La critique de la rédaction
«Qu’est-ce qu’on attend ?» de Salomé Lelouch est une réussite. Son style est comme elle, vif et perspicace. Son sujet est la famille, ciment d’une construction mais aussi élément de destruction. «Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?» chantaient Ray Ventura et ses Collégiens. Laurent, Marie, Ludivine et leur père s’amusaient sur cet air joyeux. Devenus adultes, ils le fredonnent tout en se posant la question. Laurent (Benjamin Bellecour) est un jeune homme fragile qui refuse de prendre sa vie en mains. Marie (Sarah Biasini) a choisi une voix classique et sérieuse, mariage, enfants. Ludivine (Rachel Arditi), l’active et la battante, semble épanouie, mais ce n’est qu’un vernis. Comme beaucoup, ils se sont arrangés, tant bien que mal, avec leur passé pour supporter leur présent, sans trop savoir ce qu’ils feront de leur avenir.
Leur père perdant la mémoire, placé dans une institution spécialisée, ils se retrouvent dans la maison de leur enfance pour «organiser l’avenir». En faisant l’inventaire, ils font une série de découvertes qui va secouer l’histoire familiale et leur permettre de se reconstruire. Salomé Lelouch s’amuse à perdre ses personnages dans un jeu en forme de puzzle où les pièces ne trouvent pas tout de suite leur place. Sa mise en scène, originale et imaginative, est tout en mouvement. Ses protagonistes se retrouvent pris dans un tourbillon, celui d’une vie qui leur échappe. S’appuyant sur les différences et oppositions qui forment cette fratrie, l’interprétation des comédiens est impeccable. On a envie de dire : Qu’est-ce qu’on attend pour aller les applaudir ?
Marie-Céline Nivière
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