Source : Vanity Fair - 02 mai 2016
Lou de Laâge : «Romy Schneider est un modèle pour toutes les actrices»
La jeune actrice de 26 ans reçoit le Prix Romy Schneider de l’espoir féminin du cinéma français le lundi 2 mai. Et elle se confie en exclusivité à Vanity Fair…
«Évidemment que ça me fait plaisir» répond du tac au tac Lou de Laâge quand on lui demande ce qu’elle a ressenti en apprenant qu’elle était couronnée par le Prix Romy Schneider 2016. «C’est le commencement de quelque chose. Comme si jusqu’à présent j’avais mis de petites pierres à droite à gauche, et que là les murs soient enfin construits. Maintenant il faut réussir à remplir cette maison (rires).» Nous avons rencontré la jeune actrice de 26 ans dans une chambre de l’Hôtel Scribe où lui sera remis le prix ce lundi 2 mai vers 21h. Elle a coupé récemment ses beaux cheveux châtains, ce qui lui donne un air plus enfantin. Mais ces yeux de jade, ces lèvres boudeuses et sa voix mélodieuse font qu’elle n’a rien perdu de son magnétisme. Nommée pour le César du meilleur espoir féminin grâce à "Jappeloup" (2012), la Bordelaise se voit comédienne de théâtre depuis l’âge de 6 ans et continue à enchaîner les pièces (six en quatre ans).
Lorsque nous lui demandons ce que Romy Schneider représente pour elle, sa réponse se révèle complexe et sentie : «C’est un mythe, une référence quand on est comédienne. Elle ne joue pas, elle est, c’est le travail que tout acteur essaie de faire : cet abandon total, ce non masque… Avant de nuancer : Romy Schneider comme Patrick Dewaere (qui donne son nom a prix remis à Vincent Lacoste ce même soir) sont des acteurs qui se sont complètement consumés. C’est romanesque, magnifique et presque violent d’envisager le métier comme ça. Cela fait se poser des questions sur ma place par rapport à ça dans ma vision du métier, dans ma façon de le vivre.»
Succédant à Adèle Haenel et Adèle Exarchopoulos dans le palmarès du Prix Romy Schneider elle ajoute : «Je trouve ça très joli de faire partie du même cercle qu’elles. Je ne les connais pas personnellement mais elles me fascinent à travers l’écran.»
Lou de Laâge a notamment été remarquée dans Respire (2014) deuxième film de Mélanie Laurent, également Prix Romy Schneider en 2006. Après les rôles de jeune première ("J’aime regarder les filles" en 2011, "Des gens qui s’embrassent" en 2013…), "Respire" lui offrait une partition plus risquée de perverse narcissique, qui vampirise sa copine de lycée. Récemment nous l’avons vue dans L’Attente de l’italien Piero Messina avec Juliette Binoche, elle-même couronnée par le Prix Romy Schneider en 1986 : «Un autre modèle pour moi, elle est libre dans son métier et dans ses choix et reste complètement femme, une femme forte, une guerrière.»
Lou de Laâge était également à l’affiche des "Innocentes" de Anne Fontaine en février dernier. Un film dur où elle incarne un médecin qui vient en aide à des religieuses violées pendant la Seconde Guerre mondiale.
«Je vais vers ce qui me plait et en France j’ai l’impression qu’on écrit mieux les drames que les comédies. Mais j’ai envie de rester une sorte d’électron libre, de ne pas me catégoriser dans une certaine famille ou dans un certain genre de film. » Plus bravache, elle affirmait « Mettez-moi toutes les étiquettes que vous voulez !» lorsque GQ l’a interviewée en novembre 2014.
Nous ne devrions pas revoir Lou de Laâge sur les écrans avant 2017 et un nouveau film de Mélanie Laurent. «Cette année je me consacre au théâtre, ma première passion. Je ne m’attendais pas du tout à faire du cinéma. J’ai eu de la chance de pouvoir faire les deux. Mais je ne pourrais pas arrêter le théâtre, c’est là qu’on explore, qu’on se cherche, le temps des répétitions. Et ainsi on peut amener au cinéma les choses qu’on a trouvées.» Attendons donc avec impatience les nouvelles livraisons de ses trouvailles.
Jacques Braunstein
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