Source : Le Figaro -08 juillet 2016
Le réalisateur, qui aimait s'attaquer aux tabous de la société française, avait dirigé Romy Schneider dans le dernier film de l'actrice : "La passante du Sans-Souci".
Le réalisateur Jacques Rouffio, qui aura marqué les années 1970-80 avec "La passante du Sans-Souci" ou encore "Sept morts sur ordonnance", est décédé vendredi à 87 ans à Paris, ont annoncé ses enfants.
«Sophie Rouffio, Emmanuel Rouffio et Christophe Rouffio ont la tristesse de vous faire part du décès de Jacques Rouffio», dit leur communiqué, qui évoque un homme à la «filmographie éclectique et engagée».
Né en août 1928 à Marseille, le réalisateur et scénariste avait commencé comme assistant du réalisateur Jean Delannoy, en 1953 sur le film "La route de Napoléon". Après plusieurs films comme assistant, c'est en 1967 qu'il tourne son premier long-métrage, "L'Horizon", qui traite de la révolte des soldats en 1917.
Il s'attaquera ensuite, «avec un certain sens de la cruauté et de la bouffonnerie, à deux autres tabous de la société française», décrivent ses enfants: le monde médical avec "Sept morts sur ordonnance" (1976), et la spéculation boursière avec "Le Sucre" (1978).
En 1982, il réalise "La Passante du Sans-Souci", le dernier film de Romy Schneider. Son dernier long-métrage de cinéma sera "L'Orchestre rouge", sorti en 1989. Jacques Rouffio travaillera aussi pour la télévision, son dernier téléfilm étant adapté d'une nouvelle de Maupassant, "Miss Harriet", en 2007.
La farandole de tous les grands acteurs français
«Ses films resteront», a réagi Gilles Jacob, l'ancien président du Festival de Cannes, pour qui «il dénonçait, à la fois subtilement et sans peur de taper».
«Le Sucre était une dénonciation des magouilles financières, on se croirait aujourd'hui ! "Sept morts sur ordonnance", c'était la dénonciation de la médecine malhonnête, cette volonté de faire de l'argent dans une clinique comme dans un commerce», détaille Gilles Jacob. «On pense à un certain cinéma de Bertrand Tavernier, cette école française qui, comme le faisait le cinéma américain, dénonce les turpitudes et les magouilles. Avec une jubilation salutaire», ajoute-t-il.
Gilles Jacob «revoit encore certaines scènes fameuses du Sucre, avec Hanin, Carmet, Depardieu... Et puis Charles Vanel dans "Sept morts sur ordonnance»". Avec Rouffio, c'était «la farandole de tous les grands acteurs français».
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