02h29 dans Film-1961-Boccace 70 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le numéro 33 de la collection "les plus grands films de Romy Schneider en DVD" est disponible au numéro ou en abonnement sur ma collection.fr au prix de 13 euros.
Contient :
06h41 dans En DVD !, Film-1961-Boccace 70 | Lien permanent | Commentaires (2)
Source : Critikat.com - 26 août 2008
Ponti, Fellini, Ekberg, Visconti, Schneider, De Sica, Loren ! Tout ce beau monde au service de l’Italie, vraie protagoniste de Boccace 70. Trois sketches pour illustrer les visages disparates d’un même pays où les valeurs sont de rigueur et leur respect est tout sauf rigoureux. Drame comique ou comédie dramatique ?
Lorsque l’on passe en revue les genres cinématographiques, il y en a un qui reste souvent oublié : le film à sketches, dont la multiplicité lui permet de naviguer au milieu de tous les autres. Et pour cause, l’étude des genres dérive de sa matrice thématique américaine, tandis que celui dont il sera question ici – encore qu’il contienne les caractéristiques propres à ladite dénomination – connut sa gloire principalement en Italie. Décidément les années 1960 auront été une période de renouvellement et de chamboulement total pour ce pays qui ne se limita pas à l’industrialisation, mais commença aussi à exiger les évolutions sociologiques qui vont avec. Boccace 70 nous en montre quelques-unes à travers le regard lucide de trois réalisateurs : Federico Fellini, Luchino Visconti et Vittorio De Sica. Ce programme chargé fut voulu par Carlo Ponti, producteur phare dont il suffit de citer Blow Up (M. Antonioni ; 1964) ou Le Mépris (J.L. Godard ; 1963) pour donner un aperçu de sa fortune et de son flair. L’idée, elle, était de Cesare Zavattini, dont la renommée n’a rien à envier à celle de son producteur puisqu’il fut le scénariste de Bellissima (L. Visconti ; 1951) ou encore de Mariage à l’italienne (V. De Sica ; 1964).
De son côté, Boccace n’a bien sûr rien fait directement si ce n’est qu’il a inspiré le thème du film avec Il Decameron, monument de la littérature italienne. Il y est question d’une dizaine de jeunes gens qui se réunissent dans une villa loin de la cour florentine pour échanger des histoires salaces où argent, érotisme et farce sont au rendez-vous. L’humour caustique et l’ouverture d’esprit de l’auteur face aux mœurs se retrouvent dans le film et fournissent même sa clé de lecture. Car si ce n’est pas un film d’époque, Boccace 70 nous donne bien un descriptif assez emblématique de l’Italie du boom économique. D’entrée, remarquons l’astuce d’évoquer le célèbre écrivain pour faire passer la critique d’une société moralisatrice qui visiblement n’a pas beaucoup évolué depuis l’obscurantisme moyenâgeux. La censure démocrate-chrétienne est dans la ligne de mire de nos réalisateurs, raison pour laquelle le 70 fût ajouté afin d’indiquer ironiquement la décennie où ce film aurait pu exister sans interdits – créditons et remercions encore une fois Carlotta Films qui nous a offert une édition du film avec des bonus fort intéressants auxquels nous ferons appel par la suite.
Le Travail, L. Visconti
Passons du plein air au huis-clos. Tout comme Fellini, Visconti ne renonce pas à son univers habituel, en nous proposant un palais aristocratique milanais dont on ne va jamais sortir. Ici se déchire un jeune couple, suite au scandale provoqué par la fréquentation de call-girls de la part de Monsieur. Le Comte Ottavio (Thomas Milian) et Pupe (Romy Schneider) se sont mariés par intérêt : elle est fille d’un riche homme suisse et lui semble faire partie de cette aristocratie fauchée à la recherche d’un patrimoine pour redorer son blason. Le litige va donc s’axer autour de questions économiques et de classes sociales, penchant apporté par le réalisateur à une libre adaptation d’une nouvelle de Maupassant, Au Bord du lit. En effet, s’il est un thème que Visconti connaît par cœur à cause de ses origines de classe, c’est bien celui-ci. Par conséquent, le milieu est affronté avec une aisance propre à ceux qui savent faire un sans-faute : pas de place pour l’édulcoration, sans pour autant faire passer ces individus pour plus hébétés qu’ils ne le sont.
Certes, Pupe décide tout à coup de se mettre à travailler pour être indépendante, avec une vision assez ingénue de la chose – mannequin ou antiquaire, peu importe du moment que ça fait passer le temps et que ça n’est pas trop contraignant. Ceci dit, elle fait preuve d’une relative lucidité lorsque l’avocat insistant Zacchi (Romolo Valli) tente de l’amadouer quant au scandale médiatique : « Vous me prenez pour une petite bourgeoise de province ? D’ailleurs même elles ont évolué. C’est fini tout ça. Eh oui… On lit, on va au cinéma, tout le monde fait la même chose : aristocrates, intellectuels, les gamins de banlieues… Mais oui, sur ce point je donne raison à Ottavio. Inutile de me parler de scandale. C’est très banal au fond, vous ne pensez pas ? ». Elle a parfaitement conscience de qui elle est et de son rang par rapport aux autres qui ont bénéficié d’une certaine démocratisation culturelle. De son côté, lui est un peu plus irresponsable, sa seule obsession étant la réouverture des comptes par le beau-père irrité après une telle conduite. S’ils sont enfermés dans cette cage dorée, la confrontation entre leurs situations respectives demeure palpable. Elle participe d’une tendance généralisée de mélange des genres ; autrement dit, elle annonce cette flexibilité très italienne qui a en quelque sorte dénaturé le panorama social d’un pays où les nouveaux riches font désormais la loi. Les coups de fil du père et ses transactions bancaires ponctuent le sketch et donnent le la à chaque épisode du litige, comme si l’union ne dépendait que de lui et surtout de sa fortune.
Lasse de ces histoires, Pupe décide alors de prendre le taureau par les cornes : puisque les autres sont payées, il n’y a pas de raisons qu’elle ne fasse pas de même. Ce qui semblait un caprice bourgeois prend soudain une tournure décadente. Au milieu des boiseries et des céramiques de cette scène d’opéra, la lumière s’assombrit et le rideau commence à se fermer. Seule s’infiltre une tension glaciale renforcée par la caméra toujours à la traîne des personnages, dans une proximité qui les scrute sans états d’âme. Visconti explore sans les artifices du démiurge les ravages d’une société prise à son propre piège. Pupe, apparemment si forte, se laisse aller presque malgré elle à la perversion du piège : un lent travelling avance lentement en suivant le chèque que lui apporte son mari pour laisser place aux larmes en gros plan d’une femme-objet qui ne vaut plus que le prix de son jeu.
Mais rassurons-nous, ici rien n’est grave tant que les apparences sont gardées. Dieu merci, tout s’est passé entre les murs ; bien que la vie privée soit désormais leurrée par la presse, l’élan de lucidité de Pupe ne restera probablement qu’à l’état embryonnaire. Encore une fois, la position sociale prévaut et impose des habitudes bien précises. Déjà, une armée de quatre avocats n’avait pas tardé à s’affairer autour d’Ottavio, lui conseillant de se montrer en compagnie de Madame à tous les rendez-vous mondains, de l’opéra aux clubs prisés, afin de faire taire les rumeurs. Ne doutons pas qu’ils feront de leur mieux et que leur mariage perdurera inexorablement dans le vide d’une existence perchée sur les non-dits. Nous les retrouverons réincarnés à différents âges, au fil de l’œuvre viscontienne, entre héros déchus et héritiers d’un monde passé qui voit le présent sans le regarder en face.
Oscar Duboy
09h24 dans Film-1961-Boccace 70 | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Café mode - 28 mai 2008
Hormis Gabrielle Chanel elle-même (et encore), je suis convaincue que personne n'a jamais aussi bien porté un tailleur Chanel que Romy Schneider dans Le Travail, volet viscontien du film à sketches "Boccace 70". Personne n'a pu le faire vivre avec autant de naturel, de grâce et de sensualité. Regarder ce film, c'est se contenter d'admirer Romy en train de sourire, de se brosser les cheveux, de se déshabiller. Peu d'actrices me font autant d'effet. Le film dure moins d'une heure et Romy n'y arbore pas plus de trois tenues, mais c'est amplement suffisant pour se faire un puissant shoot d'élégance et se rêver quelques instants en grande bourgeoise 60s.
Mais replaçons les choses dans leur contexte. "Boccace 70" est un film découpé en trois contes, réalisés par trois réalisateurs majeurs (Federico Fellini, Luchino Visconti et Vittorio de Sica) et interprétés par trois actrices d'exception (Anita Ekberg, Romy Schneider et Sophia Loren). Très librement inspiré du Décaméron, le recueil de nouvelles de Boccace, l'écrivain de la Renaissance fondateur de la littérature en prose italienne, le film se veut une satire de la société italienne de l'époque, étouffante de conservatisme. Les trois réalisateurs estimaient d'ailleurs leurs propos si osés qu'ils étaient convaincus qu'ils seraient censurés au moins jusqu'aux années 70, d'où le titre.
Dans "Le Travail" de Visconti, Romy Schneider campe une jeune aristo désoeuvrée dans son luxueux palais milanais. La découverte des frasques de son mari auprès de call girls lui donne envie de travailler, mais après avoir passé en revue tous les métiers possibles, elle se rend compte que le plus facile pour elle reste encore de se faire payer par son mari quand il lui fait l'amour. Grinçante à souhait, l'histoire est un huis clos porté par le jeu des acteurs. Romy, tout juste échappée de la mièvrerie des Sissi, incarne avec beaucoup de justesse la femme gâtée et insouciante soudain piégée par la vacuité de son existence.
01h00 dans Film-1961-Boccace 70 | Lien permanent | Commentaires (0)
10h56 dans Film-1961-Boccace 70, Musique / Audio | Lien permanent | Commentaires (0)
10h14 dans Film-1961-Boccace 70 | Lien permanent | Commentaires (2)
Boccace 70 : Cannes,… mai
Est-ce parce que Cannes en coquetterie nous attend avec une plage neuve ? Est-ce parce que les festivals du films se multiplient de par le monde et brandissent leur concurrence (Nicholas Ray milite ces temps-ci pour le dernier en date, le Festival de Washington) ? Est-ce enfin parce que le Palais de la Croisette, voué dit-on à une proche disparition reçoit peut-être cette année pour la dernière fois ? Toujours est-il que Cannes affiche pour son quinzième rendez-vous un programme imposant. Devant la richesse des sélections en course, la quinzaine traditionnelle comptera dix-sept jours. Les Etats-Unis présenteront trois films, l’Italie quatre, la France cabotine poussera ses quatre films nationaux et deux films « africains » représentant le Sénégal et le Congo. Les délégations, en proie à une belle frénésie, s’emploient à contourner le règlement et à faire agréer les films en surnombre.
Enfin, n’oublions pas qu’à côté de la compétition officielle, se décuplent les projections parallèles, festivals miniatures et présentations semi-privées où le clandestin souvent détrône le notoire. Une Semaine de la Critique notamment s’attachera à révéler des premiers longs métrages qui risquent bien d’être les épices d’un menu déjà chargé.
Par une belle entorse aux lois de l’hospitalité, le Festival s’est ouvert par un acte arbitraire. M. Favre Le Bret ayant trouvé que « Boccacio 70 » était trop long, ce film fleuve italien a été amputé d’un sketch, celui de Mario Monicelli, dont rien n’indique qu’il soit moins bon que les trois autres. Cannes donnant toujours la priorité aux vedettes, « on » a jugé que Fellini, Visconti et de Sica suffiraient largement à justifier un gala d’ouverture. « On » s’est trompé. « Boccacio 70 », dans l’état où il nous fut montré est le plus boiteux et le plus hybride des pots pourris.
Fellini y a certainement commis l’erreur de sa carrière […].
Visconti, heureusement, se donne la partie la plus difficile. Evoquant les tracas conjugaux d’un jeune aristocrate débauché, il commente avec un cynisme sanglant les rites agressifs de l’oisiveté qui transforment les jeunes épouses milliardaires en call-girls de leurs maris. Il raille à sa manière l’ennui spectaculaire des héros d’Antonioni, en tire un conte décadent d’une acide perversité. Sous sa férule, Romy Schneider, magnétisée, devient cette chatte langoureuse et bouleversée que Visconti tourmente, dénude et met en larmes, avec un sen aigu de l’équivoque. Hélas ! Avec de Sica, le niveau retombe bien bas […].
Pourquoi Boccace ? Pourquoi 70 ?
On ne retrouve dans ce film fragmentaire, ni l’esprit du conteur, ni la raison d’une décade curieusement anticipée. On ne retrouve pas davantage le scandale escompté par les promoteurs. Visconti mis à part, personne ici ne semble avoir tiré son épingle du jeu.
Robert BENAYOUN
06h27 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
"Boccace 70"
Encore un film depuis longtemps porté sur les ailes de la publicité, encore aussi une montagne qui accouche d'une souris. Avez-vous jamais lu le Décaméron ? Il m'est, d'ennui, si souvent tombé des mains, que je confesse humblement mon inappétence pour cette littérature post-médiévale. On le considère néanmoins comme un chef-d'oeuvre et peut-être le fut-il en son temps. Il s'est fait, en tout les cas, une notoriété de gaillardise aimable, de crudité naïve qui souvent, plaira.
La grande majorité du public ignore que son auteur a accumulé une oeuvre de philosophe éridit extrêmement abstraite et eut, en définitive, la plus dévote des existences. Boccace reçut les ordres mineurs et eut, à partir de 1360, charge d'âmes dans une cathédrale, il nourrit pour l'atrarque - qui n'était ni drôle, ni gaillard - une telle admiration qu'il ne peut guère lui survivre. Mais les légendes sont tenaces et les oeuvres de jeunesse colorent à jamais une réputation. Boccace reste pour la postérité le chantre de l'amour, d'un amour dégagé de toute ses contingences sociales, voire religieuses. "Rome, on ne lit point Boccace sans dispense" dira La Fontaine et c'est la manière de ce Boccace-là que plusieurs metteurs en scène italiens et non des moindres ont eu la prétention de ressuciter.
L'entreprise, il est vrai, s'est un peu fatiguée en route. Cesare Zavattini qui est à l'origine de cette oeuvre, voulait donner aux spectateurs du monde entier une vue d'ensemble de l'amour en Italie de nos jours. Il avait imaginé au moins dix metteurs en scène, racontant des histoires de plusieurs régions d'Italie. Les producteurs, par souci d'économie, on réduit d'abord cete participation à quatre : Federico Fellini, Vittorio de Sica, Luchino Visconti et Mario Monicelli. Mais sur résultat des tournages, lefilm de Monicelli a disparu de l'affiche. Ne nous en plaignons certes pas ! La longueur - longueur très souvent inutile - de la projection restante dit assez qu'on n'a pas su éviter la démesure.
En fait, on se trouve bel et bien devant trois sketches, trois moyens métrages de valeur inégale et qui, au demeurant, ne rappellent le Décaméron que par leur fatigante prolixité. Federico Fellini, à qui on ne saurait évidemment rien refuser, depuis le succès de la 3dolce Vita" a dépensé quelques 250 millions pour cette oeuvrette. Elle contient d'excellentes réussites visuelles et encore plus de fautes de goûts. [...]
La sensualité a-t-elle donc tellement besoin, en 1962, de défenseurs, qu'elle doive les prendre dans ce que le cinéma comptait de meilleur ? On en peut douter. Le reste est de la même eau. Mais avec le talent en moins. Viscontine à se révéler le plus verbeux, le plus inutilement verbeux des réalisateurs italiens, malgré l'aide initiale de Maupassant. Sica penche, comme il le fait pesque toujours désormais, vers une déplorable facilité : qu'un sacristain gagne une belle fille à la loterie, n'empêche pas ce troisième et dernier sketch de finir gentiment - et sans trop d'accrocs à la morale.
Il était temps, nous dormions...
André BESSEGES
11h25 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
Un "Boccace 70" : Cannes... mai
Est-ce parce que Cannes en coquetterie nous attend avec une plage neuve ? Est-ce parce que les festivals du film se multiplient de par le monde et brandissen leur concurrence (Nicholas Ray milite ces temps-ci pour le dernier en date, le Festival de Washington) ? Est-ce enfin parce que le Palais de la Croisette, voué dit-on à une proche disparition, reçoit peut-être cette année pour la dernière fois ? Toujours est-il que Cannes affiche pour son quinzième rendez-vous un programme imposant. Devant la richesse des sélections en course, la quinzaine traditionnelle comptera dix-sept jours. Les Etats-Unis présenteront trois films, l'Italie quatre, la France cabotine poussera ses quatre films nationaux et deux films "africains" représentant le Sénégal et le Congo. les délégations, en proie à une belle frénésie, s'emploient à contourner le règlement et à faire agréer les films en surnombre.
Enfin, n'oublions pas qu'à côté de la compétion officielle, se décuplent les projections parallèles, festivals miniatures et présntations semi-privées où le clandestin souvent détrône le notoire. une Semaine de la Critique notamment s'attachera à révéler des premiers longs métrages qui risquent bien d'être les épices d'un menu déjà chargé.
Par une belle entorse aux lois de l'hospitalité, le Festival s'est ouvert par un acte arbitraire. M. Favre Le Bret ayant trouvé que "Boccace 70" était trop long, ce film fleuve italien a été amputé d'un sketch, celui de Mario Monicelli, dont rien n'indiqu qu'il soit moins bon que les trois autres. Cannes donnant toujours la priorité aux vedettes, "on" a jugé que Fellini, Visconti et de Sica suffiraient largement à justifier un gala d'ouverture. "On" s'est trompé. "Boccace 70", dans l'état où il nous fut montré, est le plus boiteux et le plus hybride des pots pourris.
Fellini y a certainement commis l'erreur la plus lourde de sa carrière [...].
Visconti, heureusement se donne la partie la plus difficile. Evoquant les tracas conjugaux d'un jeune aristocrate débauché, il commente avec un cynisme sanglant les rites agressifs de l'oisiveté qui transforment les jeunes épouses milliardaires en call-girls de leurs maris. Il raille à sa manière l'ennui spectaculaire des héros d'Antonioni, en tire un conte décadent d'une acide perversité. Sous sa férule, Romy Schneider, magnétise, devient cette chatte langoureuse et bouleversée que Visconti tourmente, dénude et met en larmes, avec un sens aigu de l'équivoque.
Hélas ! Avec de Sica, le niveau retombe bien bas [...].
Pourquoi boccace ? Pourquoi 70 ?
On ne retrouve dans ce film fragmentaire ni l'esprit du conteur, ni la raison d'une décade curieusement anticipée. on ne retrouve pas davantage le scandale escompté par les promoteurs. Visconti mis à part, personne ici ne semble avoir tiré son épingle du jeu.
Robert BENYOUN
11h07 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
Un "Boccace 70" décevant ouvre le quinzième Festival de Cannes
Cannes, 8 mai - C'est sous un ciel d'azur et dans un tourbillon de rumeurs contradictoires que s'est déroulée la première journée de ce quinzième Festival de Cannes.
Les rumeurs contradictoires concernaient le film italien "Boccace 70" choisi pour être présenté hors ompétition au cours du gala d'ouverture. Ce film comprenait à l'origine quatre sketches réalisés par quatre "Grands" du cinéma italien : Federico Fellini, Luchino visconti, Vittorio de Sica et Mario Monicelli.
Or, dès hier matin nous apprenions que l'un des quatre sketches, celui de Monicelli, serait supprimé à la représentation. nous apprenions également de source officieuse, que Moniceli protestait énergiquement contre cette suppression. A 4 heures, heure prévue pour la première séance, les journalistes se trouvaient réunis dans la salle du Palais quand, après une longue attente, on vintnous annoncer que pour des "raisons techniques", la projection était retardée d'une heure. Le bruit courut aussitôt que Monicelli avait eu gain de cause, et que nous allions voir les quatre sketches. Il n'en fut rien et l'on en resta aux trois épisodes sélectionnés. Mais à la fin de la séance, le prote-parole officiel du Festival monta sur la scène pour déclarer que la projection à laquelle nous venions d'assister n'avait été qu'une "projection partielle".
C'est donc un "Boccace 70" réduit d'un quart qui a ouvert le Festival. Faut-il regretter cette amputation ? N'yant pas vu le sketch éliminé, je ne me permettrai pas de répondre à la question, mais étantdonné la lassitude qui s'est manifestée dans l'assistance au terme des rois premiers épisodes, on comprend que les responsables, producteurs et organisateurs aient cru bon de procéder à cette coupure draconnienne.
Le reproche capital que l'on peu adresser à ce "Boccace 70" est en effet sa longueur démesurée. Démesurée et inutile. Chacune des trois histoires contées aurait pu l'être en moitié moins de temps. Cette économie aurait sans doute valu au film une vivacit et une légèreté qui lui font cruellement défaut. Si nous sommes déçus (une déception qui frise par moment la consternation) c'est dans une large mesure parce que au lieu de rechercher la concision, au lieu de jouer de l'ellipse, au lieu d'adapter leur talent au style de la nouvelle cinématographique, les trois réalisateurs se sont confortablement "installés" dans leur sujet, on pris leur aise, ont adopté pour ces brèves anecdoctes, un "tempo" qui reste celui d'un grand film.
Le premier sketch est celui de Fellini [...].
Nous ne quittons pas la "dolce vita" avec la seconde histoire mise en scène par Luchino Visconti et qui nous montre comment la jolie femme d'un jeune comte italien, compromis dans une affaire de "call girls", trouve le moyen de se venger en appliquant à son mari le tarif des demoiselles en question lors de l'accomplissement du devoir conjugal. Anecdocte égrillarde qui demandait à être traitée en finesse, mais que Visconti alourdit par une série de scènes superflues et bavardes. malgré le faffinement des décors et un savant strip-tease de la jolie Romy Schneider, nous ne résistons pas à l'ennui.
Dans le troisième sketch [...].
***
"Boccace 70" a été "poliment" accueilli par l'élégante assistance du gala d'ouverture mais sans plus. Personnellement, je regrette d'avoir dû me montrer si réticent à l'égard d'un film placé sous le patronage d'un écrivain qui aimait le bonheur et détestait l'hypocrisie. Il suffit, en effet, de feuilleter le programme des jours qui viennent pour constater que nous aurons rarement l'occasion de rire au cours de ce quinzième Festival. Drames et tragédies vont être, une fois encore, à l'honneur. Une petite cure de gaieté constituait un heureux prélude avant ce plongeon dans les ténèbres. La cure malheureusement n'a pas tenu ses promesses.
Jean de BARONCELLI
02h26 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
"Boccace 70" (reprise)
Un prestigieux film à sketches, grande spécialité de la prodution italienne. Inégal.
Dans les années 60, le principe du film à sketches fit les beaux jours de la comédie à l'italienne ("Les monstres" de Dino Risi), mais permit également aux producteurs de réunir au même générique les noms de grands cinéastes dans des films très chics. Sous l'égide de Carlo Ponti, cinq ans avant "Les sorcières" de son rival De Laurentiis, le gratin de Cineccità se prête à l'exercice du court métrage avec des réussites diverses. Loin de moderniser les contes du "Décaméron", dont il ne s'inspire absolument pas, "Boccace 70" ne retient de l'écrivain que l'idée de dégager une morale d'un argument scabreux. Trasposition d'une nouvelle de Maupassant dans le monde de l'aristocratie milanaise moderne. "Le travail" de Visconti est un chef-d'oeuvre. Le cinéaste y met en scène Romy Schneider en jeune comtesse décidan de faire payer ses charmes à un mari volage qui l'a épousée pour son argent. Derrière le raffinement inouï des images, Visconti propose une vision marxiste du couple et raille le pouvoir aliénant de l'argent et des carcans sociaux.
"La tentation du docteur Antonio" inaugure la période baroque et onirique de Fellini, qui porte à l'écran ses phobies et ses fantasmes sexuels. Le film reste à jamais célèbre grâce à une Anita Ekberg géante échappée d'un panneau publicitaire qui poursuit de ses assiduités un prude notable dans des décors urbains factices. La direction artistique est superbe, le propos légèrement fumeux. Le segment de De Sica en chute libre n'a aucun intérêt. Quand à celui de Monicelli, il fut supprimé des copies française en raison du manque de notoriété de l'auteur du génial "Pigeon" ! La réédition inespérée de "Boccace 70" en version intégrale répare ainsi une vieille injustice.
Olivier PERE
01h39 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
"Boccace 70" : énorme, pervers et gourmand
Trois des plus grands cinéastes italiens : Fellini, Visconti, de Sica ont composé ce triptyque qui ne doit être à Boccace que l'emprun à on nom. Le générique nous apprend qu'il va s'agir d'un divertissement, le spectacle nous enseigne qu'il est fait, en réalité, d'une farce, d'un sketch, d'une nouvelle. Les uns ambitieux, et l'autre coloré. Plusieurs options sont possibles au sujet de cette oeuvre. Mais l'attitude suggestive est à rejeter, car il faut voir en face ce qu'ont voulu les auteurs, ce qu'ils ont dit et tenté de montrer avec "La tentation", "Le travail" et "La loterie".
Il serait trop facile, au nom d'un àpriorisme moral, de rejeter en bloc tout ce qui est fait ici, et maladroit de ne pas deviner le fil invisible qui relie l'une à l'autre ces trois fables de l'Italie moderne.
Pour Fellini et de Sica, le but est à peu près semblable. Il s'agit pour eux de renverser les tabous, de braver la censure vaticane et, à la faveur de récits, l'un "énorme", l'autre paillard, de bousculer les bonnes moeurs cléricales et leur hypocrisie.
Le cas de Visconti est différent. Lui, vise plus haut et plus profond. Son opération, car il y a beaucoup de chirurgie mentale dans cet ouvrage, appartient à la psychologie pure et c'est plus un essai qu'une histoire que "Le travail". Il est évident que la cruauté de cette intrigue a un caractère odieux et que ce thème peut irriter les spectateurs et les conduire à considérer inutile une semblable démonstration, mais on ne pet nier que, du point de vue formel, Visconti retrouvant le raffinement de "Senso", fasse ici oeuvre d'art. Le reste de cette chronique de l'Aristocratie dépravée ressortit davantage du roman que du cinéma et le cas clinique exposé à une façon de psychanalyse. On peut détester cette séquence, l'éprouver nauséabonde. Mais on peut la juger plus simplement, comme un travail d'esthète un peu pervers...
L'énorme de ce film est sans aucun doute la séquence de Fellini, où le "brigadier des bonnes moeurs" admirablement campé par Felippo, devient fou face à la gigantesque image d'Anita Ekberg. C'est gros, c'est terrible, c'est excessif à peine, mais non pas irréel. La part de de Sica est plus simple. On est ici entre Clochemerle et Maupassant. On est surtout en présence de Sophia Loren qui fait oublier bien des lourdeurs.
Georges LEON
02h05 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
"Boccace 70"
Il y en vait encore un, signé celui-là par Monicelli, l'excellent metteur en scène du "Pigeon", de "La grande guerre", surtout. Mais cela eut fait un film à quatre sketches alors que réduite aux dimensions de trois, dus à Fellini, à Luchino Visconti et Vittorio de Sica, la projection occupe déjà largement 2h40 d'écran.
Je dois avouer une relative déception. Est-ce une pproximative question d'étymplogie, les trois auteurs de l'actuel "Boccace 70" m'ont semblé avoir fait l'école... buissonnière et je vois mal, d'ailleurs, ce qui les apparente au "Décaméron" : cela se serait plus pertinemment désigné, comme dans nos bons films commerciaux 1962, sous l'appellation "L'italien et l'amour". Tout cela flâne sous la caméra, bavarde, bavarde interminablement et souffre d'un défaut double et commun aux trois épisodes : l'indigence d'invention - c'est bien dommage de devoir adresser au scénariste fameux du néo-réalisme, César Zavanetti un tel grief - et la profusion de monologues superflus.
La première de ces trois pochardes [...].
J'aime beaucoup mieux ce que Visconti a fait des fragiles amours d'un comte (Thomas Milian), italien désireux de redorer son blason et de la riche héritière d'un B.O.F. germanique (Romy Schneider). La peinture d'une certaine dégénérescence des aristocrates de Sienne, de Florence, de Milan ou de la capitale romaine, résignés à vivre la Dolce vita" autour de la vontaine de Trévi... enfin, tout ce que la presse de grand information remue à plaisir de pourriture et de particules saint-tropéziennes, de la Riviéra à la Sardaigne, il y a quelque chose à dire...
Mais on connaît Visconti. Merveilleux dans le réalisme de "La terre tremble" ou d' "Ossessione", il ne peut se défendre d'un esthétisme de condottiere collectionneur de sensations et d'objets précieux. C'est ainsi qu'il traite ses personnages, enfermant Romy Schneider dans les pattes de velours de petits chats persans, les collections de Chanel et des non-romans de Robbe-Grillet. alors, bien que persuadés de la justesse d'information de Visconti, qui, dilettante stendhalien, appartient à ce monde-là, on baille un peu en prenant soin de ne pas mettre sa main devant ses yeux, à défat de sa bouche, car Romy se déshabille très très joliment.
Le troisième de ces sketches ne s'embarrasse pas de tant de délicatesse. Dame Sophia Loren est une p... selon Vittorio de Sica ; elle tient tir forain et, chaque soir, dans les kermesses villageoises où sa roulotte l'entraîne, elle livre les délices apparentes de son corps sinusoïde au gagnant d'une tombola clandestine qui fait vivre sa petite famille. C'est truculent ; les personnages secondaires sont choisis avec la fougue paysanne des dimanches de foire. Dire que ce soit infiniment drôle, non, car cela reste un peu gros. Mais Sophia Loren est bien jolie. Ce n'est pourtant pas à cause d'elle que je m'écrierai : "Dommage qu'elle soit une p..." ! en pendant à la tragédie qu'interpréta, déjà sous Visconti, Romy Schneider. Cette Romy Schneider qui, enfin débarassée de ces "Sissi", se révèle intéressante à regarder. Et le plus joli souvenir du film !
Henry MAGNAN
00h09 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
"Boccace 70"
Jadis, quand on abordait des sujets comme celui du "Repos du guerrier", on les traitait avec légèreté, voire avec humour. Ces situations s'accommodent mal de la gravité, moins encore de cette lourdeur qui caractérise "Boccace 70". Car ce film n'a que de lointains rapports avec la verve des conteurs de la Renaissance à laquelle son titre fait allusion. Il paraît interminable bien qu'il ne groupe que trois récits signés des plus grands noms du cinéma italien : Fellini, visconti et De Sica. Ce dernier tire son épingle du jeu. Mais ses deux partenaires s'enlisent dans des histoires trop simples pour supporter d'être ainsi interminablement étirées.
Federico Fellini nous présnte un "Père la Pudeur" dont la vue est offensée par un immence panneau publicitaire qui conseille aux Romains de boire du lait : pour appuyer cette invite d'une image suggestive, le panneau nous présente Anita Ekberg la poitrine si largement offerte que le verre de lait qu'elle brandit semble rempli par d'autres mamelles que celles de la vache.
Obsédé par cette affiche, le président Antonio finit par voir s'animer la vedette et il n'échappe aux avances de la génate qu'en grimpant au sommet du panneau, où les infirmiers d'un hôpital psychiatrique viennent le cueillir au matin. Fellini n'a pu se retenir de multiplier autour de ce thème limité maintes variations qui ne sont pas toutes efficaces et qui ont le défaut d'affaiblir le morceau de bravoure qui termine son film.
Luchino Visconti a voulu nous peindre, lui, la "dolce vita" milanaise qu'il connaît bien; il nous montre une jeune femme qui, pour punir son mari de lui avoir préféré des beautés professionnelles, décide de lui vendre ses charmes. Cela fait, un bon rôle pour Romy Schneider, qui joue les Brigitte Bardot avec un incontestable brio. Mais là encore, la sauce est si abondante qu'on a du malà découvrir le poisson.
Nous sommes déjà las quand commence l sketch de Vittorio De Sica si brillamment conduit qu'il sauve "Boccace 70" de l'ennui. Quand à Sophia Loren, elle a rarement trouvé un aussi bon rôle.
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01h24 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
"Boccace 70", un libertinage morose
C'était cette nuit, à Cannes, la répétition générale du Festival : la soirée d'ouverture qui tend, d'année en année, à ne plus devenir qu'une simple formalité.
Palables d'officiels, présentation de vedettes, poignées de main et coups de chapeau. Autant en emporte le mistral ! Et puis un film. Choisi généralement pour ses qualités spectaculaires.
Un avatar
Générique abondamment pourvu en vedette. Metteur en scène illustre exécutant sur commande ce qu'il y a de plus détestable au cinéma : un film à sketches.
Donc, nous eûmes droit à "Boccace 70", que j'avais eu l'infortune de voir à Milan lors de sa première mondiale. Le type même du film coûteux et inutile. Mais enfin, ce Boccace-là, qui n'a rien à voir avec le décameron, était présenté hors compétition. Montrons-nous pour une fois indusgents.
Entre Milan et Cannes, "Boccace 70" a connu un déplorable avatar : le film, qui durait près de quatre heures, a été amputé de quarante minutes de projection. L'un des quatre sketches a disparu en chemin : celui de Monicelli. Je l'ai vu. Je vous jure que le public cannois n'a rien perdu !
Cette amputation devait provoquer néanmoins une manière d'incident. Et celui-ci ayant été commis par le metteur en scène du "Pigeon" - c'est Monicelli que je veux dire - la projection du film demeura longtemps incertaine. Mais force ne resta point à la loi. Nous vîmes "Boccace 70à mutilé.
Pour quoi ce titre ? J'aurais beaucoup de mal à l'expliquer. Il s'agit, en fait, de trois histoires imagniées par Zavatini, le"papa gâteau" du néo-réalisme, produites par Carlo Ponti, mises en scène par Fellini, de Sica, Visconti et qui n'ont en commun qu'une sorte de libertinage morose.
Le pensum
Chacun de ces trois sketches souffre d'un grave défaut : l'enthousiasme est bsent. Cela sent le pensum, le devoir de vacances. De Sica, visconti, Fellini ont expédié leur besogne avec le maximum de conscience professionnelle, mais sans y croire.
On les comprend. Les sujets qui leur on été proposés se signaient avant tout par leur insigne platitude. Sans compter les maladresses de construction.
Federico Fellini, avec le concours de Peppini de Filippo et Anita Ekberg, a mis en scène un Tartuffe moderne, revu par Freud et corrigé par un décorateur du Harper's Bazar. Un début foudroyant et puis le sketch s'enlise. On en retiendra un emploi ingénieux de la couleur et une musique très amusante.
A la loterie
Vittorio de Sica, pour sa part a composé à gros traits une farce villageoise d'une légèreté toute germanique. Une belle foraine, Sophia Loren, est mise en loterie par des marchands de bestiaux. Et c'est le sacristain qui gagne le gros lot.
Luchino Visconti, enfin, a délayé en d'épuisants bavardages l'aventure d'un grand comte milanais impliqué dans une affaire de call-girls et qui voudrait bien se rabibocher avec sa ravissante épouse. Mais celle-ci exige d'être traitée comme une beauté professionnelle. Sujet plus pénible que choquant, qe sauve Romy Schneider, décidément très en progrès.
Michel AUBRIANT
04h04 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
"Boccace 70" : des vieillards et du poivre
On sait comment ce film ouvrit bruyamment le dernier festival de Cannes et y déclencha le scandale de rigueur. Quatre réalisateurs italiens célèbres avient été chargé par Carlo Ponti de mettre en scène une petite histoire licencieuse. Comme l'ensemble durait plus de trois heures, on a supprimé l'épisode de Monicelli pour la bonne raison que Monicelli était moins connu que Fellini, visconti et de Sica. La banque qui passe actuellement est toujurs amputée de cet épisode. S'il est du même goût que les trois autres, on ne saurait s'en plaindre. [...]
L'épisode de Visconti s'appelle "Le travail". Il nous fait pénétrer dans le monde doré de la haute aristocratie, celle qui nourrit de ses scandales une certaine presse à gros tirage. Un jeune comte nous apparaît justement atterré parmi les feuilles de journaux qui disent de vilaines choses sur lui et sa jeune comtesse (Romy Schneider). Les avocats sont convoqués. Palabres interminables. Enfin, la belle comtesse vient. Elle a décidé de travailler. Comme elle ne sait rie faire, et comme son mari achète très cher le charme de certaines femmes, elle se vengera en vendant ses charmes à son mari, non sans verser une lourde larme sur l'oreiller.
Visconti qui aurait pu raconter cette histoire en dix minutes, la délaye pendant une heure. Il fait miroiter le décor et les belles robes de Romy Schneider, écoute distraitement les conversations insipides, épie les gestes de cette faune archaïque, promène sa caméra avec la froide indifférence d'un esthète et, parfois, avec le clin d'oeil d'un valet qui nous montrerait une scène de ménage, de "ses maîtres". Elégante démagogie d'un grand cinéaste qui se prend au piège d'un mauvais film de commande. Visconti tire son épingle du jeu en peignant un tableau fulgurant de cette aristocratie qui agonise. La palette de son technicolor, sombre et brûlante, fait briller de ses derniers feux un vieux monde déchu.
Viennent enfin de Sica et son compère Zavattini. [...] Ce film, le plus vulgaire des trois, le plus naïf aussi, nous donne la clé de l'ensemble. Dans chaque épisode, il s'agit "d'allumer" le spectateur pendant un bon moment. Après quoi, on fait apparaître Anita Ekberg, Romy Schneider ou Sophia Loren. On pose, on s'habille, on se déshabille, on rivalise d'astuce pour faire du streep-tease en jouant à cache-cache avec la censure et on s'amuse beaucoup à laisser le spectateur sur sa faim. Le sexe et l'argent, les deux grands moteurs du siècle sont les pivots du film. Autour d'eux, on a confectionné l'affaire en bonne mesure industrielle. L'épice est forte, le brouet relevé. A croire que tous les consommateurs seront des vieillards libidineux, des impuissants, des drogués qui attendent chaque soir de l'écran une dose d'excitant un peu plus forte, celle qe leur âme avachie se refuse à fournir. Et si les consommateurs ne sont pas ces vieillards ? Eh bien, rassurez-vous, ils le deviendront ! Ou ils fuiront.
Jean COLLET
03h48 dans Film-1961-Boccace 70, Les critiques | Lien permanent | Commentaires (1)
10h16 dans Bannières, Film-1961-Boccace 70 | Lien permanent | Commentaires (0)
09h41 dans Film-1961-Boccace 70 | Lien permanent | Commentaires (0)
11h11 dans Film-1961-Boccace 70 | Lien permanent | Commentaires (0)