Source : France Radio - 22 février 2024
César et Rosalie : triangle amoureux et concerto à trois voix
"César et Rosalie" (1972) nous raconte l'histoire d'un triangle amoureux, de trois identités bien marquées comme nous le rappellent le scénario et les images de Claude Sautet mais aussi la bande originale de son alter ego musical, Philippe Sarde !
Maxxi Musique - 22 février 2024
Au générique et sur un fond bleu électrique, on peut lire le titre "César et Rosalie" accompagné par cette musique. Une danse de Sarde jouée sur un instrument à la pointe de la technologie en 1972, le synthétiseur Moog ! Cette percussion rapide qui accompagne le motif de synthétiseur est le point de départ de toute la bande originale que Sarde compose pour ce film. "Avec Philippe", explique Claude Sautet, "nous avons d’abord cherché un rythme percussif pour accompagner cet homme qui court, ce mouvement irrépressible, mais traversé par un rêve amoureux".
Cet homme qui court c’est César. Un chef d’entreprise qui ne connait rien à l’art mais qui, pour plaire à son épouse intellectuelle, à savoir Rosalie, connait par cœur un air baroque. Une mélodie qu’il chante pour elle et pour toutes celles et ceux qui le regardent comme ce soir de mariage.
Il faut le voir, César, le généralissime Yves Montand, sous son arche glorieuse chanter son air préféré à savoir un thème du Cinquième concerto brandebourgeois de Bach ! Une mélodie qui agace David, un amour de jeunesse de Rosalie qui s’énerve beaucoup lorsqu’au retour de la fête de mariage un ami chantonne le thème de son rival. Car ce que le dessinateur aime, c’est le jazz, libre, le free jazz débarrassé de mesures ou de contraintes, comme lui.
Entre les deux hommes le cœur de Rosalie balance comme ces accords mélancoliques, complexes, profonds et qui semblent chercher leur chemin…
Mais le plus grand secret de cette bande originale, c’est qu’à plusieurs moments du film, la musique nous dit aussi de manière implicite que ce trio amoureux pourrait s’entendre. Ecoutez par exemple, ce choral dans le style de Bach, le compositeur cher au cœur de César. Il est interprété par les vents, le piano jazz de David et dialogue même, un peu plus loin avec les cordes sensibles de Rosalie. La musique réunit les personnages. Elle annonce peut-être la possibilité d’une vie paisible, d’un avenir harmonieux à trois voix.