Source : Théâtral Magazine - 17 juillet 2021
Tout est blanc. Le sol, le plafond et les murs de cette cuisine minimaliste. Au centre, entre un buffet et une malle, une immense table de bois. Sous la direction de Christophe Lidon, la pièce de Strindberg déploie toute sa charge d’humanité blessée, ses règles sociales perverties, et les assauts manipulateurs de ses protagonistes. Le metteur en scène l’a rendue limpide. "Elle est folle", dit ce domestique en parlant de Julie lors d’une nuit où brillent les feux de la Saint Jean. La jeune femme de bonne naissance ne tente-t-elle pas de se jeter à sa tête au mépris des conventions ?
S’ensuit un jeu de chat et de souris pervers et fiévreux où la prise d’ascendant de l’un sur l’autre change sans cesse. Sarah Biasini est une Julie dévergondée, jouisseuse, allumeuse, repentante. Son interprétation est belle, sobre, tout à fait juste et convaincante. Yannis Baraban est Jean, son valet, à la présence forte. Il charpente son jeu avec habileté. Il y a autant de violence contenue qu’exprimée entre eux, à laquelle la cuisinière (Déborah Grall) en austère retenue assiste atterrée.
Le trio met particulièrement bien en exergue les rêves, les aspirations et déceptions de chacun. Entourée par intermittence d’une scénographie vidéo intéressante, cette nuit blanche tachée de sang plonge dans une noirceur inouïe.
Vaincus, on se rend à l’évidence fatale de la dramaturgie. Et l’on applaudit… beaucoup.
François Varlin
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