Source : Les Echos.fr - 25 juillet 2008
Parmi les mille spectacles de la manifestation marginale, une première sélection : les pièces interprétées par Sarah Biasini et Jean-Pierre Bouvier, par Jean-Paul Farré et par Marc Berman.
Dans cette surproduction de spectacles, le spectateur du Festival off va plus naturellement dans les salles qui ont un passé, donc une actualité qui bénéficie de l'aura de ce passé. Chez Gérard Gélas, par exemple, au Chêne noir, dont le directeur convoque les ombres rageuses de Léo Ferré et Antonin Artaud. On y joue, notamment, l'un des principaux succès du off, «Confidences à Allah», mis en scène par Gélas, sur lequel nous reviendrons. Dans l'immédiat, saluons le «Maestro» de l'Islandais Hrafnhildur Hagolin, où Christophe Lidon a réuni Sarah Biasini, Jean-Pierre Bouvier et Thomas Joussier.
«Maestro» est un affrontement entre musiciens. Un jeune couple de guitaristes voit arriver leur grand maître, celui qui les a formés et qui vient séduire à nouveau la jeune femme. Et ce gourou joue plusieurs jeux à la fois, en manipulateur-né. Le spectacle convainc par l'habileté de la mise en scène, qui s'attache aux sentiments voilés de chacun. Thomas Joussier s'affirme dans la discrétion. Le duo entre Sarah Biasini et Jean-Pierre Bouvier est éclatant et souterrain : la première parcourt une riche gamme d'émotions, dessinant avec sûreté la faiblesse et la force d'un être tout en sensibilité ; le second s'empare avec une superbe rouerie de l'ambiguïté de ce roi de l'abus de confiance. Ce moment, conçu par un scénariste virtuose, est un délectable concert d'âmes en eaux troubles. (Chêne noir, 15 heures).
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Gilles COSTAZ
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