Source : Toute la culture - 31 janvier 2022
Si les romans de la reine du crime se lisent par dizaines en français, ce n’était pas encore, jusqu’il y a peu la même chose pour ses pièces de théâtre. Depuis 2018, le théâtre d’Agatha Christie est enfin traduit. La suite logique arrive, les pièces sont sur scène, en l’occurrence celle de l’Artistic Théâtre, dans une mise en scène classique et efficace de Frédérique Lazarini.
«Tuer mon mari, ça a été un jeu d’enfant !»
Il fait nuit dans la maison bourgeoise, on décèle des bibliothèques, des canapés, une cheminée encombrée de bibelots et surtout deux grandes portes-fenêtres. On n’y voit rien. Il y a du brouillard. Soudain, un visiteur inattendu (Michael Stocker) entre paniqué. Sa voiture est tombée dans un fossé, il cherche un refuge et là, découvre le cadavre de Richard Warwick et sa veuve (Sarah Biasini), en robe du soir pointant un revolver sur lui. Et ça, ce n’est que la première scène !
Agatha Christie a écrit sa pièce comme une partie de Cluedo, elle nous mène en bateau dès le début en nous faisant croire que c’est Laura Warwick qui a tué. La pièce va avancer dans des jeux de preuves à dissimuler et à trouver. Et à ce jeu, elle reste la meilleure !
Un mec affreux
Le portrait du mort est sans appel : «On ne pouvait pas aimer Richard !». Handicapé depuis un accident, il n’avait jamais arrêté de chasser et d’être violent. L’idée de vengeance semble évidente pour l’Inspecteur Thomas (Stéphane Fiévet). On peut alors entrer dans l'enquête et s’amuser à se demander, comme eux tous :
«Mais alors, qui l’a tué ?»
Ne comptez pas sur nous pour vous le dire !
Au service de l’histoire
La mise en scène ne cherche pas à entrer dans les codes du contemporain. Il n’est question que de se mouler dans le texte au point qu’à un moment, il sera même projeté. Les éléments vidéos, devenus légions dans le théâtre privé ces derniers temps sont ici bien utilisés. Les images sont le support des souvenirs et des angoisses, notamment celles de Jean Warwick, gamin désaxé, incarné à la perfection par Pablo Cherrey-Iturralde. De façon générale, les comedien.ne.s (Sarah BIASINI, Pablo CHERREY-ITURRALDE, Antoine COURTRAY, Stéphane FIÉVET, Emmanuelle GALABRU, Françoise PAVY, Robert PLAGNOL) jouent le jeu avant talent et humour dans des costumes qui situent la pièce dans la société ultra chic des années 50.
Un théâtre populaire
Un visiteur inattendu est une pièce idéale et absolument tout public. Les touches d’humour, particulièrement portées par le commissaire, la folie, l’amour, la trahison font de ce spectacle un bon moment, facilement accessible. Il ne faut avoir aucun code préalable pour entrer comme ce visiteur dans la vie qui bascule de cette famille.
Par Amélie BLAUSTEIN NIDDAM