Source : Objectif cinéma - 04 janvier 2010
Malgré quelque longueur de-ci delà et, il faut bien le dire, des désynchronisations dans les interviews, le montage de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea, finement post-produit à partir des négatifs muets du film inachevé d’Henri-Georges Clouzot (avec des entretiens joliment cadrés, rehaussés d’œuvres cinétiques, des reconstitutions palpables, des remontages plausibles et une mise en scène à peine «distanciée» de dialogues joués sur fond neutre par les excellents comédiens que sont Bérénice Bejo et Jacques Gamblin, bref, des blocs entiers de l’œuvre de Clouzot) est un modèle du genre. Un Ovni, un prototype, une trouvaille digne d’un archéologue du 7e art. Les images exhumées par le Sherlock Jr du cinématographe et sa fine équipe prouvent que le «work in regress» de Clouzot offrait, a priori et, maintenant que la preuve est faite, a posteriori, le meilleur rôle écranique à une Romy Schneider éclatante de beauté et de photogénie.
L’actrice dépasse de loin les modèles anciens, à commencer par Simone Signoret à laquelle Clouzot se réfère explicitement - certains signes ne trompent pas, comme l’embauche de de Catherine Allégret mais également de Serge Reggiani, le partenaire de Casque d’or et l’un des habitués du petit monde de l’art, des lettres et du show business logeant à l’enseigne de la Colombe d’or. BB et tutti quanti, et même Marilyn, disparue un an plus tôt, n’ont jamais été aussi bien captées par des images cinématographiques. Il faut dire que notre Romy (la jolie vedette autrichienne adoptée par le cinéma franchouillard est devenue de fait, comme le remarque l’un des interviewés, une actrice hexagonale) est ici resplendissante : plus tout à fait l’enfant de la balle de la série des "Sissi", pas encore l’adulte adultérine, trempée et trompée de "La Piscine".
Par Nicolas VILLODRE
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