Source : Artisthea
Steve Suissa se lance dans la mise en scène théâtrale
Acteur, metteur en scène, cinéaste et producteur, Steve Suissa ne renierait pas la formule selon laquelle on ne voit bien qu’avec le cœur. Pour s’en convaincre, rendez-vous est pris le 6 septembre au Théâtre Marigny où il met en scène “Pieds nus dans le parc” de Neil Simon.
Au cinéma vous avez tourné L’Envol, Cavalcade (avec Titoff, Richard Bohringer, Marion Cotillard), Le Grand Rôle (Stéphane Freiss, Bérénice Bejo, Peter Coyote). Par contre, au théâtre, il s’agit de votre première mise en scène. Qu’avez-vous voulu faire ?
J’ai envie de travailler comme un artisan, de façon minutieuse. Avec les comédiens (Olivier Sitruk, Béatrice Agenin, Sarah Biasini, Thierry Bosc et Denis Sebbah, ndlr), nous échangeons en permanence. Ce travail sur les êtres humains est passionnant ! Ce que je veux amener, c’est le vrai sens de la comédie romantique tout en stimulant le goût d’aller au théâtre.
C’est plutôt difficile de trouver sa place au cinéma ? Comment faites-vous ?
Je me bagarre ! J’ai 34 ans, j’ai fait deux arrêts cardiaques et un ulcère. En effet, c’est devenu très compliqué de faire du cinéma. Il y a trop de films faits pour de mauvaises raisons : on prend des vedettes sans se préoccuper des scénarios ou de la teneur des dialogues.
Comment pourriez-vous parler de la pièce en quelques mots ?
Deux jeunes mariés viennent de s’installer ensemble, c’est le moment où il faut accepter l’autre. On se retrouve dans un univers rappelant Capra ou Lubitsch. La pièce est très vivante, ce n’est pas pour rien qu’elle est devenue rapidement un film interprété par Jane Fonda et Robert Redford !
La dernière fois qu'elle a été jouée...
C’était en 1963 à la Madeleine dans une mise en scène de Pierre Mondy avec Jean-Pierre Cassel, Mireille Darc, Michel Galabru, Rosy Varte.
Pourquoi l’avoir choisie ?
Après avoir réalisé plusieurs films, je souhaitais monter une comédie. J’ai trouvé celle-ci bien écrite, parlant de choses qui me touchent, avec un humour constant.
Votre parcours, comment le résumeriez-vous ?
Je suis né dans un quartier que j’ai jamais quitté, rue du Faubourg Montmartre, au moment où ma mère faisait la queue pour voir Au nom de la loi avec Steve McQueen, d’où mon prénom. À 15 ans, je bossais à Rungis et rêvais d’être acteur, sans pouvoir l’avouer à mes parents. J’ai fini par me présenter au cours Florent avec une scène du Parrain que je connaissais par cœur. Je portais un flingue pour me donner plus de consistance. Francis Huster et François Florent ont commencé à parler, ce que j’ai pris pour un manque de respect : j’ai sorti mon flingue et mis deux balles dans le parquet. J’ai décroché ma classe libre comme ça ! Avec Huster, nous sommes devenus copains, il m’a fait beaucoup travailler. J’ai fait une foule de téléfilms. L’Envol avec Isabelle Carré et Clément Sibony a été mon premier film. Aujourd’hui, j’ai ma propre boîte de production.
On est riche quand on est producteur ?
Non ou alors quand on a la chance de faire des films tout le temps. En tout cas, je n’ai pas de problèmes avec l’argent, j’aime en gagner pour réaliser mes projets. Jouer à la rentrer, c’est être privé de vacances ! Afin de présenter mes deux derniers films, j’ai sillonné une quinzaine de pays à chaque fois, pour moi, les vacances c’est ça !
Philippe Escalier - 18 août 2007