Source : France Inter - 20 avril 2018
En 1958, débute la fiction d'Affaires Sensibles, c’est aussi le début d’une folle passion amoureuse entre Romy Schneider et Alain Delon. Ils ont tous les deux marqué l’histoire du cinéma, film après film, séparation après réconciliation, rupture après folles retrouvailles, les deux amants deviennent mythiques...
Romy Schneider, la passion Delon (fiction)
Pour écoutez l'émission, c'est ici :
Une émission proposée par Christophe Barreyre
Écrite par Renaud Meyer
Réalisée par Sophie-Aude Picon
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Le samedi 29 mai 1982, à l’âge de 44 ans, Romy Schneider vient de mourir.
Alain Delon écrit pour elle cette dernière lettre. Une lettre d’adieu, une lettre d’amour. Parue dans Paris Match, une lettre d’une vraie émotion et d’une rare intensité, le 11 juin 1982 : « Je te regarde dormir. Je suis auprès de toi, à ton chevet. Tu es vêtue d’une longue tunique noire et rouge, brodée sur le corsage. Ce sont des fleurs je crois, mais je ne les regarde pas. Je te dis adieu, le plus long des adieux…
A cause de moi c’est à Paris que ton cœur, l’autre nuit, s’est arrêté de battre. A cause de moi parce que c’était il y a vingt ans et que j’avais été choisi pour être ton partenaire dans « Christine ». Tu arrivais de Vienne, et j’attendais, à Paris, avec un bouquet de fleurs dans les bras que je ne savais comment tenir… Je t’attendais avec mes fleurs comme un imbécile, mêlé à une horde de photographes. Et puis rien, pas de coup de foudre, non. Et puis je suis allé à Vienne où l’on tournait un film. Et là, je suis tombé amoureux fou de toi. Et tu es tombée amoureuse de moi….
Nous étions de la même race, nous parlions le même langage. Ils ne peuvent pas nous comprendre, les autres. Les comédiens oui. Les autres non. C’est inexplicable. Et quand on est une femme comme toi, ils ne peuvent pas comprendre qu’on peut mourir de ça. Ils disent que tu es un mythe. Bien sûr… … mais il rentre chez lui , le mythe le soir. Alors il n’est que Romy, rien qu’une femme, avec une vie mal comprise, mal reçue, mal écrite dans les journaux, assaillie et traquée… Vrai que tu voulais vivre, vrai pourtant que tu es arrivée au bout du tunnel samedi à l’aube… ».
Extrait du scénario : Scène 3.
Dans la grande salle du Théâtre de Paris. Romy est sur scène avec Delon, Visconti dans la salle au 5ème rang.
VISCONTI : Continue !
ROMY : Je n’en peux plus, Luchino.
VISCONTI : Tu es déjà fatiguée ?
ROMY : Je n’arrive pas à bouger dans cette robe.
VISCONTI : Toi, tu n’arrives pas à te déplacer avec une crinoline ? Après toutes celles que tu as portées au cinéma ?
ROMY : Je me sens idiote, je ne sais plus quoi faire de mes bras. Ils pendent le long du corps… J’étais mieux en pantalon.
VISCONTI : Cette robe doit t’aider à trouver ton personnage, Romina. Je veux voir Annabella, pas Romy Schneider. Allez ! Alain, ne bouge pas, reste où tu es.
ROMY : Je sais le faire, mais là…
VISCONTI : Quoi là ?
ROMY : J’ai l’impression d’être un bébé éléphant qui marche sur une scène de théâtre.
VISCONTI : Qu’est-ce que tu racontes !
ROMY : Je t’avais prévenu, Luchino. C’était une folie, ce projet. Vous auriez dû faire cette pièce tous les deux avec Alain. Sans moi. Une fille sans expérience, jouer une pièce anglaise, en français. C’est du suicide.
VISCONTI : Tu manques de courage, Romina ?
ROMY : Ce n’est pas une question de courage. L’exercice est trop compliqué.
VISCONTI : Et ta grand-mère, Romina ? La grande Rosa Albach ! A quatre-vingt-cinq ans, elle continue de monter sur scène. C’est pas compliqué pour elle ? Pense à ta grand-mère. Elle sera fière de toi. Le théâtre, tu as ça dans le sang. Allez !
ROMY, jouant : Mais mon frère, pour le présent, que comptes-tu faire pour conjurer le péril qui nous guette ? Pense à quelque moyen d’assurer notre salut. Je suis sûre que nos invités sont déjà là.
VISCONTI : Je ne t’entends pas !
ROMY, jouant : Je suis sûre que nos invités sont déjà là.
VISCONTI : Articule, Romina ! Ça ne passe pas la rampe. C’est une situation extrême. Il y a une tension anormale, ça doit révéler votre vérité humaine. Il y a un amour incestueux entre ce frère et cette sœur. Ça doit être dur, agressif. Je veux entendre ça dans ton articulation.
ROMY : Je ne vais pas tenir, Luchino.
VISCONTI : Joue !
ROMY : D’habitude, les vrais mouvements viennent tout seuls. Je sais faire ça, je maîtrise, mais là, ça m’échappe.
DELON : On peut attendre demain pour reprendre cette scène, si vous voulez.
VISCONTI : C’est moi qui décide ! Moi qui dicte !
ROMY : On ne peut pas faire juste une pause ? Je ne connais pas assez bien la scène.
VISCONTI : Tu feras ce que je te dis, et rien d’autre ! Si tu ne fais pas immédiatement cette scène avec Alain, tu ne la referas plus jamais. Tu pourras rentrer chez toi. Il y a une actrice qui connaît ton rôle par cœur, elle est prête à te remplacer. Je n’ai qu’un coup de fil à donner, elle est là demain !"
Invitée Isabelle Giordano
Journaliste, Isabelle Giordano a travaillé dans plusieurs médias, radiophoniques ou télévisés. Elle a également partagé son amour du 7ème art pendant plus de dix ans sur Canal + avec Le journal du cinéma. Elle prend la tête d'Unifrance Films en 2013 et fait la promotion du cinéma français sur la scène internationale. Elle est également l’auteure de plusieurs livres dont Romy Schneider, Film par Film édité chez Gallimard en octobre 2017.
Scénariste Renaud Meyer
Renaud Meyer, comédien, romancier, auteur dramatique, et metteur en scène.
Comédien, romancier, auteur dramatique, metteur en scène, Renaud Meyer aime les aventures éclectiques.
Comédien pour Daniel Mesguich et Jean-Michel Ribes, il a écrit 3 romans, dont Les deux morts de Hanna K. qu’il a ensuite adapté pour le théâtre.
Tout l’intéresse : les polars, les comédies sans compter les grands personnages historiques. On lui doit des Affaires sensibles sur Golda Meir, la philosophe Simone Weil, mais également des fictions (Gérard Philipe. Rendez-vous avec le Cid, Le jour où Federico rencontra Fellini, Louis Jouvet, l’odyssée sud-américaine, Montand Signoret la perte des illusions). C’est dans ce même élan qu’il a écrit pour le théâtre une pièce sur Zelda et Scott Fitzgerald (Zelda et Scott) qui a remporté un certain succès à Paris. Sa deuxième pièce a été créée en 2015 au théâtre Saint-Georges (Mes parents sont des enfants comme les autres).
Avec :
Aurélie Youlia : Romy Schneider
Irma Barry-Schmitt : Magda Schneider
François Tavares : Alain Delon
Andrea De Luca : Luchino Visconti
Alyzée Soudet : Annie Girardot
Frédéric Dimnet : Georges Beaume
Et les voix de : Xavier Brossard et Claudie Decultis
Bruitage : Sophie Bissantz
Prise de son, montage et mixage : Eric Boisset, Antoine Viossat
Assistante à la réalisation : Sophie Pierre
Réalisation : Sophie-Aude Picon
Chansons diffusées :
Dalida et Alain Delon, Paroles, paroles
Romy Schneider et Michel Piccoli, La chanson d'Hélène