Créé après la mort de Jean Gabin, ce prix récompense un espoir du cinéma masculin et féminin. Le choix du jury s'est rarement démenti d'ailleurs, puisque la plupart des lauréats ont tous fait carrière et se retrouvent souvent quelques années plus tard lors de la nuit des César.
2004 a célébré le centenaire de la naissance de Monsieur Gabin et un prix spécial à été remis à Thierry Lhermitte à l'occasion de la 25ème édition de ce prix.
La petite histoire des prix Jean Gabin et Romy Schneider...
19 février 1981
Le prix Jean Gabin.... Une histoire d'amitié
Les cendres de Jean Gabin venaient d'être dispersées sur l'Atlantique.
Nous dînions, Marlène et moi, avec notre ami Louis de Funès au "Fouquet's".
Loulou avait deux passions: le cinéma et les acteurs. C'est pourquoi nous parlions ce soir là de Jean Gabin qu'il appelait "Le Grand".
On égrenait des souvenirs. Des films dans lesquels Gabin avait la vedette et de Funès ne tenait encore que de petits rôles: La traversée de Paris, Le gentleman d'Epson. Mais surtout Le tatoué où pour la première fois Maurice Jacquin faisait partager la vedette entre Loulou, devenu star, et Jean consacré depuis longtemps.
- "Nous n'aurons pas un endroit où déposer une rose", soupira soudain de Funès. "Tout Gabin s'est englouti. Seulement notre mémoire."
Et se tournant vers moi, il dit:
- "Eugène, vous devriez créer quelque chose qui la perpétue, qui marque l'admiration que nous avions pour son talent, pour lui-même."
J'ai proposé un prix qui récompense un comédien avec un jury de journalistes femmes pour le décerner. Il nous fallait l'accord de Madame Gabin et c'est ainsi que le 19 février 1981, Thierry Lhermitte fut le premier promu. Suivirent Gérard Lanvin, Gérard Darmon, François Cluzet, Chritophe Malavoy, Tcheky Karyo, Jean-Hugues Anglade...
Depuis Romy Schneider nous a aussi quittés. Romy était une amie qui m'était chère, tout comme Louis. Pour elle, nous nous étions occupés de bien des films réalisés par Claude Sautet, produit par Raymond Danon, distribués par Richard Pezet.
Elle aussi professait un culte pour Gabin.
C'est pourquoi Marlène et moi avons pensé les unir tous les deux dans une manifestation qui leur prouve notre attachement et notre admiration. Il était tout naturel qu'un prix à une comédienne fasse le pendant au prix Jean Gabin devenu adulte et prestigieux.
Ce fut le prix Romy Schneider avec Christine Boisson pour première Lauréate. C'était en 1984. Les membres du jury était cette fois des journalistes hommes. Elisabeth Bourgine fut couronnée l'année suivante, puis Juliette Binoche, Catherine Mouchet, Fanny Bastien, Mathilda May, Vanessa Paradis...
Ainsi chaque année lors d'un jour proche du 19 février - jour de la Saint Gabin - nos deux compagnies désignent une jeune comédienne et un jeune comédien dont la personnalité s'exprime dans le cadre d'une tradition illustrée par ces deux immenses talents, nos amis Jean Gabin et Romy Schneider.
C'est notre façon à nous de dire que nous n'avons pas oublié, tout en marquant notre attachement au cinéma français, chaque année, par cette association du nom et du prestige de ces deux artistes immortels à deux jeunes acteurs récemment révélés au public.
Et nous en sommes fiers parce que Funès et Gabin doivent être content quelque part dans l'immensité.
Eugène Moineau