Auteur : Jean-Claude Pascal
346 pages
Editeur : Robert Laffont
Sortie : Mars 1986
Langue : Français
Prix neuf : ~ 14 euros
Ce livre est disponible en occasion sur de nombreux sites web.
ISBN-10: 2221049187
ISBN-13: 978-2221049181
NDLR : Grace à JC, je vous livre ici l'extrait du livre (tous droits réservés) où il évoque le film "La belle et l'empereur" et Romy Schneider.
Merci JC !!
"On me propose d'incarner le tsar Alexandre 1er. Pourquoi pas ! Ce qu'il y a de plus attractif à mon avis dans ce projet c'est la personnalité de ma partenaire. Elle est toute jeune, blonde, fraiche, ravissante... Je ne sais pas pourquoi, je sens que ce petit bout de femme est un personnage exceptionnel. L'occasion m'a été donnée de la voir dans "Sissi". Si le film ne m'a pas ébloui, Romy Schneider m'a séduit. Il me semble qu'elle porte en elle une puissance, un tempérament et un talet qui peuvent aller beaucoup plus loi que ce genre de rôle...
Cette femme extraordinaire fait partie de mes beaux souvenirs. Nos rapports furent d'ue pureté cristalline. L'idée ne nous a même pas effleurés de "madrigaliser" sur le plan amoureux. Et puis, pour mettre les choses tout à fait au clair, il était de notoriété publique qu'Alain Delon était entré dans sa vie....
Du jour ou je l'ai rencontrée, cette femme a été pour moi un fréquent sujet de reflexion. Nous avions la même ambition concernant notre carrière et les mêmes difficultés à nous imposer sous la fome que nous souhaitions... Nous éprouvions le même besoin, intense, de prouver à tout prix que nous valions mieux que les rôles dans lesquels nous apparaissions... Romy schneider, comme moi, subissait avec peine cet état de stagnation. Nous avions l'impression d'être des purs-sang attelés à tes tombereaux. En naissant, nous avions reçu des choses en partage. La nature nous avait gâtés, mais la sérénité ne faisait pas partie des dons que le ciel nous avait accordés. Derrière cette beauté apparemment sereine, sous ce front haut, nul ne pouvait supposer la présence de tempêtes. Les orages n'étaient pas visibles. Elle avait trop de volonté pour laisser deviner ses angoisses et trop d'orgueil pour permettre à qui que ce soit de non autorisé à le faire d'aborder un sujet qui la tourmentait sans cesse. J'ai senti chez cette petite fille-femme (dans le cadre de l'expression de son art) un besoin, une nécessité de se donner totalement à quelque chose en quoi on veut croire envers et contre tout et tous. Cette envie d'exprimer des sentiments profonds, ce penchant à chercher à se dépasser soi-même, à devenir quelqu'un d'autre pour exister. Elle supportait déja cette peur viscérale qui oblige à vivre quotidienement ou presque dans une tension constate, à la recherche de sa propre identité. Elle existait, craignant et désirant à la fois imposer ses propres exigences, titillée entre la conviction d'avoir raison et le doute de soi perpétuel. Ses yeux clairs qui savaient si bien sourire laissaient parfois échapper des éclats d'acier lorsqu'elle se sentait contrariée, contrecarrée dans ses desseins. Dans son âme, la femme se battait avec la petite fille et la comédienne ne savait plus à laquelle des deux parts d'elle même il lui fallait avoir recours.
Je ne crois avoir jamais connu un être humain aussi authentiquement pathétique. Elle m'a bouleversé parce que je la comprenais bien. Je souhaite qu'elle ait été heureuse. Cela a dû lui arriver, j'en suis convaincu, mais je ne crois pas que son bonheur ait été celui de tout le monde. Comment aurait-t-elle pu s'en contenter ? Il y avait trop de violence en elle. Le calme, l'harmonie, qu'elle croyait chercher, n'étaient pas un climat fait pour un coeur comme le sien. Cette guerrière éprouvait un immense besoin de tendresse, mais supportait mal qu'on le sache.
Chère, chère Romy, splendide et pitoyable, orgueilleuse, attendrissante, dure et vulnérable, agressive, tremblante, pudique et provocante, rieuse excessive, docile, capricieuse, délicieuse et tragique, tu t'es battue et débattue avec fierté toute ton existence comme un oiseau blessé que le ciel n'a pas épargné. C'est difficile de vivre avec le coeur gros. On peut avoir l'Europe à ses pieds, provoquer l'admiration des foules, être fétée partout, encensée de toute part et à juste titre, et puis en même temps être malheureuse !
Romy Schneider, extraordinaire amalgame - or pur, airain et vif argent - me fait penser à ces êtres d'exception que le destin froudroie avec une injustice qui fait pleurer. Biche et panthère, mouette et mésange, elle est partie. Fasse le ciel qu'elle se repose enfin. je souhaite de tout mon coeur que son âme palpitante ait enfin trouvé la paix...
Pendant longtemps, après notre film, Romy Schneider a essayé sans arrêt de sortir de ces personnages fades et inconsistants dont j'ai parlé plus haut. Elle a tout tenté. Elle est partie pour les Etats Unis, puisqu'en Europe elle ne parvenait pas à trouver l'exutoire qu'elle cherchait éperdument. La-bas non plus, ça n'a pas marché !
Elle est revenue. C'est un homme qui l'a sauvée : Alain Delon. En lui faisant tourner "La Piscine" à ses côtés, il est parvenu à obliger les imbéciles à convenir de leur erreur. Après le succès mérité remporté par ce film, Romy a pu, finalement, jouer des rôles pour lesquels elle était faite. Sa prodigieuse carrière a réellement démarré à ce moment là. Seulement, ce qui m'attriste, je crois ne pas me tromper en disant qu'elle n'a dû vivre intensément qu'en entrant dans la peau de ses personnages. Heureuse "d'être quelqu'un" pendant la durée du tournage et puis replongeant dans ses doutes et ses angoisses en attendant de devenir à nouveau quelqu'un d'autre dans le film suivant. Il est bien possible que Romy Schneider n'ait jamais pu, ni su, être elle-même. Si cela a été, c'est bouleversant."
j'ai rarement trouvé un hommage rendu à Romy Scneider qui refléte autant ce que je ressent moi même pour cette actrice et femme .Encore bravo pour ces archives que j'ai plaisir à parcourir.
Tiens... mon logo a changé !?
Rédigé par : claudine | 02 août 2010 à 18h39
Oui, C'est vrai que ce texte est très joli. Merci à JC pour ce partage.
En fait, le logo est aléatoire... Dommage, non ? J'aimerai bien pouvoir en choisir un ! Va falloir que je fasse la demande à Typepad !
Rédigé par : Inoubliable Romy (the Big Chef d'ici...) | 02 août 2010 à 19h45
OK ! Je "bidouille" toujours autant en informatique,heureusement que Big Chef a de l'humour !J'attends le prochain mag.
Rédigé par : claudine | 02 août 2010 à 19h57
Avec plaisir !!!
Le prochain mag est prévu pour septembre... Encore un peu de patience... LOL
Rédigé par : Inoubliable Romy (the Big Chef d'ici...) | 02 août 2010 à 20h05