s’ennuie. Parfois les personnages sortent de l’écran et s’installent sur scène, parfois un dialogue s’installe entre scène et écran.
Et puis, comme au cinéma de l’époque, il y a des intermèdes, de la publicité, l’annonce du film de la semaine suivante et cela vaut la peine ! La publicité pour les gaines Seduzione et l’annonce d’un péplum, combinés à des moments de pure commedia dell’arte doublent le comique des réparties, tout comme la musique. La voix d’un ténor chantant l’air le plus poignant de Tosca accentue le comique des lamentations du père encombré de cette fille impossible.
Sarah Biasini est une Catarina au visage grognon et colérique qui se transforme en femme modèle conventionnelle, douce, jolie, souriante. Elle est aussi convaincante sous les deux aspects. Cédric Colas incarne Petruchio, le macho type, qui arrive en blouson de cuir sur marcel blanc, avec son tandem, pour emmener Catarina. La pièce avance avec un rythme rapide. Maxime Lombard fait penser à Raimu dans le personnage du père et Guillaume Veyre excelle en valet malmené.
Micheline Rousselet
Mardi, vendredi et samedi à 20h30, mercredi et jeudi à 19h, samedi et dimanche à 17h
Artistic Théâtre
45 bis rue Richard Lenoir, 75011 Paris
Réservations : 01.43.56.38.32
09h42 dans Thea-2020-Mégère | Lien permanent | Commentaires (0)