Source : La Montagne - 09 juillet 2021
La beauté du ciel, (Éd. Stock) est le premier livre de Sarah Biasini, comédienne. La fille de Romy Schneider et de Daniel Biasini parle de mort, d’amour maternel et de vie. Elle est l'invitée du Petit Théâtre Impérial, mardi 13 juillet, à Vichy.
Qu’est-ce qui a déclenché cette écriture ?
Je réfléchissais à des sujets de fiction. Quand la profanation de la tombe de ma mère est arrivée (en 2017). J’ai été enceinte trois semaines après. J’ai voulu écrire autour de la maternité. Comme toute future mère, j’avais devant moi de nouvelles responsabilités, des multitudes de questions : mon propre rapport à ma mère, à la mort, à l’absence.
Vous liez profanation et procréation.
C’est un peu mystique. Se servir de ces deux événements comme point de départ d’une écriture romanesque. J’ai voulu voir les choses de manière poétique. Et ma fille, comme un cadeau du ciel. Finalement, les morts donnent des choses aussi.
Vous évoquez ces femmes qui vous ont entourée.
J’avais très envie d’avoir une fille. Je m’interrogeais, quel genre de rapport j’aurais avec elle ? Quand ma mère est décédée j’avais 4 ans, j’ai eu des mères de substitution ma grand-mère paternelle et ma nourrice. J’ai beaucoup aimé comme ma grand-mère m’a élevée, la façon dont elle m’a parlé des morts. J’ai trouvé cela admirable. C’est un personnage en elle-même.
Vous vous adressez à votre fille à plusieurs reprises.
J’ai commencé à écrire à la fin de ma grossesse jusqu'à ses 3 ans. Je me suis demandé si cet amour débordant n’était pas bordé par ce que j’avais vécu. On aime d’une façon plus particulière, quand une personne a disparu de façon brutale. Je savais que j’allais être confrontée à cette histoire en devenant mère.
Et cet amour entre votre fille et vous ?
Je me posais les questions en direct. Je découvrais cet amour-là et je l’écrivais. En regardant ma fille, je ne soupçonnais pas à quel point je me voyais enfant. J’ai fait exprès d’aller au bout de cette pensée-là pour le livre, à confondre ma fille et moi.
La question de la mort est présente.
Je me disais est-ce que je vais mourir comme ma mère et ma fille comme mon frère. Les teintes du passé, c’était cela. Il y a une part de déraison. L’amour maternel est particulier. On peut être persuadé que l’on est seule à pouvoir consoler son enfant. On n’est jamais tranquille, quand il est là ou pas là. Les hommes peuvent être aussi intranquilles que les femmes.
Ce titre "La beauté du ciel" ?
C’est venu spontanément en sortant ma fille de son lit. Mon père m’appelait ma beauté des îles. Je trouvais cela joli. Cela évoque autant ma fille que ma mère. Car, dans mon souvenir d’enfant, mon père me disait que ma mère était partie au ciel.
Avoir une mère célèbre, oblige à un pas de côté ?
C’est compliqué. Le petit enfant en soi n’a pas envie de partager sa mère. Mais j’avais très vite compris qu’elle était très connue. C’est indissociable.
Vous avez rencontré des connaissances de votre mère ?
Oui. Claude Sautet, Philippe Noiret, Michel Piccoli… C’était extrêmement émouvant. On pleurait beaucoup. Chacun pour ses raisons et des raisons partagées. C’est un tiers qui a provoqué ces rencontres. Je n’osais pas aller vers eux. J’avais peur de ma propre émotion. De m’écrouler. Et eux, ils n’osaient pas venir à moi. Ce fut très beau.
Au Petit Théâtre Impérial. Entretien public avec Sarah Biasini, mardi 13 juillet à 15 heures. Tarif 15 €. Tél. 04.70.31.31.31.
Fabienne Faurie
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