Source : Le Parisien - 07 janvier 2021
Article intérieur : * Sarah Biasini, la vie sans Romy 1/2 page |
«La Beauté du ciel» : quand Sarah Biasini, la fille de Romy Schneider, sonde l’amour maternel
Dans «La beauté du ciel», la fille de Romy Schneider décrit son vertige de devenir mère, elle qui a perdu la sienne à l’âge de 4 ans et vient de donner naissance à une fille. Un ouvrage poignant.
Le livre s'ouvre sur un épisode saisissant, romanesque, et pourtant bien réel. En mai 2017, Sarah Biasini apprend que la tombe de Romy Schneider a été profanée. Une épreuve au terme de laquelle la jeune femme doit « réenterrer » sa mère, elle qui, âgée de 4 ans à la mort de l'actrice, n'avait pas assisté à son inhumation. Trois semaines plus tard, Sarah Biasini, qui essayait depuis dix ans d'avoir un enfant, tombe enceinte… Conséquence d'un choc tragique, mais libérateur?
La coïncidence suscite en tout cas un «déclic». A 40 ans, la fille de Romy et du journaliste Daniel Biasini se lance dans la rédaction de son premier livre, le bouleversant «la Beauté du ciel». «Cela faisait longtemps que je voulais écrire, nous explique cette femme qui dissimule sa beauté troublante derrière un sourire juvénile et un look d'étudiante. Je ne savais pas quelle histoire raconter et puis, j'avais quand même des choses dans mes tiroirs… Ça aurait été hypocrite de ne pas utiliser mon histoire personnelle.»
Consoler l'enfant qu'elle a été
La comédienne décide donc de sonder l'amour maternel : celui qu'elle s'apprête à découvrir, celui qu'elle a si peu connu avec Romy Schneider et celui dont l'ont comblée son père, ses grands-parents et sa nourrice — auxquels elle rend un hommage lumineux. Avec délicatesse et pudeur, Sarah Biasini décrit son vertige en devenant mère, elle qui a été privée si tôt de la sienne. Celle qui, à l'âge de 3 ans, avait déjà perdu son frère David, évoque aussi son angoisse de la mort, décuplée avec l'arrivée de sa fille Anna. «Je sais que, parfois, les enfants meurent avant leurs parents», lâche-t-elle.
L'autrice montre comment ses jeunes années resurgissent avec Anna. Ou comment, face à cet enfant, elle se revoit elle-même, petite : «Dans ces moments-là, j'ai encore plus envie de la prendre dans mes bras», nous confie-t-elle. Comme si la mère qu'elle était devenue pouvait consoler l'enfant qu'elle a été. «La Beauté du ciel», c'est celle d'Anna, mais bien sûr aussi celle de Romy, éclatante et solaire sur la couverture de l'ouvrage. Le livre n'apporte pourtant pas de révélations sur la star. «L'actrice ne m'intéresse pas», écrit crûment Sarah Biasini.
La jeune femme a longtemps trouvé ceux qui l'interrogeaient sur ses «souvenirs» avec sa mère extrêmement indiscrets. «J'avais presque honte de n'en avoir aucun», ajoute-t-elle. Dans son ouvrage, elle souligne seulement l'écart entre le «mythe Romy Schneider» et ce que la famille de son père et son oncle maternel lui ont rapporté d'une femme qui n'était pas seulement «une tragédie grecque».
«C'est difficile de toucher à des mythes installés»
«Je me rends compte que c'est difficile de toucher à des mythes installés», assure celle qui, au détour d'une page, glisse à propos de l'hypothèse du suicide de sa mère : «Qu'en penser ? Personne chez moi ne le soupçonne.»
Lorsque Sarah Biasini est tombée enceinte, son compagnon lui a lancé : «Tu ne seras plus la fille de ta mère, tu seras la mère de ta fille.» La maternité a-t-elle permis à la comédienne de mieux «exister» ? «C'est une autre fonction : on est plus riche», sourit-elle. Et lorsqu'on lui demande si ce livre l'a, lui aussi, «libérée», elle tranche : «J'étais déjà libérée avant !»
Cet ouvrage profond et littéraire a en tout cas révélé une écrivaine. «J'ai adoré travailler le fond du récit, mais aussi sa forme, agencer les chapitres comme un puzzle…», reconnaît Sarah Biasini. Qui songe déjà à un deuxième livre, écrit, lui aussi peut-être, à la première personne.
Par Catherine Balle
Commentaires