Source : Mag'Centre - 26 septembre 2014
"La Tempête" est la dernière pièce écrite par William Shakespeare. Créée en 1611, c’est une sorte de bilan-testament théâtral, où l’art du dramaturge est sans doute à son apogée. La pièce est un mille-feuilles tragi-comique aux lectures qui se superposent, de la farce populaire à la réflexion philosophique sur la condition humaine.
La multiplicité des personnages, le recours à la magie et à l’extraordinaire, la poésie, le drame ou le comique donnent à ce texte une vivacité sans temps mort, et si l’histoire d’amour est un peu fade, si l’on pense à Roméo et Juliette, Shakespeare excelle à nous décrire la voracité pour le pouvoir, la duplicité, la ruse et la bassesse humaine.
Autant dire que "la Tempête" est devenue dans le répertoire du théâtre classique le monstre sacré, une ordalie que le metteur en scène va devoir affronter pour prouver son génie, son inventivité dans cette multiplicité des registres dramatiques.
La mise en scène proposée par Christophe Lindon est plutôt réussie, en créant un système en contrepoint qui associe un traitement assez classique et dépouillé du texte et des personnages, en costume «historique», à un système de décor à la mécanique très simple mais très visuelle, avec un recours systématique à la vidéo, une sorte de théâtre 2.0, où cette forme «d’effets spéciaux» très graphiques donne une touche d’Héroïc Fantasy à l’ensemble. La légèreté du dispositif facilite la compréhension, soulignant là toute la modernité du texte de Shakespeare.
Et à la fin du spectacle, dans une ultime pirouette, Shakespeare nous tire sa révérence, comme s’il était mort la veille…
Gérard Poitou
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