Source : Le cinéma d'Olivier - 11 décembre 2009
Philippe Noiret manque vraiment au cinéma français. Ce film, réalisé par Robert Enrico, sorti en 1975, sacré film préféré des Français, et ayant obtenu le premier César du meilleur film (en 1976, lors de la première cérémonie), est probablement son meilleur, ou un de ses meilleurs avec "Que La Fête Commence". Son nom ? "Le Vieux Fusil".
Philippe Noiret, Romy Schneider et Jean Bouise sont magistraux dans ce film dur et émouvant, prenant place pendant la seconde guerre mondiale, pendant l’Occupation, plus exactement en 1944.
La scène où Romy Schneider est tuée en se faisant incendier vivante est incroyable, marquante, troublante, choquante.
Rarement la cruauté nazie aura été aussi bien montrée, exception faite, bien sûr, des films et documentaires sur la Shoah (précisons qu’aucun des personnages du Vieux Fusil n’est de religion juive). Le film fait penser, surtout dans la scène de l’église transformée en charnier, à la tragédie du village d’Oradour-sur-Glane, entièrement dévasté et massacré par les nazis, vers la fin de la guerre.
"Le Vieux Fusil" peut-être vu comme un film de survie, de vengeance, une sorte de Justicier braque les nazis, sans faire de mauvaises allusions. Noiret est incroyable de sobriété et de conviction dans le rôle de ce médecin paisible et non-violent qui bascule dans la barbarie (il exécute les nazis avec un sang-froid réellement impressionnant), sans pour autant sombrer dans la folie. A ce titre, la scène finale est touchante et émouvante, en même temps que très forte : François (Bouise), dans la voiture avec Julien, lui dit que maintenant, c’est fini. Julien, sonné, fatigué, dit que oui, maintenant, c’est bien fini, et pour fêter ça, il invite François chez lui, afin de déjeuner, parlant de sa femme qui préparera un bon petit plat, de sa fille… avant de s’arrêter, brutalement, et de pleurer, se rendant compte réellement que sa femme et sa fille ne sont plus.
Comme s'il avait vengé sa famille en étant dans un état second, sans vraiment se rendre compte. Mais à la fin, une fois la vengeance finie, là, oui, il se rend vraiment compte de ce qui s’est produit. Et là, pour lui, ça fait mal.
Contenant un lot de scène d’une dureté incroyable (le film est toujours interdit aux moins de 12 ans, si je ne m’abuse), Le Vieux Fusil est assurément un chef d’œuvre total du cinéma français. Tout le monde peut se reconnaître dans le personnage campé par Noiret, jusqu’à se demander si, dans pareilles circonstances, on agirait de la même manière.
Impossible de jubiler en voyant Noiret flinguer, fracasser la tête d’un nazi contre un lavabo (scène dure), poignarder les envahisseurs. Impossible. En revanche, on comprend chacun de ses gestes, bien qu’il ne devienne, le temps de sa vengeance, qu’un assassin.
Mais il y a des gestes qui, en temps de guerre, deviennent réellement indispensables. Et puis, face à la barbarie nazie, que répondre, sinon par les détonations d’un vieux fusil ?
Servi par une musique exceptionnelle, ce film est une bombe émotionnelle (les personnages sont extrèmement attachants), un monument. A voir absolument, à revoir encore plus absolument.
Note : 20/20
By ClashDoherty